Comme prévu, la gestion de l'affaire Petrofac à Kerkennah a réveillé les démons qu'on croyait endormis dans plusieurs régions Les syndicalistes de Sidi Bouzid lancent un ultimatum au gouvernement. D'ici le 5 octobre prochain, si leurs revendications ne sont pas satisfaites, ils passeront à l'action. On a beau se réjouir ou se féliciter de voir Youssef Chahed gagner son premier combat social et réussir à trouver un épilogue heureux à la crise de la société Petrofac à Kerkennah. On a beau également voir les instituteurs et les enseignants du secondaire se réconcilier temporairement avec leur ministre et renoncer à leurs grèves annoncées pour début octobre prochain, idem pour le succès de la visite effectuée par le président Caïd Essebsi à New York où il a fait entendre haut et fort la voix de la Tunisie post-révolution, il demeure toujours que la fibre contestataire ou ce que les légalistes appellent la fuite en avant ou le déni de l'autorité de l'Etat sont encore d'actualité et viennent nous rappeler qu'il reste beaucoup à faire pour que, à titre d'exemple, un syndicaliste comprenne, enfin, la nature de sa mission et les limites des attributions que lui accorde son statut de défenseur des droits des affiliés de son organisation. Vendredi et au moment où on finalisait l'accord Petrofac-gouvernement-société civile, l'Union régionale de l'Ugtt à Sidi Bouzid exhortait le chef du gouvernement à «prendre une mesure urgente et immédiate en révoquant Mourad Mahjoubi, gouverneur de la région pour son échec avéré dans la gestion des affaires du gouvernorat» sans fournir une seule preuve sur ce qu'elle reproche au responsable incriminé. Et les syndicalistes de Sidi Bouzid de lancer un ultimatum au gouvernement afin qu'il accède à leurs désirs. «D'ici le 5 octobre prochain, l'Union régionale constituera un comité exécutif comprenant tous les secteurs pour examiner tous les mouvements de militance à organiser dans le but de demander que les besoins de la région en matière de développement soient exaucés». En somme, le gouvernement sait maintenant ce qui l'attend à Sidi Bouzid d'ici le 5 octobre prochain. Parallèlement, l'Ugtt et ses barons, qui crient toujours que leur organisation n'intervient pas dans la vie politique gardent, le silence et laissent les structures régionales dicter leur loi. L'effet boule de neige était prévisible Faut-il s'étonner de voir les syndicalistes de Sidi Bouzid se préparer à s'approprier la région et à lancer un ultimatum au gouvernement pour se dédouaner à l'avance de ce qu'ils vont faire endurer aux populations de la région ? Beaucoup d'observateurs estiment que «face à cette approche de gouvernance choisie par le gouvernement en écoutant tout le monde et en répondant aux caprices les plus fantaisistes, il est normal que les appétits grandissent de jour en jour et que les barons des régions exigent, eux aussi, leur part du pouvoir». Les mêmes observateurs soulignent : «Il est important de constater que Youssef Chahed déclare que le dialogue et rien que le dialogue constitue le mécanisme unique pour résoudre nos problèmes. Sauf que le dialogue a ses règles à respecter scrupuleusement par ceux qui prennent part et ces derniers sont à sélectionner parmi ceux qui représentent réellement les populations concernées. Quand on apprend, à travers les médias, que Hizb Ettahrir a participé aux concertations ayant abouti à l'accord signé vendredi dernier à Kerkennah, on se demande où va le pays. Du côté du gouvernement, on annonce une enquête qui déterminera si Hizb Ettahrir était réellement de la partie ou s'il s'agit plutôt d'une rumeur. En tout état de cause, personne n'attend les résultats de l'enquête en question». Et comme les portes de l'interventionnisme n'ont plus de battants et que les affaires de l'Etat se traitent maintenant sur les terrasses des cafés ou dans les petits bistrots des avenues Bourguiba et Mohamed-V, voilà les intellectuels (le communiqué ne comprend pas de noms. Il est signé : un groupe d'intellectuels) s'invitent à la messe. Ils appellent tout simplement l'annulation de la taxe de sortie appliquée aux visiteurs algériens à la Tunisie «en signe de reconnaissance et de remerciements à nos frères Algériens qui ont sauvé la saison touristique et ont empêché la fermeture de plusieurs hôtels tunisiens». Les intellectuels informés ou ignorant les procédures à respecter en de telles situations (la taxe ne peut être annulée que dans le cadre de la loi de finances 2017) se contentent de demander au gouvernement d'annuler immédiatement la taxe incriminée, comme s'il s'agissait d'une décision prise par un chef de service d'une administration locale.