Pour colmater les brèches et remédier aux écarts de forme, le staff de Yaâcoubi est condamné à jouer les équilibristes. Seize ans de disette, cela suffit ! Grand spécialiste de la coupe au tournant des années 1960-70, l'âge d'or où il fut porté aux sommets par le tandem Chaïbi-Attouga, deux légendes dont les initiales donnent... CA tout court, le Club de Bab Jedid veut renouer avec le sacre dans une épreuve qui lui tient particulièrement à cœur et dont il fut longtemps le recordman. A l'ère du professionnalisme sauvage où les joueurs changent de club comme on change de chemise, il y a cet été comme un retour aux sources. Un besoin d'identification par l'entremise du mentor appelé à driver une telle opération-commando propre à Dame Coupe dans la «guerre-éclair» de cet été avec les trois derniers tours bouclés en une douzaine de jours. Le coach Kaïs Yaâkoubi joue sur les ressorts psychologiques davantage que sur ceux techniques dans cette phase précompétitive. Dans l'euphorie de la qualification au forceps pour la finale, tout au bout d'un suspense crispant enveloppant la séance des tirs au but, à La Marsa, il vilipendait l'attitude présomptueuse des siens. «Nous l'avons échappé belle car nous avons manqué d'humilité. Cela doit nous servir de leçon d'autant que ce ne sera pas le même contexte en finale», a-t-il observé. Un derby est naturellement source de motivation. A fortiori, lorsqu'un trophée se trouve tout au bout. Les fans «rouge et blanc» peuvent compter sur la thérapie Yaâcoubi pour retrouver chez leurs favoris l'esprit de conquête de jadis. De ce côté-là, le discours de l'ancien avant-centre clubiste ne peut qu'être efficace. Le poids de Srarfi Il reste à peaufiner les détails techniques (bloc bas, moyen ou haut, exploitation judicieuse des balles arrêtées, couper les liaisons entre Bguir et Chaâlali, d'un côté, et Khenissi, de l'autre...). Et à arrêter la meilleure formation possible compte tenu non seulement de la stratégie mise en place, mais également de l'état de forme des joueurs et de leurs aptitudes physiques. Sabeur Khelifa, Ahmed Khelil et Fakhreddine Jaziri ont dû surmonter leurs petits bobos de la demi-finale du «Chtioui», bénéficiant de soins particuliers. Par ailleurs, plusieurs joueurs ne semblent pas actuellement au mieux de leur forme, et cela n'étonne guère s'agissant d'une phase d'intersaison où l'effectif sort à peine d'une lourde charge de travail. C'est le cas, par exemple, d'un Fakhreddine Jaziri, d'un Abdelkader Oueslati ou encore d'un Hamza Agrebi, de retour d'une longue blessure et qui ne peut, par conséquent, être de suite au top. Même s'il ne faut pas oublier les actions décisives dont il fut l'auteur aussi bien contre l'ES Métlaoui (passe décisive sur le premier but de Khelifa) que contre La Marsa quand il se trouva derrière le penalty raté par Khelifa, le staff de Yaâcoubi doit pour ainsi dire jouer les funambules afin de tirer la quintessence du onze qu'il va aligner demain à Radès. Le legs de la saison dernière est tel qu'il faut vraiment du temps et de la patience pour espérer aligner un onze équilibré, rodé et hautement performant. Soit à l'opposé de son rival «sang et or» qui possède un avantage certain de ce côté-là. Il n'y a plus vraiment d'effet de surprise tellement les deux frères ennemis tunisois se connaissent parfaitement. Huis clos ou pas, les entraînements du club de Bab Jedid cachent-ils au fond un élément inconnu? En tout cas, la grande nouveauté s'appelle la titularisation du feu-follet Bassem Srarfi, l'élément qui peut donner le meilleur apport au niveau de la profondeur et de la percussion offensive, la sortie de La Marsa a d'ailleurs montré d'une certaine façon tout ce qui peut manquer à l'effectif «rouge et blanc» quand l'ancien Stadiste n'est pas là. Les attaquants Khelifa et Bessan ne peuvent d'ailleurs que se réjouir de sa titularisation. A priori, Yaâcoubi devrait aligner demain la formation suivante : Ben Mustapha-Agrebi, Haddedi, El Ifa, Jaziri-Khelil, Yahia, Oueslati, Srarfi-Khelifa, Bessan. Un onze qui a fière allure.