Par Mahmoud HOSNI A Ben Guerdane, un contrebandier qui n'a pas obtempéré aux sommations a été tué. Aussitôt, une véritable révolte «organisée» a été menée entraînant la destruction du matériel coûteux qui servait à la construction de l'autoroute sud. Cela constitue non seulement une perte considérable, mais va entraîner un retard dans l'exécution du projet, vecteur de développement et de dynamique économique. Flash-back, c'est Ben Guerdane qui a été le théâtre de la tentative avortée de Daech pour instaurer en Etat islamique. C'est aussi à Ben Guerdane qu'un tollé général a été levé à l'annonce de la construction des obstacles frontaliers pour stopper la contrebande et l'infiltration des terroristes. Motif fallacieux invoqué à l'époque : la menace contre les troupeaux de camélidés. Comme si l'étendue désertique du territoire national ne leur suffisait pas. Sans pour autant jeter l'anathème sur la région et ses vaillants défenseurs de l'Etat démocratique et de droit, il y a lieu de noter que cette région s'est installée dans le système de l'économie parallèle, à l'époque où il n'y avait ni menace terroriste, ni illuminés fous — pas d'Allah — mais de sang et de désordre. Le cours des événements a changé et basculé dans l'inconnu, surtout avec le fil ténu qui sépare à peine contrebande et soutien logistique au terrorisme. Sinon comment expliquer la découverte de ces nombreuses caches d'armes qui ont pratiquement transité par la Libye ? D'ailleurs, les affrontements réguliers dans la zone tampon qui ont lieu entre l'armée et les contrebandiers, appuyés par des éléments libyens armés, et le nombre de véhicules interceptés dénotent la ferme volonté d'aller jusqu'au bout, de faire des frontières un véritable morceau de gruyère, bref de transgresser la loi, au risque de tuer nos vaillants soldats et sécuritaires. Dans ce pays qui tangue, en cette période très délicate où la menace terroriste grandit à l'horizon, avec les derniers retranchements de Daech à Syrte et leur débandade, il y a fort à parier qu'ils vont se diriger vers les pays frontaliers, tout en particulier la Tunisie. Pourquoi l'état d'urgence a-t-il été décrété? C'est bien pour parer à la gravité de la situation, aux périls qui nous menacent de l'extérieur et de l'intérieur. Et ils sont nombreux et de toutes sortes. Aussi, les appels à une stricte application de la loi ne doivent-ils pas tomber dans l'oreille d'un sourd. Nul n'est au-dessus de la loi, nul n'est en droit de la transgresser, sous quelque motif que ce soit. L'exemple, encore récent, à Kasserine d'un groupe de protestataires (en majorité des filles) qui ne sont rendus au domicile du gouverneur dans la soirée, pour revendiquer l'emploi (l'heure est bien indiquée...) pour exprimer leur colère, ils se sont mis à lancer des projectiles sur le domicile du gouverneur. L'heure est grave et l'Etat de droit et de la démocratie n'est pas contradictoire avec la fermeté dans l'application de la loi.