L'exposition posthume de Zoubeïr Turki, dont les œuvres puisent dans notre mémoire collective et dans notre patrimoine tunisien pour en transmettre et éterniser toute la beauté, la richesse et l'originalité, est abritée par la galerie Saladin à Sidi Bou Saïd jusqu'au 6 octobre prochain. Pour démarrer en beauté cette rentrée culturelle, la galerie Saladin a créé l'événement en organisant une exposition posthume du grand artiste-peintre tunisien, feu Zoubeïr Turki, disparu il y a près de 5 ans, laissant derrière lui un grand héritage artistique qui suscite encore et toujours l'intérêt et l'admiration. La soirée du vernissage, la galerie Saladin a été bondée d'artistes tunisiens et étrangers, de passionnés d'art et de collectionneurs ainsi que des disciples du maître qui sont venus découvrir et se remémorer la vie et le savoir-faire unique de ce dessinateur, peintre et sculpteur, ce pionnier de l'Ecole de Tunis. Né en 1924 à Tunis, Zoubeïr Turki avait, après un passage à la Zitouna à Tunis, poursuivi des études d'art dans plusieurs villes européennes avant de regagner le pays en 1959 pour entamer une aventure artistique bien mouvementée à travers des œuvres remarquables qui ont marqué la scène culturelle tunisienne. Fondateur du Centre d'art vivant du Belvédère, Zoubeïr Turki a également présidé le comité culturel de la Ville de Tunis et l'Union des plasticiens maghrébins. Au cours de son séjour nordique en Suède, où il avait rejoint l'Académie des beaux-arts de Stockholm, dans les années 50, l'artiste avait épousé une Suédoise, avec laquelle il a eu un garçon et une fille. Ce qui explique la présence de Son Excellence l'ambassadeur de Suède à Tunis, Frederik Floren, pour rendre hommage à cet artiste qui, selon lui, «a contribué au rapprochement des cultures tunisienne et suédoise, ce dont nous sommes très fiers comme Suédois», tout en déclarant : «C'est un grand plaisir d'être ici aujourd'hui dans la galerie Saladin qui a fait il y a quelques mois une exposition en hommage à Olmo Palm, l'ancien premier ministre suédois». Une exposition d'envergure, qui puise dans notre mémoire collective et dans notre patrimoine tunisien pour en transmettre toute la beauté et toute l'originalité dans cet héritage pictural. La douceur des couleurs est comme une poésie qui émane des toiles, reflétant un regard sur une enfance vécue au sein d'une famille tunisoise enracinée dans les vieux quartiers de Tunis. La couleur est omniprésente et le graphisme est là, autant pour cerner les personnages et les tracer que pour nous emmener dans cet univers riche et sensible où peinture et écriture se mêlent intimement. Une énergie se dégage des formes et des couleurs, illuminant les tableaux et soutenant les propos, tout en menant celui qui regarde là où le peintre désire le conduire. Dans chacune de ses toiles, on est invité à découvrir une sorte de pièce théâtrale, où chaque personnage tient un discours, un monologue, tout en instaurant une forme de dialogue et d'échange avec le spectateur. Chaque œuvre est un hymne à la vie, dans la délicate esquive du geste, le rompu d'un ton ou l'ardeur chromatique. En contemplant les œuvres de Zoubeïr Turki, nous sommes envahis de lumière, de parfums, de couleurs... et emportés par un sentiment de nostalgie, tantôt douce, tantôt amère. Une exposition qui vaut absolument le détour, visible jusqu'au 6 octobre prochain!