Passer des larmes de tristesse aux larmes de joie, le Club Africain ne pense qu'à ça. Brandir le trophée samedi soir donnerait un autre éclat au piètre exercice du CA. Mais il n'y a pas que cela. Les motivations clubistes pour battre le frère intime «Sang et Or» sont en réalité plus profondes. Bref, battre l'Espérance, les hommes de Kais Yâakoubi n'ont que cette formule à la bouche depuis quelques jours. Ils voient dans cette finale une lueur. Le bout du tunnel. L'épilogue heureux d'une saison chaotique, entamée par des coups de théâtre et bouclée à une indigente sixième place en championnat. Tout ça, y compris la relation glaciale entre la direction et les supporters qui semble avoir été gommée récemment. Pour le CA, la donne est claire: le tour de magie dépend d'un tour de force. Car outre d'autres sources de motivation, dont certaines sont symboliques et nettement plus terre à terre, il s'agit d'en découdre avec l'EST pour la suprématie, trancher et prendre sa revanche. On se rappelle ainsi que, dans un passé proche, l'album photos a bien jauni avec deux camouflets successifs infligés par l'EST. Quatre buts encaissés sur deux derbies face à l'Espérance ont sonné comme le marqueur d'un festival offensif face à un CA volontaire mais inconsistant. D'ailleurs, depuis, le club de Bab Jedid court désespérément après un retour à la cohésion et à la sérénité. Et ce manque a commencé furieusement à se faire sentir jusqu'à la qualification en finale de la Coupe de Tunisie. Cette Coupe qui fuit le CA depuis des années. Après 16 ans d'attente, il est grand temps de combler le fossé. Un compte à solder On n'avancera pas beaucoup en suggérant que les Clubistes ambitionnent de briser volontiers l'hégémonie de l'EST. Une Espérance en quête de sa quinzième Coupe de Tunisie. Voilà pour la vision à moyen terme. Mais le CA a aussi de la mémoire. Il n'a rien oublié de la finale de 2006. Il n'a pas évacué cette frappe improbable de Idriss Mhirsi lors du derby aller de la saison écoulée. Ni encore moins la reprise foudroyante de Chamsedinne Dhaouadi lors du retour de la même saison. Quelques mois plus tard, la finale 2016 fleure bon la revanche. Mais pas que ça. Il y sera aussi question de suprématie entre les deux plus grands ennemis du football tunisien. Cependant, lors des quatre dernières confrontations en finale entre les deux équipes, et à force de rater le coche, le CA a vu l'EST lui faire de l'ombre et le surclasser au palmarès de la Coupe de Tunisie. C'est dire l'importance du rendez-vous pour Kais Yâakoubi, un technicien enrôlé non pas pour jouer les pompiers de service mais pour restructurer le groupe. Un groupe qui a enregistré les départs de Nater, Dhaouadi, Belaid, Touzghar, Nouioui et Mikari (excusez du peu). En contrepartie, Jacques Bessan, Fakhreddine Jaziri et l'Algérien Belkhiter ont été enrôlés; sans oublier le repêchage de Farouk Ben Mustapha et un Wissem Ben Yahia qui a retrouvé un statut de titulaire. On y ajoute le retour de blessure de Agrebi, un Oueslati taille patron, la montée en régime de Haddedi et une meilleure implication de Bilel Ifa. Et nous voilà en présence d'un groupe perfectible appelé à devenir homogène au fil du temps. Et, qui sait, peut-être que Dame Coupe sourira à un CA qui veut passer des larmes de tristesse aux larmes de joie.