La nouvelle rentrée économique et sociale s'annonce, comme on l'a souligné hier sur ces mêmes colonnes, très complexe pour le nouveau gouvernement d'union nationale. En plus des obstacles déjà soulevés, d'autres guettent encore la nouvelle rentrée Les entraves administratives Lourdeur des services, complexification des procédures et multiplication des formalités : c'est l'Administration et ses différents rouages qui sont pointés du doigt. Cette lourde machine ne cesse, inconsciemment, d'inhiber l'entrepreneuriat privé, de bloquer les initiatives et d'asphyxier l'innovation. D'ailleurs, le milieu des affaires réclame à cor et à cri un «moins d'Etat» à même de libérer les énergies et de «les laisser travailler». Il s'agit donc de faire en sorte d'atténuer le diktat de l'Administration, qui reste sclérosée par la routine et l'absence d'initiative, pour améliorer les services aux citoyens et rendre la vie plus facile aux entrepreneurs et autres investisseurs. En effet, l'amélioration du climat des affaires ne devrait pas rester un vœu pieux. Il faut activer la modernisation de l'Administration. Pour l'ensemble des services administratifs, il y a lieu de généraliser la migration, dans les plus brefs délais, vers l'e-administration (servant des services à distance), tout en annulant nombre d'autorisations handicapantes qui accablent les velléités entrepreneuriales. Un système a posteriori devrait se substituer aux procédures actuelles pour un meilleur rendement de l'Administration. A titre d'exemple, aux Emirats arabesUnis, un entrepreneur n'a besoin que d'une demi-heure pour obtenir l'autorisation de faire fonctionner sa firme. Le Maroc, également, a franchi des pas de géant dans l'allégement des formalités administratives, ce qui a dopé l'attractivité de son site. La non-consommation du «made in Tunisia» Pour sauver les emplois actuels et afin d'en créer de nouveaux et soutenir la production nationale, rien ne vaut l'achat des produits et services «made in Tunisia», surtout quand il s'agit de produits fortement intégrés, en clair, pourvus de forte valeur ajoutée, étant donné que les matières premières (ou les sous-produits) utilisées ainsi que la conception sont à 100% tunisiennes. Dans ce cas de figure, la consommation devient un levier non négligeable de la demande intérieure et, par suite, de la croissance économique. Consommer tunisien par ces temps difficiles s'érige donc en tant que devoir citoyen, tout comme celui dénonçant un soupçon d'acte terroriste ou d'un acte de corruption. Plus encore, pareil comportement responsable entre sous l'enseigne du patriotisme économique. La poursuite de l'hégémonie de l'économie souterraine ou parallèle et illicite Inutile de rappeler que ce fléau occasionne à la Tunisie des pertes colossales. D'après les estimations, ce secteur se chiffre à hauteur de 40% de l'économie nationale. Contrebandes et autres trafics illicites ont montré leur intime corrélation avec le terrorisme, c'est dire l'urgence de renforcer la lutte contre l'économie souterraine, tout en activant l'insertion de certaines activités, selon des critères bien définis, dans le circuit officiel afin de générer des taxes ou impôts pour le budget de l'Etat. A noter que l'évasion et la fraude fiscales sont souvent qualifiées, par nombre d'experts, comme faisant partie de l'économie parallèle ou illicite, étant donné l'important manque à gagner subi par les finances publiques. De même, l'impunité face à la corruption et autres malversations financières ou l'indifférence face à la mauvaise gestion ou à l'enrichissement illicite des personnes, autant de travers qui alimentent de facto l'économie souterraine qui reste à endiguer absolument. Le front sécuritaire Il n'est un secret pour personne que toute faille dans ce secteur névralgique occasionne de grands préjudices et surtout laisse des séquelles qu'il sera très difficile d'enrayer. D'ailleurs, les trois incidents terroristes qui ont jalonné la triste année 2015 continuent de handicaper la reprise du tourisme, des IDE et bien des secteurs en rapport. C'est dire l'importance de garder une vigilance permanente par tous, et non pas de la part uniquement des forces de l'ordre et de sécurité. Egalement, il y a lieu d'entourer les forces sécuritaires de toute l'attention requise et mettre à leur disposition les moyens, matériels, techniques et logistiques nécessaires afin qu'ils continuent de s'acquitter d'une manière efficace de leur tâche contre ce fléau dévastateur qu'est le terrorisme. L'adoption d'une communication déficiente C'est, à coup sûr, l'une des fausses notes du précédent gouvernement. Car, pour favoriser l'adhésion de tous, y compris les mécontents et les impatients, sans compter avec l'acharnement des «jamais satisfaits» et des mauvaises langues, il importe d'adopter une communication régulière, cohérente et sincère pour créer le consensus qui fournira au nouveau gouvernement l'appui nécessaire pour un rendement optimal. D'ailleurs, l'importance du volet communicationnel s'avérera également nécessaire pour faire passer sans encombre les réformes structurelles douloureuses, mais ô combien vitales pour le salut de notre économie et le devenir de nos générations futures. Mais une communication sincère, cohérente et régulière n'est pas une condition suffisante : à cela, il faudra bien sûr montrer de l'énergie, de l'action (occuper le terrain), de la persévérance, de l'audace et de la dextérité pour créer cette déferlante de fond qui scellera l'adhésion et mettra en branle l'appareil de production et dopera exportation, création de l'emploi et croissance économique. Les plans d'action arrêtés doivent être clairs et pertinents pour créer l'effet d'entraînement attendu, sans omettre le volet du suivi des mesures et des décisions. Enfin, pour plus de crédibilité et d'efficacité, il y a lieu de veiller à éviter la politique de l'illusion et des promesses non tenues. L'instabilité politique Elle s'est avérée fort préjudiciable au pays, à l'image de la faiblesse des résultats économiques et la persistance des tensions sociales accusées tout au long de ces six dernières années. Durant cette période, neuf gouvernements se sont succédé avec les effets qu'on connaît : une croissance plombée, une tension sociale permanente, une discordance politique, un attentisme et une morosité économique affligeante. Comment, de la sorte, peut-on concocter des programmes et comment peut-on en assurer le suivi ? En dépit des bonnes volontés, il est difficile dans ces conditions de mettre en œuvre les réformes et les projets décidés. Naviguer à vue n'a jamais permis des résultats probants. Bien au contraire. Cela ne peut favoriser que les mesures de circonstance, conjoncturelles ou de façade et non celles de fond ou structurelles. Désormais, pour nous autres Tunisiens, il est temps de passer du discours à l'action. A tous ceux qui croient en la Tunisie de contribuer à faire en sorte que ces freins soient desserrés afin que la rentrée économique et sociale ne soit pas brouillée.