Entre l'Ugtt et le gouvernement Youssef Chahed, les négociations, à travers la commission 4+4, cherchent à trouver une solution qui concilie exigences du gouvernement et attentes des salariés Que va faire Youssef Chahed, chef du gouvernement d'union nationale, avec les syndicalistes qui veulent que les accords déjà signés avec le gouvernement Habib Essid soient appliqués, que les négociations salariales couvrant les années 2016 et 2017 et devant commencer en mars dernier redémarrent comme convenu et que les ministres du gouvernement Chahed, notamment celui de l'Education, respectent leurs engagements ? La question s'impose d'autant plus que le gouvernement Chahed a un besoin urgent d'une trêve sociale afin de pouvoir appliquer les mesures qu'il entend prendre dans le but de faire face à la situation sociale générale dans le pays, marquée notamment par la série de grèves annoncées presque quotidiennement dans plusieurs secteurs (éducation, transport, santé, etc.), au point que le nouveau ministre des Affaires sociales Mohamed Trabelsi, s'est transformé pratiquement en ministre des reports de grèves. Samedi 17 septembre, le chef du gouvernement a rencontré Houcine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt, pour un round-up sur la situation sociale dans le pays. Le communiqué de presse diffusé par le service information de la présidence du gouvernement se contente de préciser que Youssef Chahed et Houcine Abassi «ont passé en revue l'évolution des travaux de la commission 4+4 qui ont démarré la semaine écoulée». Rien de plus sur l'évaluation des travaux de la commission dont on apprend qu'ils ont permis à la nouvelle ministre des Finances, Lamia Zribi, de révéler aux membres de la délégation représentant l'Ugtt «les réalités de la situation économique du pays». Et les chiffres dévoilés par la ministre des Finances poussent à la réflexion. Ainsi, la masse salariale des fonctionnaires de la fonction et du secteur publics va-t-elle s'élever à 15 milliards de dinars au cas où la deuxième tranche des augmentations salariales au titre de 2017 serait servie comme convenu. Le gouvernement aurait demandé aux représentants de la centrale ouvrière d'accepter l'annulation de l'application de cette majoration. Et pour que les choses soient claires: le gouvernement se trouve obligé de recourir à cette solution «pour répondre aux exigences du Fonds monétaire international (FMI) qui menace suspendre les aides à Youssef Chahed au cas où la masse salariale des fonctionnaires de l'Etat dépasserait 13,5 milliards de dinars en 2017», selon des sources informées. Quant aux syndicalistes, ils voient les choses sous un angle différent. D'abord, ils ont des réserves vis-à-vis des chiffres dévoilés par le gouvernement et ils estiment que les sommes d'argent manquantes dans le budget de l'Etat de 2016 peuvent être trouvées dans la lutte contre l'évasion fiscale et la récupération par l'Etat des dettes fiscales évaluées à 7 milliards de dinars dont plusieurs opérateurs économiques refusent de s'acquitter au profit de la trésorerie publique. On attend les compromis Plusieurs observateurs considèrent que les membres du bureau exécutif de l'Ugtt, qui sont presque tous en campagne électorale avant terme en prévision du prochain congrès de la centrale syndicale ouvrière prévu fin janvier 2017 (à l'exception de ceux que le règlement intérieur de l'Ugtt empêche de se porter candidats au prochain bureau exécutif), ne pourront pas avaliser les propositions du gouvernement craignant de compromettre leurs chances dans la course à la succession de Houcine Abassi à la tête de l'Ugtt.