De notre envoyé spécial Chokri BEN NESSIR Si vous aviez à choisir, que préféreriez-vous? Acheter un séjour sur Internet ou déambuler parmi de petites échoppes sentant les odeurs du jasmin et les effluves parfumés de la Méditerranée, sous les douces lumières des lampions colorés émanant des moucharabiés, au son de chants d'une troupe folklorique qui vous rappellent l'Orient? C'est le tour de force réussi par le ministère du Tourisme lors de la participation de la Tunisie en tant qu'invitée d'honneur de cette édition. Chapeau bas ! En Europe, le mois de septembre est un moment de grande effervescence. La ville de Strasbourg, avec sa Foire européenne qui se tient annuellement depuis 84 ans, figure parmi les rendez-vous incontournables. C'est une motivation de voyage en soi. La Tunisie, dont la première participation remonte à 1976, a depuis perdu sa place dans cette foire. Ville européenne, véritable place forte des droits de l'Homme, Strasbourg a toujours accueilli les opposants les plus virulents aux régimes de Bourguiba et de Ben Ali. De ce fait, un retour triomphal pour la destination Tunisie, sur le podium des invités d'honneur avec un pavillon de plus de 2000 m2, est un coup de maître, dont l'architecte est sans nul doute notre consul à Strasbourg, M. Mohamed Trabelsi. Mais la magie n'aurait sans doute pas pu agir, sans l'apport des équipes chargées du dossier et pilotées par le ministère du Tourisme, notamment Mme Afraa Jouini, directrice générale du tourisme culturel et évènementiel, et de Mme Ichrak Ben Fatten, chargée du marché français. Sur le terrain, Khalil Chatty, qui a perdu son père la veille de l'inauguration, a été l'artisan du pavillon, un village à l'image de Sidi Bou Saïd. Mais la cheville ouvrière, précise comme une montre suisse et qui ne laisse rien au hasard, est sans doute la représentante de l'Office du tourisme à Paris, Mme Wahida Djaïet. Mais c'est aussi grâce à cette collaboration harmonieuse, qui doit servir d'exemple, entre l'Office national du tourisme tunisien, l'Office national de l'artisanat, le Centre technique de création, d'innovation et d'encadrement du tapis et du tissage, Tunisair, le Cepex, la CTN, l'Office national du thermalisme et d'hydrothérapie et la commune de Kairouan, qui ont conjugué leurs efforts pour l'aménagement du stand qui couvre 2000 m2 et pour concocter un programme culturel et festif riche et diversifié, que le pavillon tunisien qui a été inauguré par M. Manuel Valls, Premier ministre français, a pu drainer des milliers de visiteurs qui ont été choyés par les petits soins des artisans, des pâtissiers et des animateurs. À un point tel que ce pavillon, qui de l'avis de Stéphane Hertzog, directeur de la foire, est « l'un des meilleurs pavillons qu'ait connus la foire ces dernières années ». En effet, les visiteurs déambulaient dans les allées du pavillon tunisien, attirés par l'ambiance festive, les odeurs, les couleurs, le savoir-faire ancestral et les lumières. Hall 9 Mais cette foire a été aussi une fête des produits du terroir tunisien avec dégustation et vente d'harissa, de pâtisseries, d'huile d'olive, de savon, etc. Le pavillon tunisien fut également un lieu de rencontre, entre des professionnels des métiers d'art, du monde du voyage et de l'artisanat. Le hall 9, c'est là où se tient le pavillon tunisien, a fourni également une très belle occasion de s'impliquer socialement et communautairement, en faisant participer d'autres collectivités, comme les écoliers, par exemple. En effet, pour flirter avec les 200.000 visiteurs, les organisateurs misent sur le potentiel d'attractivité de la Tunisie, « berceau du printemps arabe », qui compte « une communauté importante à Strasbourg, fruit d'une longue histoire d'amitié avec la ville», explique Nawel Rafik-Elmrini, présidente de Strasbourg-Evénement et adjointe aux affaires internationales à la mairie de Strasbourg. «L'ambition est de dépasser à nouveau les 200.000 visiteurs cette année», assène-t-elle. Pour les organisateurs, la Tunisie pourrait faire repartir la courbe de fréquentation à la hausse, après deux années d'érosion. Pour la représentante de l'Office national du tourisme à Paris, Wahida Djaiet, « l'ambition est aussi de donner envie aux visiteurs de la foire de venir, ou de revenir, en Tunisie». En effet, cette exposition fournira une occasion au ministère du Tourisme pour engager un effort supplémentaire de promotion en vue d'améliorer la production sur le marché français en perte de vitesse depuis quelques années, qui a chuté de 1,5 million en 2010 à près de 300.000 ces dernières années. Pour séduire ces visteurs, une cinquantaine d'exposants tunisiens ont fait le déplacement à Strasbourg. Le hall 9 accueille depuis samedi dernier plusieurs animations pour montrer les différentes facettes de la Tunisie : du patrimoine culturel à l'artisanat, en passant par la musique, la danse, la gastronomie, ou encore les arts. À noter qu'un pavillon sera consacré à la ville de Kairouan, jumelée avec Strasbourg, et inscrite comme elle depuis 1988 au patrimoine mondial de l'Unesco.