57% des 312 écoles du gouvernorat de Kairouan ont des problèmes d'approvisionnement en eau potable Si la rentrée scolaire s'est passée dans de bonnes conditions pour beaucoup d'élèves, il n'en est pas de même pour certains autres à cause du manque de cadres enseignants et administratifs ( selon le syndicat, il manque 1.000 instituteurs et 491 surveillants ), de l'absence d'eau potable ( 57% des 312 écoles du gouvernorat de Kairouan ont des problèmes d'approvisionnement en eau potable ), de cantines, de dortoirs et d'équipements. En outre, comme beaucoup d'écoles ne sont pas protégées par des clôtures, il n'est pas étonnant de voir des clochards, des moutons, des chèvres et des chiens au milieu de la cour. Par ailleurs, comme les travaux de restauration et de construction n'ont pas été terminés avant la rentrée, on continue d'enseigner dans des salles humides, obscures, fissurées et qui risquent de s'écrouler à tout moment. Cela, sans oublier les cours pleines de matériaux dangereux, de gravier, de ciment, de fils électriques, de clous, de barres de fer et de poussière. C'est ce qui a poussé le proviseur du lycée de Bouhajla à transférer toutes ses classes de première année au collège Imem Sahnoun afin d'y poursuivre leurs études en attendant l'achèvement des travaux au sein de son établissement. Ces travaux qui traînent ont perturbé le déroulement des cours surtout à El Ala, à Sbikha, à Bouhajla, à Chrarda, à Haffouz et à Aïn Jloula. D'où la grogne des parents dont les familles font quotidiennement plusieurs kilomètres en vain avec le risque que cela comporte en cours de route avec la présence de chacals, de loups et de délinquants. A l'école Aouled Ayar, seul le directeur assure les cours! Les 83 élèves inscrits de la 1ère année à la 6e année à l'école Aouled Ayar, située dans une zone montagneuse (délégation de Oueslatia), et leurs parents ont eu la désagréable surprise de constater que leurs 8 instituteurs ont été ‘mutés' sans avoir été remplacés! Devant le fait accompli, le directeur Amine Turki, qui espère que les nominations de suppléants ne tarderont pas, a donné des cours pour les élèves de 3 niveaux et les autres, dépités, ont été priés de rentrer chez eux. Mohamed Chamekh, père de 3 enfants (2 garçons et une fille), qu'il emmène chaque jour à l'école située à 5 km sur un âne, ne cache pas se déception : « Ici, au sein de cette école, on vit le cloisonnement des îles lointaines puisqu'il n'y a à proximité ni habitations, ni épiceries, ni aucune infrastructure. En outre, les travaux de rénovation qui ont démarré au mois de mai pour l'électrification, l'eau potable et la construction d'une clôture, n'ont pas été achevés. Et voilà que même les instituteurs ont préféré partir. Est-ce qu'on va faire tous les jours l'aller-retour pour rien ? Et après on s'étonne qu'il y ait beaucoup de décrochage scolaire...» Notons que l'école Aouled Ayar est située à 5 km de Oueslatia et à 12 km de la zone de Ksar Ellamsa, riche de sites archéologiques. Où est le drapeau national ? Le premier jour de la rentrée scolaire a été marqué par un fâcheux incident à l'école Loubaya ( Imadat Aouled Achour à Bouhajla ) avec l'absence du drapeau national et les élèves ont chanté l'hymne national en face d'une barre de fer, ce qui porte atteinte à l'intégrité de l'établissement éducatif. Plus loin, à l'école primaire de Bouhajla où les travaux de construction ne sont pas terminés, il y a tellement d'encombrement que le directeur a réservé un vieil atelier couvert d'alliage de zinc pour une classe de 4e année. Mais le refus des parents de laisser leurs chérubins étudier dans un vrai taudis poussiéreux a été catégorique. Beaucoup de défaillances Pour la rentrée 2016-2017, la Soretrak a réservé 125 bus pour le transport scolaire et universitaire avec en moyenne 519 navettes par jour sur des itinéraires dont 80% sont réservés au transport scolaire et universitaire. Néanmoins, beaucoup d'élèves font plusieurs km à pied pour arriver aux arrêts des bus, notamment à Sisseb (Sbikha), à Awamrya (Chebika) et à Rakkada (Kairouan-Sud). Pour ce qui est des collégiens originaires de Rmadhniya, Zaafrana et El Gwassem (Kairouan-Sud) et qui étudient à Rakkada, ils se plaignent du fait que le seul bus scolaire est souvent en retard surtout le soir et qu'il les dépose au bord de la route à cause des pistes impraticables. Par ailleurs, dans plusieurs établissements éducatifs en milieu rural, les élèves passent toute la journée (de 7h00 à 17h00) en classe ou dans la rue, faute de salles de révision, étant donné l'éloignement de leurs lieux d'habitation. C'est ainsi qu'ils apprennent de mauvaises habitudes, qu'ils se font agresser ou qu'ils trouvent la mort. Ainsi, l'année dernière, un élève âgé de 13 ans et inscrit en 7e année au collège d'El Ala, qui est resté devant son établissement à cause de l'absence de ses professeurs, a été attaqué par des clochards, ce qui lui a causé une fracture au niveau du bras, suivie par une opération. Et à Bouhajla, un élève âgé de 9 ans, en rentrant de son école à Mouisset, est tombé dans un grand réservoir d'eau jouxtant le puits El Gtifa et a trouvé la mort. Au mois d'avril 2016, à Hajeb El Ayoun, des collégiens sont allés se baigner dans une jebia destinée à l'irrigation, et ce, pour se rafraîchir avant les cours de l'après-midi. Une heure plus tard, un de leurs camarades, âgé de 14 ans et inscrit en 8ème année, s'est noyé. Enfin, comme beaucoup de douars sont privés de moyens de transport public à cause de la dispersion des habitations, des propriétaires de véhicules privés en profitent, faute de contrôle rigoureux, et entassent les élèves dans des camionnettes bondées, ce qui cause chaque année beaucoup d'accidents. C'est pour toutes ces raisons, que le taux d'analphabétisme, d'échec et d'abandon scolaire, augmente d'année en année.