Par M'hamed JAIBI Assurément, la situation du pays nécessité une véritable reprise en main. Et les signaux montrés par le nouveau gouvernement entretiennent jusque-là un tel espoir. Mais il semble essentiel d'outrepasser la seule obligation de performance du gouvernement, pour considérer dans leur ensemble certaines pratiques sévissant au niveau de toute la classe politique. L'expérience du gouvernement d'union nationale, qui intervient tardivement pour tenter de sauver la mise, a absolument besoin d'être accompagnée d'une trêve durable entre les acteurs de la vie nationale et d'une moralisation certaine, afin que toutes les forces nationales se concentrent plutôt sur les exigences pressantes du pays. Il est également important que les partis bougent, discutent et s'investissent à la base pour prolonger l'action consensuelle du gouvernement, pour tous ceux qui appuient le gouvernement, ou dans leur rôle d'opposition forcément nationale, donc assurément constructif, pour les autres. Et, parmi tous ces partis, celui du président de la République et du chef du gouvernement : Nida Tounès. Ainsi que son groupe parlementaire. Le premier acte de fondation de ce parti, avait été un appel de Béji Caïd Essebsi en faveur du rétablissement de l'équilibre au sein de l'échiquier politique national. Cet S. O. S. a été entendu aussi bien aux législatives qu'à la présidentielle. Mais il se trouve, aujourd'hui, que la bataille des clans, des sous-clans et des contre-clans perdure et fait rage, de sorte que sur le terrain, personne n'équilibre plus, par exemple, ni Ennahdha ni la nébuleuse islamiste. Alors que le gouvernement Chahed a fortement besoin de cet équilibre pour construire son œuvre consensuelle. Une vraie reprise en main est donc plus qu'utile et urgente, à ce niveau également. Elle exige de voir s'investir la «majorité silencieuse» du parti, qui se tait et laisse faire, attendant une initiative providentielle: resouder les morceaux de Nida derrière et au service de l'union nationale et partant au service de la patrie.