Malgré une scène très glissante et risquée, l'humoriste a réussi à tenir debout et retenir le public jusqu'au bout. Particulier, le spectacle d'Anthony Kavanagh dimanche soir à Hammamet dans le cadre du festival Juste pour rire dans sa première édition en Tunisie. Particulier parce qu'il a choisi une sorte de narration non pas bourrée de vannes où on éclate de rire à tout bout de champ mais pleine de petites histoires vraies vécues par l'artiste lui-même. Même si les vannes étaient rares, il y avait beaucoup de sincérité dans cette autobiographie bien mise en scène et qui a attaché le public du début jusqu'à la fin. Un public venu en grand nombre et qui ne connaissait de Kavanagh que l'homme de spectacle peut-être mais qui a prêté l'oreille à ces histoires pleines de bonhomie. En tournant le dos au public, l'humoriste s'imagine qu'il est mort et qu'il est monté au paradis pour rencontrer les «72 vierges» mais au lieu de cela il tombe sur un public bizarre. Ainsi démarre donc le one man show de dimanche soir. Puis Kavanagh, toujours dans cet au-delà bizarre, interprétera le rôle de celui qui n'a que des âmes devant lui et auxquelles il va attribuer des corps avant de les envoyer sur terre. Il enchaînera ensuite sur les différents récepteurs de l'enveloppe charnelle et, bien entendu, sur la différence entre les hommes et les femmes. Mais le plus gros du spectacle était dédié aux expériences qui ont marqué la vie de l'humoriste : ses débuts au Canada, sa vie entre le Canada et la France, son passage à Paris en première partie du spectacle de Céline Dion, son passage à la télé avec «Danse avec les stars» et puis son expérience de la paternité et ce qu'elle a changé dans sa vie. Bref, on découvrira une autre facette de l'humoriste à travers ce one man show, une facette toute en sensibilité avec beaucoup de moralité mais empreinte de philosophie et de bonheur... L'amour, la haine, la jalousie... Une manière, avouons-le, un peu risquée de faire du one man show dans un spectacle destiné à faire rire, mais Kavanagh peut se le permettre parce qu'il savait que son public était acquis et que son vrai personnage dans la vie est aussi attachant que les rôles qu'il interprète. Et là il réussit à nous convaincre de le suivre jusqu'au bout grâce à cette bonhomie qui émane de lui et à son sens du rythme. A la fin du spectacle, il déclarera d'ailleurs que l'humour n'était qu'un prétexte pour qu'il raconte au public son expérience et les émotions qui ont jalonné sa vie. A Hammamet, Kavanagh a réussi l'exploit jusqu'au bout sur la scène glissante. Une scène telle une «patinoire» très risquée et très sensible à l'humidité, un vrai danger pour des artistes qui risquent de se briser les os sur une scène tunisienne.