Al-Jomhouri exhorte Chahed à élargir le dialogue Le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, a affirmé hier que le groupe parlementaire du Front votera contre le gouvernement Youssef Chahed qu'il qualifie de «gouvernement de quotas politiques représentant Nida Tounès et Ennahdha». «La composition du nouveau cabinet a été agrémentée par certaines figures politiques et syndicales», a-t-il déclaré au cours d'un point de presse tenu au siège du Front à l'issue d'une réunion de son conseil central. Au vu de sa composition, le nouveau cabinet ministériel sera un prolongement du gouvernement Essid et sera soumis au lobbying local et aux diktats des institutions financières internationales qui sont de nature à aggraver la crise financière et sociale dans le pays, a estimé Hamma Hammami. Et d'ajouter que la composition du gouvernement annoncé «dévoile en grande partie un cabinet de complaisance dans lequel plusieurs ministres n'ont aucun lien avec les dossiers à traiter», relevant «un conflit d'intérêts» concernant plusieurs noms proposés dans le nouveau gouvernement entre leurs responsabilités et les ministères qui leur ont été confiés. Il a cité en exemple le portefeuille de l'investissement et de la coopération internationale confié à une personne «liée aux institutions financières», s'interrogeant également sur la relation du secrétaire général d'Ennahdha, Zied Ladhari, avec le secteur du commerce et de l'industrie. Certains secrétaires d'Etat proposés ont des liens étroits avec les gendres du président déchu, a-t-il encore avancé. «Dire que les jeunes et les femmes sont représentés dans le nouveau cabinet est un leurre. Ce ne sont que d'anciens rcdistes sans aucune compétence et dont certains font l'objet de soupçons de corruption», a-t-il laissé entendre. Le nouveau cabinet n'est pas un gouvernement d'union nationale. Il ne va pas appliquer une politique d'austérité, ni lutter contre la corruption et le terrorisme, a soutenu Hamma Hammami, relevant le fait que dix ministres dans le cabinet Essid ont été maintenus. Le peuple tunisien aura à évaluer son rendement dans le traitement des dossiers sensibles, notamment les questions de pénurie d'eau, la corruption, l'évasion fiscale, les martyrs et les assassinats, a-t-il dit. Les partis de l'opposition qui ont accepté de rejoindre le gouvernement Chahed ne comptent plus parmi les amis du Front et ne font plus partie des rangs de l'opposition dès lors qu'ils sont entrés dans la coalition au gouvernement et vont appliquer ses choix et ses orientations politiques, a lâché Hamma Hammami. De son côté, le parti Al-Joumhouri a appelé hier le chef du gouvernement désigné, Youssef Chahed, à élargir le dialogue et les concertations afin de mobiliser le soutien au gouvernement d'union nationale loin de la politique du fait accompli et de lui garantir les attributs de réussite. Réuni hier, le bureau exécutif d'Al-Joumhouri, a réaffirmé dans un communiqué son adhésion à l'initiative du gouvernent d'union nationale et à la formation d'un cabinet solide capable de relever les défis auxquels est confronté le pays et de mettre en œuvre les priorités définies par le document de Carthage. Le parti s'est, toutefois, dit «surpris de voir la composition du gouvernement Chahed annoncée avant même le parachèvement des concertations avec les partis démocrates progressistes signataires du document de Carthage». Al-Joumhouri a indiqué avoir décidé de dépêcher une délégation de dirigeants du parti pour transmettre ses propositions au chef du gouvernement désigné. Pour rappel, Al-Joumhouri avait émis des réserves quant à la deuxième phase du dialogue national lors d'une conférence de presse conjointe avec Al-Massar et le mouvement Echaab et annoncé leur retrait des concertations, en réaction à «l'abus de prérogatives par le président de la République». A noter que le cabinet ministériel annoncé par Chahed inclut des dirigeants d'Al-Joumhouri et d'Al-Massar, tandis que le mouvement Echaab affirme qu'il n'est pas représenté dans le nouveau gouvernement et qu'il n'a aucune relation avec ses membres.