Par Mahmoud HOSNI YOUSSEF Chahed, le plus jeune chef de gouvernement de la Tunisie indépendante, a réussi son test, vendredi dernier, à l'ARP. Mais réussira-t-il vraiment à franchir le Rubicon des défis multiples qui l'attendent? Il est vrai que le chef du gouvernement jouit d'atouts importants. Il a pour lui la fougue de la jeunesse, celle qui lui permet de travailler beaucoup, de s'investir et de faire preuve de don de soi pour tenter de sortir le pays de l'ornière. Il jouit aussi de cette clairvoyance de la complexité des problèmes qui interpellent une action rapide et efficace. L'autre atout non moins important est la clarté du langage : avec des mots simples, Chahed a tenu un discours à la fois sincère et clair, pour dresser un tableau de la situation et, par voie de conséquence, les solutions et les actions qui s'imposent. Un discours qui n'a pas laissé les Tunisiens indifférents, même les plus blasés parmi ceux qui ont fini par ne plus croire aux promesses des gouvernements qui se sont succédé. Première onde de choc, c'est celle des députés dont certains blocs parlementaires ont adressé une demande à l'ARP pour interrompre les vacances et se mettre au travail en examinant les projets de loi qui sommeillent toujours dans les tiroirs et de mettre en veilleuse leurs querelles byzantines... Est-ce pourtant l'annonce que la Tunisie va se remettre effectivement au travail pour remonter la pente dangereuse et de plus en plus glissante de la déconfiture financière et économique surtout ? Car, jusqu'ici, l'on est demeuré aux déclarations d'intention, aux promesses non tenues, voire à la situation du laisser-faire, laisser-pourrir. Aujourd'hui plus que jamais, il s'agit de donner l'impression que la Tunisie bouge, franchit le seuil de l'attentisme et de l'expectative. A chacun d'assumer ses responsabilités et de s'assumer pleinement en cette étape cruciale et décisive. Chaque Tunisien, à quelque tâche et à quelque poste de responsabilité qu'il assume, est en devoir de s'acquitter de son travail. Et si aujourd'hui, à la longue liste des défis vient s'ajouter celle de la sécheresse, il nous incombe tous de faire preuve de citoyenneté et de sens de la responsabilité. L'heure est vraiment grave et une véritable introspection nous permettra de définir notre responsabilité et notre rôle dans cette œuvre titanesque. Et si, en premier lieu, c'est le nouveau gouvernement qui doit non seulement donner l'exemple, mais servir de véritable locomotive dans l'œuvre de développement, le rôle des partis politiques, de l'ARP, de la société civile et des citoyens n'est pas de moindre importance. Il s'agit donc pour le nouveau gouvernement et pour tous les partenaires concernés de prendre le taureau par les cornes, d'affronter courageusement et lucidement les problèmes par ordre de priorité. A l'exemple de ceux de la Compagnie des phosphates Gafsa et de Petrofac. Une immobilisation qui coûte à un Etat surendetté des milliards de dinars. Quel gâchis ! Il s'agit aussi de la lutte contre la corruption qui, comme un cancer généralisé, a touché tout le corps sociétal, de la contrebande, nourricière du terrain et qui engraisse ses caïds, au détriment de l'Etat et de la communauté nationale, mais surtout du terrorisme qui plane sur nos têtes telle une épée de Damoclès. Seule ombre au tableau, c'est cette mosaïque de partis qui jouent le «front du refus», qui votent toujours» niet ou à la limite s'abstiennent, refusant tout apport et toute contribution à l'édifice à la fois démocratique, social et économique, se contentant d'être contestataires et de tout remettre en question. Une attitude qui coûte beaucoup en crédibilité, rapporte peu en efficacité et risque de coûter en popularité.