Pour l'inauguration de la saison 2016-2017, Aïcha Gorgi ouvre sa galerie avec la première exposition personnelle de Haythem Zakaria. Né en 1983, l'artiste tunisien Haythem Zakaria vit et travaille en France. Ses créations plastiques, largement imprégnées de spiritualité soufie, misent sur l'utilisation des techniques visuelles non conventionnelles (Glitch, méta-images, ciné-processus) qui l'orientent et l'impliquent dans les chemins de l'expérimentation. Ainsi, il est amené à un processus de création agissant sur l'image par le biais de l'intégration, l'implantation, et la superposition d'informations visuelles ou sonores. Ces créations sont le résultat de l'introspection vers l'image, par l'image et dans l'image. Elles révèlent des univers multiples et insoupçonnables produisant une sorte de scores visuels qui doivent être lus ou déchiffrés en utilisant la sensation immédiate et la réflexion. A cet égard, Haythem Zakaria a récemment lancé une série de travaux sur la lettre «Alif», la première lettre de l'alphabet arabe, qui détient une très secrète symbolique. De cette préoccupation est né le projet «Alif» qui a consisté en une série de dessins à l'encre de Chine sur papier, représentant une succession de lignes organisées et connectées. La notion de «connexion» associée à celle de l'acte «Hidden/visible» est certainement au cœur de l'activité créatrice de cet artiste numérique dont les préoccupations consistent à créer une interaction avec l'autre et de l'inviter pour ouvrir un chemin vers le moi intérieur. Pour sa première exposition personnelle à la galerie A. Gorgi, son commissaire d'exposition Arafat Sadallah le décrit comme suit : «L'œuvre de Haythem Zakaria est un long cheminement, minutieux et rigoureux, vers ce qui donne à voir et à sentir tout dessin possible. Un processus artistique, prenant plusieurs accès formels ou conceptuels, qui essaye de rendre présent une mémoire primordiale. Cherchant à se distancer des sédiments qui peuvent lui barrer l'accès à la source où toute expérience esthétique et éthique est possible. Ainsi s'ouvre le rapport à l'autre, à sa perception, mais aussi à la responsabilité envers lui. Et ce, sans naïve croyance dans une neutralité première, mais en assumant déjà que ce rapport ne se constitue qu'en tant que deuil de ce même autre, impossible à appréhender dans un présent fantasmé. C'est bien dans l'ouverture d'un espace-temps où l'autre et moi-même nous nous constituons dans une différence irréductible : ruthmos».