A 48 heures de la séance plénière au cours de laquelle il va solliciter la confiance des députés, Youssef Chahed essaye de vaincre toutes les réticences Comme l'on s'y attendait dès les premières heures du dévoilement de la nouvelle équipe ministérielle, Youssef Chahed, le chef du gouvernement d'union nationale, s'est trouvé dans l'obligation d'entamer un nouveau cycle de négociations aussi bien avec les mécontents parmi les partis qui n'ont pas arraché les ministères qu'ils attendaient qu'avec les ministres désignés, plus particulièrement ceux que beaucoup voudraient voir Youssef Chahed écarter de son équipe. Lundi 22 août, Youssef Chahed a eu une série de discussions avec les ministres désignés, dont en particulier Majdouline Cherni, Mohamed Zine El Abidine, Abid Briki et Samir Taïeb — les ministres dont la désignation a suscité un grand débat. Et comme à l'accoutumée, le communiqué diffusé par le service communication de la présidence du gouvernement n'a fourni aucune information sur le contenu de la rencontre. Les stratèges de la communication au palais Dhiafa semblent avoir choisi de laisser la porte ouverte à toutes les interprétations possibles et aussi aux partis politiques ou personnalités concernés de communiquer à leur guise. Le résultat ne s'est pas fait attendre. Et les ministres dans la tourmente se sont trouvés obligés de répondre eux-mêmes aux rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux réfutant leur décision de démissionner avant que Youssef Chahed ne leur demande de se retirer. Ainsi, Majdouline Cherni, nommée ministre de la Jeunesse et des Sports, précise-t-elle qu'elle n'a pas démissionné de son poste, alors que Mehdi Ben Gharbia, nommé ministre chargé des Relations avec les organisations de la société civile, refuse de commenter la position d'Afek Tounès qui refuse sa présence au sein du gouvernement. Du côté de l'Union patriotique libre (UPL), présidée par Slim Riahi, c'est toujours le même discours. Tarek Ftaïti, chef du groupe parlementaire du parti, laisse entendre dans une interview accordée, hier, à Mosaïque FM que son parti pourrait rejoindre le gouvernement Chahed mais «à condition qu'il nous indique le ministère qu'il nous réserve et que c'est le parti qui choisit la personnalité qui va occuper le ministère en question». Il ajoute une autre condition : «Les ministres qui ont suscité la polémique doivent se retirer. En tout état de cause, le bureau politique du parti se réunira dans les prochaines heures (hier à 18h00) pour prendre la décision qu'il faut, à la lumière de l'évolution de la situation». Nida Tounès : la division perdure Au sein de Nida Tounès, il existe deux positions qu'on exprime quotidiennement. La première est soutenue par Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif, qui déclare : «Les nidaïstes devraient agir en rangs serrés et même s'il y a des mécontents, ils sont appelés à faire prévaloir l'intérêt de la nation sur leurs propres ambitions. La séance du vote de confiance verra les députés nidaïstes mettre en avant l'intérêt du pays et accorder leur aval à Youssef Chahed et son équipe». Dans le même ordre d'idées, Ons Hattab, députée nidaïste proche de la faction Hafedh Caïd Essebsi, assure que «la démission des 19 députés mécontents est une fausse affaire. Jusqu'à aujourd'hui (hier), nous n'avons reçu aucune demande de démission». Le deuxième son de cloche au sein de Nida Tounès, c'est Soufiène Toubal du groupe parlementaire qui l'exprime. Hier, il a déclaré que le groupe parlementaire qui a rencontré Youssef Chahed «a décidé de reporter sa réunion prévue, hier, à une date ultérieure en attendant ce qui sortira des rencontres que tient le chef du gouvernement avec les protagonistes du paysage politique national». La lutte contre la corruption est l'affaire de l'Instance Parallèlement à ses tentatives de satisfaire les frondeurs ou au moins de les isoler momentanément, Youssef Chahed continue à préparer son passage au Palais de La Kasbah. Hier, il a convenu avec Habib Essid, le chef du gouvernement des affaires courantes, sur les modalités de la passation des pouvoirs entre les deux hommes, une fois la confiance du Parlement obtenue. Il a également rencontré les secrétaires d'Etat qu'il vient de choisir». Et en attendant que Abid Briki soit confirmé dans son poste de ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance ou remercié, la lutte contre la corruption est désormais exclusivement confiée à Me Chaouki Tabib, président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption. «C'est une sage décision de la part du chef du gouvernement, confie à la presse Me Tabib. La lutte contre la corruption est l'affaire de la justice, de la société civile et des médias. Il ajoute : «Il faut que les réseaux de contrôle soient dotés des prérogatives qu'il faut et aussi des ressources humaines et de la logistique requises pour qu'ils puissent accomplir leur mission».