L'impératif d'aller au-delà de ce qui est permis entraîne nécessairement des obligations dans les performances. Le coup d'envoi de la finale entre le CA et l'EST a bel et bien commencé tout juste après les demi-finales qui ont vu les deux équipes s'imposer respectivement contre l'Avenir Sportif de La Marsa et le Stade Gabésien. A coups de phrases bien senties qui alimentent les discussions, les pronostics et les avis, le match se joue avant l'heure. On montre son moral de vainqueur, on laisse croire qu'on ne craint rien. Mais on n'oublie pas de replacer l'affaire sur un terrain plus rationnel, celui du match qui débutera réellement samedi à 17h00. Et finalement pas avant. Les vainqueurs vont, les vainqueurs arrivent et la passion de la finale continue à jamais. L'engouement, la compétence, la passion, la volonté, la mémoire y sont forts, plus qu'ailleurs, et jamais en rupture de stock. Les joueurs, les entraîneurs, mais aussi le grand public qui sont passés par là connaissent le secret qui permet d'être et d'avoir été. On le sait déjà, la finale de la Coupe de Tunisie est à la fois une épreuve éprouvante et passionnante. Constamment attendus, les joueurs ont toujours besoin de démontrer leur vraie valeur. Il n'ont d'autre choix que le devoir de performance. Le surpassement et la générosité dans le rendement. Ici et là, ils sont confrontés à une perpétuelle remise en question. Une conscience au quotidien. Tout cela a fini par se développer et prendre forme au sein des différentes épreuves par lesquelles ils sont passés. Au fait, ce n'est, après tout, qu'un mouvement de balancier de l'histoire. L'impératif d'aller au-delà de ce qui est permis entraîne nécessairement des obligations dans les performances. Un levier pour le football tunisien Le palmarès des deux équipes parle de lui-même. C'est le vieux rêve des joueurs et de ces personnalités sportives qui ont marqué l'histoire des deux plus grands clubs de la capitale: se démarquer des choses ordinaires. Ils étaient les premiers à comprendre que le progrès réside non seulement dans les réformes techniques, mais aussi dans la révolution des esprits. Aujourd'hui, la vérité qu'on se raconte sur les palmarès des deux équipes et celle du terrain, ça fait une. On ne gagne pas pour le simple fait de gagner. Mais aussi pour adopter un certain nombre de valeurs. Tout ce qui est lié aux prédispositions naturelles des joueurs et de tout l'environnement sportif. Plus que jamais, on se voit en amoureux du football, du spectacle, et surtout du style et de l'environnement qui vont avec. D'une finale à l'autre, Clubistes et Espérantistes sont amenés à exprimer ou à penser à des choses qu'ils n'osaient pas auparavant. Tout ce qui s'accomplit à l'occasion peut servir de levier pour tout le football tunisien. Les principes de base subsistent, les certitudes de toujours impriment une personnalité, un style, un mode de comportement. Vainqueur ou perdant, on ne manque pas à chaque fois d'accéder à un palier supérieur. Le CA et l'EST ont su, chacun à sa manière, bâtir leur destin, bousculant sans cesse leurs limites, pour extraire le meilleur d'eux-mêmes, obsédés par le moindre détail, assoiffés de progression et de victoires. Cette trajectoire ascendante ne peut aujourd'hui que susciter une réelle prise de conscience et entraîner une mobilisation de tous les instants. Un finaliste ne peut qu'aimer le jeu dans sa globalité. Le jeu court et ras de sol, ou le jeu long. Il doit aussi évaluer la situation le plus vite possible. Un peu «caméléon» et ne jamais offrir le même profil. Aujourd'hui, les joueurs de l'EST et du CA avancent résolument dans le parcours qu'ils ont tracé et bousculent au besoin l'ordre établi, à la vitesse de sportifs pressés justement de réussir. Cela témoigne d'une personnalité affirmée et d'un caractère bien trempé. Pour détenir cette volonté, il faut en avoir envie et savoir aller au-delà de soi-même, sportivement et athlétiquement s'entend. Mais cela donne aussi le devoir de se comporter dignement, même après avoir fauté. Le jeu, la victoire, la performance ne relèvent pas seulement des bons sentiments, ce sont des notions exigeantes, combatives, qui obligent chaque fois les prétendants à la consécration finale à redistribuer les cartes, en fonction certainement de l'adversaire, mais aussi du contexte et de l'enjeu. Dans l'absolu, les règles d'une finale restent cependant les mêmes. Encore et toujours des promesses et des manœuvres. Et voilà deux adversaires recomposés, qui sont dans l'obligation de faire le pari de jouer, d'attaquer. De ne pas vivre sur un statut ordinaire. De ne pas ‘'s'attendre'' pour pouvoir réagir. De ne pas trop se « respecter ». Mais aussi de ne pas, non plus, jouer pour jouer. Plutôt, jouer pour gagner. Ce qui paraît encore plus certain, c'est qu'on sent déjà les vestiaires, les gradins et tout le stade de Radès revivre et respirer le vrai football. Le programme Finale de la Coupe de Tunisie: CA-EST (17h00) à Radès en présence de 30.000 spectateurs. Arbitre: Haithem Guirat, secondé par Saâd Marouane et Abdallah Hassan. Quatrième arbitre: Sadok Selmi.