Par M'hamed JAIBI Alors que certaines déclarations d'«appui» au nouveau gouvernement multiplient les pressions et posent des «conditions» à leur soutien, l'équipe de Youssef Chahed doit affronter dans la hâte, en cette fin de canicule promotrice de farniente, les urgences les plus pressantes du programme non écrit de sauvetage de l'économie et des finances. Tout en prenant en main les affaires courantes dans les différents départements ministériels. Sachant qu'il va falloir s'occuper très vite de la loi de finances pour 2017, premier test majeur quant aux capacités de gestion de la crise et de réforme de ce gouvernement d'unité nationale porteur de tant d'espoirs. Parer à l'effondrement du dinar Parmi les questions les plus urgentes, l'effondrement de la monnaie nationale sape les équilibres, brouille les repères et désoriente les opérateurs économiques. L'ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi, estime essentiel de tout faire pour freiner la chute vertigineuse du dinar, qu'il impute notamment à la baisse de l'export. La chute du dinar gonfle la dette extérieure, augmente le coût des importations et affaiblit nos entrées en devises lors des exportations. Elle fausse les prévisions et brouille les perspectives. D'où l'urgence de consolider le train de mesures envisagé par la BCT et au niveau des finances publiques. Les options fondamentales de la réforme fiscale Autre urgence, l'élargissement de l'assiette fiscale destiné à renflouer les caisses de l'Etat. Cette réforme fiscale «équitable», tout le monde dit l'attendre, mais elle ne peut convenir à tous. Il s'agit d'un objectif délicat mais essentiel, attendu autant par les syndicats que par les entreprises. Car ces dernières considèrent comme prohibitive toute nouvelle augmentation de la pression fiscale ou sociale sur les entreprises ou les chefs d'entreprise. Sachant qu'une nouvelle augmentation affaiblirait davantage l'attractivité vis-à-vis des investisseurs. Restent les rentiers, les non patentés et les secteurs «mal ciblés» par notre administration fiscale dont la devise a toujours été d'en prendre davantage chez les mêmes : «il a donné, il peut encore donner». Les signaux qu'attendent investisseurs et créanciers Enfin, le code de l'investissement, le plan quinquennal et les grandes réformes doivent être très rapidement visualisés, non pas dans la forme actuelle que les projets ont prise, mais dans la vision du gouvernement Chahed et de la large coalition d'union qui le soutient. Tout va se jouer sur ces signaux majeurs qu'attendent investisseurs, créanciers, institutions financières et agences de notation. Et il faudra éviter le moindre faux pas, en s'assurant du consensus interne et en avançant prudemment. Une réforme de fond est d'abord une réforme dont la logique doit être bien comprise par l'opinion publique et dont la stratégie est réellement applicable ici et maintenant. C'est aussi une réforme sans contrecoups majeurs et sans laissés-pour-compte.