Par Samira DAMI Le ministère des Affaires culturelles a décidé, récemment, d'octroyer des subventions exceptionnelles d'aide aux espaces et centres culturels privés ayant des difficultés de structure et de financement de leurs activités. Mais les promoteurs de deux de ces espaces, en l'occurrence Habib Belhédi qui dirige l'espace culturel «Ciné-théâtre Le Rio» et Salah Ben Hammouda, gérant de «l'espace Mass'Art», ont, tout simplement, décliné l'offre. Mieux, ils ont adressé une lettre au ministère afin d'expliquer les raisons du refus de ce type de subvention. Dans leur missive, ils énoncent, en substance, que «l'activité culturelle représente un tout qui ne peut être fragmenté» car, à leurs yeux», «les décisions conjoncturelles ne résolvent rien», a fortiori si l'on ne tient pas compte des législations existantes qu'il est, au demeurant, urgent de réviser et d'actualiser. Cela afin de répondre aux réalités du secteur culturel et aux aspirations de ceux qui s'y activent. Ces promoteurs font, par ailleurs, remarquer que le slogan «la culture et l'art, remparts contre les forces rétrogrades et obscurantistes» ne devrait pas rester conjoncturel, et sans efficacité, mais doit être réalisé sur le terrain. Autrement dit, ces promoteurs refusent toute improvisation et action ponctuelle, revendiquant, ainsi, la mise en place d'une politique culturelle claire et transparente et d'une stratégie efficace concernant ces espaces culturels privés. Pour cela, un débat, concertation et consensus entre les divers acteurs du secteur, sans exclusion, s'avèrent, à leurs yeux, nécessaires. Il s'agit, donc, d'appliquer la loi concernant la subvention et le soutien à ces espaces privés et cela à tous les niveaux, entre gestion, production, équipement et distribution. La loi supposant la mise en place et l'application de «critères précis, transparents et objectifs qui fixent la valeur des subventions permanentes. Cette valeur devant tenir compte de la programmation et d'un volume d'activités précis. Qui permettrait à ces espaces d'avoir une autonomie et une variété dans le choix des programmes et de restreindre, ainsi, les risques de pression que pourraient autoriser toute décision et action circonstrancielles de la part du ministère de tutelle». Enfin, ces promoteurs estiment que «les espaces culturels privés devraient être partie intégrante de la carte culturelle nationale. D'où la nécessité de l'ouverture d'un dialogue et d'un débat approfondis sur leur situation pour l'élaboration d'un cahier des charges clarifiant les critères d'obtention des subventions. Critères qui doivent inclure, «obligatoirement, le volume des activités de l'espace, ses droits et devoirs ainsi qu'un contrat à durée déterminée renouvelable», demandent ces promoteurs. Légiférer et organiser le secteur La réaction des animateurs et responsables des espaces «le ciné-théâtre Le Rio» et «Mass'Art» est, pour le moins, logique et légitime, dans la mesure où toutes les aides et subventions doivent être assujetties à une loi, traduisant une vision et une politique culturelles aux objectifs clairs et précis. Loi qui fixe les droits et les devoirs des partenaires ainsi que les critères et les conditions d'octroi des subventions. Car poursuivre dans la voie de l'improvisation et du circonstanciel, selon les humeurs et les personnes dirigeant le ministère n'avancent à rien et ne règlent aucun problème. L'important est, par conséquent, d'encourager, dans un esprit de réel partenariat, les initiatives privées en mettant en place une véritable politique d'aide et de soutien, notamment, en faveur des espaces privés de quartier. Lesquels représentent une fenêtre ouverte sur les arts et la culture au profit des enfants et des jeunes du coin. Ces espaces privés d'animation et de rencontres permettent à la culture et aux arts d'aller vers les citoyens, c'est pourquoi ils font, désormais, partie intégrante du développement durable. A l'heure où les espaces culturels publics sont moribonds, surtout qu'on constate, par exemple, que la maison de la culture Ibn-Khaldoun, située en pleine capitale, demeure fermée pour la deuxième année consécutive en raison de travaux de rénovation qui traînent encore, il y a vraiment lieu de s'empresser d'adopter une politique efficace porteuse d'une vision claire visant l'encouragement et le soutien des espaces culturels privés. Mieux, il est vraiment temps d'actualiser les lois afin d'organiser une fois pour toutes le secteur des espaces culturels aussi bien publics que privés.