La différence entre les deux finalistes de la coupe 2015-2016 a été plus nette que prévu, ce qui a rendu le verdict indiscutable... En prenant le milieu de terrain et en remportant la quasi-totalité des duels, l'Espérance Sportive de Tunis a pris d'une main de fer les rênes de la finale de la coupe de Tunisie. Avant-hier à Radès, il n'y a pas eu photo, le club de Bab Jedid paraissant se ressentir des efforts fournis dans les prolongations de la demi-finale de La Marsa quand bien même celle-ci remonte à une semaine et que l'on peut raisonnablement croire que les délais de récupération sont largement suffisants. Toutefois, dans la configuration de ce CA en reconstruction, et de cette phase précompétitive, il ne fallait pas demander l'impossible à un club qui a joué la saison précédente à un certain moment pour éviter la relégation. «Il ne faut pas oublier d'où nous venons, insiste l'entraîneur adjoint, Lotfi Rouissi. Nous avons tenté de donner le maximum, mais on a raté notre match». Il faut dire que les latéraux clubistes ont constitué le talon d'Achille, Haddadi se faisant déborder régulièrement par ses vis-à-vis, et offrant des boulevards dans son dos, alors que Agrebi parut battu dans la course et à cours de compétition, ne terminant d'ailleurs pas la partie. Malgré un Jaziri vigilant, l'arrière-garde clubiste a bu le calice jusqu'à la lie. Mal protégée par la paire Khelil-Yahia qui parut au bout du rouleau, peinant à assurer les seules tâches défensives, car elle eut avant-hier vraiment du boulot à abattre, cette arrière-garde fut coupée comme du beurre sous les coups de boutoir de Beguir et Khenissi.. «On est passé à côté, admettait fataliste Imed Meniaoui dont la frustration était double. En effet, en plus d'un trophée qu'il voit s'évanouir, il passa la rencontre sur le banc des remplaçants au profit d'un Jacques Bessan transparent et d'aucun secours. Nous n'avons pas su gagner les duels, et cela s'était fait payer cash. C'est un match à oublier. Maintenant, il s'agit pour nous de construire une équipe pour l'avenir». Dans l'entourage du club, on veut prendre avec philosophie cette énième défaite face au frère ennemi tunisois en finale de coupe. Et rappeler l'important acquis consistant en une qualification pour la coupe de la CAF, apportée par ce dernier rush de Dame coupe. Fair-play, le clan «rouge et blanc» ne trouve ainsi rien à redire à la victoire espérantiste tellement la supériorité des copains de l'excellent Ghaylène Chaâlali était manifeste. On regrette tout de même le départ de Aboubacar Diarra et de Tijani Belaïd, le manque de compétition de Oueslati et la non-qualification de Belkhither qui aurait pu constituer une solution sur le flanc de la défense. «Un message très fort» Côté «sang et or», le triomphe vient récompenser le gros investissement de l'intersaison. Le club de Bab Souika a écrasé la concurrence au marché des transferts. Samedi, les deux nouvelles recrues Ferjani Sassi et Anis Badri ont largement apporté leur pierre à l'édifice. «Un premier match et déjà un premier trophée avec mon nouveau club, c'est vraiment magnifique, s'extasie Badri. J'ai dû purger deux matches de suspension remontant à la fin de la saison dernière avec mon club belge de Mouscron. Je suis impressionné par l'ambiance dans laquelle s'est déroulée cette finale avec un public formidable. Avec de tels supporters, on peut aller très loin». «Nous avons dû remporter nos trois derniers matches de coupe à l'extérieur, puisque le CA était ce samedi le club recevant, observe radieux le keeper international Moëz Ben Cherifia qui n'eut presque rien à faire dans cette finale. Nous avons allié résultat et manière. On ne pouvait pas mieux faire». Pourtant, l'homme le plus heureux avant-hier à Radès, au-delà du président Hamdi Meddeb que l'on a vu dans les vestiaires se livrer à une longue séance-photos avec les dirigeants et grandes figures du club, c'est sans doute Ammar Souayah, contesté tout au long de la dernière saison par une large frange des supporters qui trouvaient ses choix frileux et défensivistes. «Le derby a tenu ses promesses, estime-t-il. Nous avons obtenu une victoire méritée. Nous étions concentrés aussi bien en phase défensive qu'offensive. Ce qui a fait la différence ? L'envie, l'ambition et une plus grande concentration. Nous avons emmagasiné énormément de confiance après nos victoires à Sousse et à Gabès. Lors de ces sorties, nous avons trouvé repères et rythme. Ajoutez-y la concentration et la stabilité technique et administrative.» Souayah révèle qu'à la mi-temps, il a invité ses hommes à ne pas succomber à l'autosatisfaction et au relâchement. «La leçon de notre sortie à Sousse a porté : nous y avons remédié à nos lacunes après une première période très difficile. Pourtant, contre l'ESS, au départ, nous n'étions pas favoris», explique l'expérimenté coach, vainqueur samedi de la deuxième coupe de Tunisie de son histoire après celle de 2001 avec le CS Hammam-Lif. Evoquant enfin la première apparition d'Anis Badri, il trouve que «ce test a été concluant pour lui. Pourtant, ce n'était pas tellement évident. Il a su nous apporter les solutions quand il fallait». Fin stratège, Souayah regarde vers l'avenir : «Il y a vraiment du solide sur lequel nous pourrions construire en vue de la prochaine saison, se réjouit-il. C'est un message très fort qu'ont lancé ce samedi mes joueurs. Nous sommes sur la bonne voie. Cela doit nous donner une motivation supplémentaire pour défendre nos chances car le destin d'un aussi grand club est de jouer constamment pour les titres. Tous ses membres doivent être habitués à la forte pression qui fait partie de son quotidien. Cela va sans doute nous servir également en Ligue des champions». Enfin, comment terminer sans regretter les sempiternelles scènes de saccage des tribunes de l'enceinte radésienne et de dépravation des biens publics en dehors du stade. Et attirer l'attention sur la confusion qui a régné tout au long de la dernière demi-heure du match au niveau de la main courante, et ensuite lors de la cérémonie de remise du trophée. Inacceptable !