L'événement continue sous l'appellation « La tente internationale Adnen Meddeb de l'image et de l'expression artistique ». On s'était réjoui du retour de «La tente estivale de l'expression artistique», après huit années d'absence. Ceux qui ont assisté à ses trois premières éditions, en 2006, 2007 et 2008 sur la plage de Hammam Laghzez, ont été témoins de l'espace de liberté qu'elle a pu offrir pendant ces quelques jours, pour une jeunesse qui étouffait sous le régime de Ben Ali. Cinéma et musique étaient au rendez-vous, avec un propos qui n'était pas le bienvenu pour les autorités locales. On a encore le souvenir d'une Badiaa Bouhrizi chantant « Hafnaoui Maghzaoui » pour rendre hommage à la première victime tombée sous les balles de la police lors de la révolte du Bassin minier en 2008. En 2016, il y a encore des choses à dire, d'où le thème qui a été choisi cette année : « Droits de l'homme et lutte contre toutes les formes de discrimination », avec des projections, des concerts et des ateliers. L'événement était bien parti et s'annonçait du 23 au 27 août, et voilà que l'on est endeuillé par le départ soudain de l'un de ses co-organisateurs le soir du 25 août : le jeune cinéaste et militant Adnen Meddeb, des suites d'une crise cardiaque. Il était sur la scène de La tente estivale, en train de veiller aux derniers préparatifs avant les projections quand il a succombé. «Il était en train de régler l'affichage de l'image. La dernière chose qu'il a dite est : «Maintenant, on est dans le bon axe».alors écoutez son message et restez toujours dans l'axe», a déclaré, ému, son frère Marouen Meddeb, également cinéaste et co-fondateur de La tente estivale. C'était vendredi dernier sur scène à la plage de Hammam Laghzez, au lendemain de l'enterrement du regretté Adnen. Sa famille a courageusement décidé de poursuivre l'événement qui portera dorénavant le nom de «La tente internationale Adnen Meddeb de l'image et de l'expression artistique». Poursuivre le rêve Adnen Meddeb mérite un tel hommage et que l'on poursuive son rêve. Comment en effet ne pas être touché par le triste départ de ce jeune plein de vie, du passionné d'images et du militant acharné qu'il était ? Et son sourire perché comme un soleil rayonnant restera gravé dans les esprits de ceux qui l'ont connu. Certains ont perdu un frère, d'autres un ami de longue date ou un amoureux, la Tunisie a perdu l'un de ses enfants qui œuvrent pour faire la différence et agissent pour changer les choses. Tous ceux qui l'ont connu lui ont rendu un vibrant hommage, en partageant un souvenir, un texte qui lui est dédié, ou une chanson écrite à sa mémoire. Son enterrement a drainé des jeunes de tout le pays. Hommes et femmes, côte à côte, l'on accompagné à sa dernière demeure. Mais la meilleure manière de lui rendre hommage est de continuer après lui et de célébrer la vie. C'est ce que sa famille a fait les 26 et 27 août avec deux soirées d'hommage en films et en musique. Vendredi soir, malgré la difficile reprise au lendemain de l'enterrement, tous les présents se sont déployés pour remettre l'événement sur pied. «Désormais, tout est à réinventer pour cet événement. Celui qui nous guidait est parti et nous apprenons à continuer après lui», a ajouté Marouen Meddeb. Après des mots d'hommage d'amis de Adnen, son court-métrage, produit au sein de la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs en 2013, «On The road», a été projeté, suivi de films d'autres membres de la fédération, et amis de Adnen, et d'une sélection de films venus du Karama film festival, un festival tenu en Jordanie et dédié aux droits de l'homme. La deuxième partie était musicale, avec un invité venu de France, le chanteur Julien Heurtebise, également joueur de guitare-harpe, qui a offert au public un programme de circonstance, entre son propre répertoire et des titres de Jean Ferrat, et le rappeur tunisien Malek Khemiri et son groupe Armada Bizerta. Les cœurs un peu lourds se sont allégés en fin de soirée autour d'un feu de camp, évoquant entre rires et larmes le souvenir de Adnen Meddeb, dont l'âme devait flotter quelque part parmi les étoiles qui décoraient le ciel de Hammam Leghzez, veillant peut-être sur les lieux. Adieu Adnen, tu nous lègues ton rêve comme tu nous as souvent entourés de ta joie de vivre. Ton départ nous apprend qu'il faut continuer le combat et ne jamais prendre rien ni personne pour acquis.