Par Mahmoud HOSNI LE marathon des consultations et des rencontres avec les divers partis et les représentants des organisations nationales et de la société civile a été enfin couronné par la constitution du gouvernement d'union nationale tant attendu. Bref, Youssef Chahed a abattu de l'ouvrage et, de son quartier général à Dar Dhiafa, à Carthage, il n'a cessé de recevoir, de sonder, de proposer des portefeuilles, sans pour autant dévoiler les noms des ministres dont il avait commencé à établir la liste. C'est pratiquement une question tranchée. Dès lors que le chef du gouvernement semble faire à la fois preuve d'ardeur, de ténacité et de volonté de ne plier à aucun diktat... De ces discussions, s'est dégagée, en toile de fond, une attitude commune aux partis signataires de l'accord de Carthage : aucune prise de position claire, chacun se confine dans l'observation des autres partis dans la prudence pour ne pas se mouiller et, éventuellement, crier au scandale s'il n'a pas obtenu satisfaction dans les quotas partisans. Jusqu'ici, aucune position qui dénote la lucidité, la prise de conscience de l'urgence et de la délicatesse de la situation ne s'est dégagée. Un wait and see indécis pour déclarer forfait dans la nouvelle équipe et jouer le rôle de l'opposition farouche et acharnée. Un véritable tournis pour Youssef Chahed, d'autant que certaines parties, tout en ayant refusé de faire partie de l'équipe gouvernementale se sont donné le mot : elles jugeront le futur gouvernement selon ses prestations et son habileté à faire face aux défis aussi urgents que nombreux. Seulement, il y a un hic ! Ce gouvernement a, non seulement, un legs lourd à gérer, des crises aiguës à résoudre, mais fait surtout face à une rentrée sociale qui, selon les premiers indices, semble chaude, chaude... Les préavis de grève commencent à tomber comme les premières feuilles d'automne et l'agitation bourdonnante ne semble pas près de se taire. Au contraire, les syndicats fourbissent leurs armes et semblent sur le qui-vive et prêts à accorder juste un temps de répit au nouveau gouvernement avant d'annoncer grèves et sit-in. Décidément, Youssef Chahed ne s'attendrait pas à des lendemains qui chantent. Le gouvernement d'union nationale, s'il n'est pas réellement soudé, uni autour des objectifs prioritaires et de l'action à engager, pourrait vite voler en éclats et connaître de vives controverses. Loin d'être un cadeau sur un plateau d'argent, la mission confiée à Youssef Chahed est une véritable course contre la montre, voire une course d'obstacles semée d'embûches de toutes sortes. Mais on dit qu'un homme averti en vaut deux...