D'une lecture souvent agréable, le livre est enrichi de photos souvenirs et de pièces administratives inédites Il semble que ce soit un projet difficilement réalisable de vouloir ramasser l'histoire de la ville de Bizerte et celle du mouvement national Destour en un condensé. Fût-il de grand format... De l'apparition des Arabes, à l'occupation française (1881), en passant par le débarquement de la flotte espagnole sur la plage de Sidi Salem (1537) conduit par Charles. Quint, la distance est longue et les temps sont si lointains... Cependant, Mohamed Salah Fliss, auteur d'un second livre, tristement intitulé «Emprisonné dans mon propre pays», a l'air de limiter ses propos, dans ce nouvel écrit à l'opposition tunisienne, et surtout, ses démêlés, avec les autorités de l'époque. Féru de Droits de l'homme, il se tient toujours aux côtés des victimes de l'injustice et des caprices du pouvoir, sans contrôle. Comme tel, il connaît avec ses coéquipiers feu Baratli et Am Ali, que Dieu lui accorde longue vie, différentes prisons de la capitale Tunis pour finir lamentablement dans une lugubre cavité de Borj Erroumi, de Bizerte, cette forteresse inexpugnable qui date de l'ère coloniale. Au fil des pages, on découvre des réflexions politiques qui ne manquent pas d'importance. L'une d'elles fait allusion à la situation critique que vit, aujourd'hui, la Tunisie post-révolutionnaire depuis six ans. La Tunisie, pour en sortir, doit être gouvernée par des hommes vraiment honnêtes, intègres et bien pensants. A cela s'ajoutent la compétence et l'éthique. Pour faire court, des hommes qui n'envisagent que l'intérêt général, en dehors de tout calcul égoïste et malsain. D'une lecture souvent agréable, le livre est enrichi vers la fin de photos souvenirs et de pièces administratives dont l'une porte une bizarrerie hilarante. En tête, on trouve écrit : autorisation de visiter un voyou égaré. Celui-ci n'est autre que l'auteur du livre en question emprisonné dans mon pays). Il semble qu'on vit à l'ère du renversement de l'échelle des valeurs morales. J'ai peine à retenir mes larmes, quand je vois tout ce chambardement dans la société tunisienne. Le pire, c'est qu'il dure. Cependant, une consolation : l'espoir renaît, avec la formation en cours du nouveau gouvernement. J'espère qu'il ne sera pas fugitif. Mohamed Lahbib STA Enseignant à la retraite Bizerte