Le rideau est tombé sur la 1ère université d'été des mouvements sociaux, dont les travaux se sont déroulés, du 23 au 25, à Korba, où plus de 80 participants représentant 27 mouvements à caractère social et environnemental, venus de toutes les régions du pays, ont répondu à l'appel du Ftdes (forum tunisien pour les droits économiques et sociaux), avec l'appui du réseau Euromed des droits de l'Homme à Tunis. Experts et société civile sont, aussi, de la partie. Le rendez-vous, une première du genre dans nos murs, intervient à un moment où les régions, presque toutes les régions, vibrent, quasi-quotidiennement, au rythme des élans protestataires, saccadés. Trois jours durant, débat en plénière, travail d'ateliers et témoignages vivants ont fait acte des choses qui fâchent, du feu qui couve sous la cendre. Ainsi, tout a été décidé dans une déclaration finale annonciatrice d'un possible mouvement imposant, en cours de gestation. Mais la mobilisation est telle qu'il faudra lui donner un coup d'accélérateur. Selon M. Romdhane Ben Amor, chargé de communication auprès du Ftdes, ce mouvement se révélera en forme d'une marche pacifique sur l'avenue Bourguiba au centre-ville, comme il pourrait être un grand rassemblement devant l'ARP au Bardo. Peu importe la manière d'agir..! L'essentiel pour lui est de s'organiser en bloc fédérateur, sous la même bannière associative, d'idées et d'alliés. Un travail de réseautage et de coordination semble, désormais, nécessaire, a-t-il encore souligné. L'objectif, souhaite-t-il, est d'arriver à canaliser le flux massif des soucis en ordre, prioritaire, des revendications révolutionnaires. L'emploi et le développement régional en constituent ainsi le cheval de bataille. Et les ouvriers des chantiers, les victimes du travail précaire et les sit-in prolongés ici et là sont des dossiers qui relèvent encore de l'actualité. Les cinq priorités Le gouvernement devra, alors, jouer à quitte ou double, afin de sauver la mise. Et là, on remonte l'histoire récente du branle-bas de combat provoqué, à l'emporte-pièce, sur fond d'un tollé général, du nord au sud du pays. De Tunis, Gafsa, Kasserine, Fernana, en arrivant à Kerkennah, la crise des mouvements a fini par mettre le gouvernement Chahed à l'épreuve du pouvoir. A peine investi dans ses fonctions, le cours des mouvements successifs semble ne pas lui laisser le temps de bien communiquer son plan d'action. En ce sens, lui accorder un délai de cent jours n'est pas forcément de coutume. De toute façon, cela n'ajoute rien à la situation. Car, le pacte de Carthage, déjà signé, en juillet dernier, par neuf partis et trois organisations nationales (Ugtt UTica et Utap) lui a servi de document de référence. Une feuille de route dans laquelle figurent les cinq priorités de l'étape, à savoir la lutte anti-corruption, la guerre déclarée au terrorisme, les équilibres financiers de l'Etat, la relance des projets bloqués et la question de l'environnement. Dans son discours d'investiture devant parlement, M. Youssef Chahed avait usé du langage de la franchise pour mettre en exergue ces préoccupations majeures, promettant de faire feu de tout bois. Il y a maintenant près de deux mois, l'on n'y voit que du feu. Les participants fustigent Sauf que les dernières mesures urgentes décidées en faveur de la délégation de Fernana, à Jendouba et l'accord tripartite conclu, à l'arraché, avec les sit-inneurs et la société pétrolière Petrofac à Kerkannah, ont pu calmer les esprits. D'ailleurs, les protagonistes des mouvements sociaux, réunis, depuis vendredi à la maison des jeunes de Korba, l'ont fait bien valoir. La voie du dialogue a été ainsi perçue comme une alternative louable. « Loin des solutions sécuritaires et de toute autre tentation de stigmatisation ou criminalisation des mouvements sociaux.. »,ont-ils fait valoir. Pour eux, agir ainsi pacifiquement relève du respect du droit de manifester et de la liberté d'expression, comme le stipule la Constitution. Idem pour le droit à l'emploi, au développement et à la justice sociale. C'est pour cette raison qu'ils ont appelé toutes les forces vives de la société à se mobiliser pour obtenir gain de cause. Rendez-vous dans les semaines à venir : « Une grande manifestation aura lieu en octobre ou au cours du mois qui le suit », prévoit M. Ben Amor. A l'image du forum social mondial (FSM), tenu, à deux fois, sous nos cieux, cette université d'été se veut, également, une rencontre annuelle pour mieux s'organiser et resserrer les rangs autour des questions vitales. Seulement, l'accent est mis, ici, sur l'aspect militant des revendications socioéconomiques et les moyens de leur satisfaction. A l'en croire, une telle occasion est de nature à souder les relations de partenariat associatif, dans le cadre d'un travail de réseautage et d'échange sur leurs actions de pression et leurs propositions de solutions.