Donnés favoris par les observateurs, les hommes de Kasperczak doivent se méfier des a priori et des idées reçues Avec l'annonce vendredi de la première liste pour les éliminatoires de la Coupe du monde, les Aigles de Carthage seront dans le vif du sujet. Après avoir logiquement composté le ticket de la Coupe d'Afrique des nations «Gabon 2017», voici donc commencer une autre aventure, sans doute encore plus exaltante, s'agissant du Mondial auquel manque le foot tunisien depuis voilà deux éditions. «Russie 2018» réhabilitera-t-il un foot qui vit un peu sur le souvenir de la CAN 2004 et, plus loin encore, sur celui de l'édition argentine 1978, l'échéance référence en termes de performances et de qualité de jeu produit? Cela fait donc un bon bout de temps que notre sport-roi dort sur ses lauriers, soit depuis l'ère Roger Lemerre. Depuis, que de déboires, que de remises en question au milieu de quelques rares exploits! Ascendant psychologique A priori, la Tunisie a hérité d'une poule «A» jugée à sa portée. Parmi ses trois rivaux, seule la République démocratique du Congo avait goûté aux délices d'une participation en phase finale de Coupe du monde. En 1974, sous l'ancienne appellation de Zaïre, la RDC a bu le calice jusqu'à la lie au Mondial allemand, essuyant une mémorable raclée (9-0) des mains de l'ex-Yougoslavie, il est vrai, dans un contexte particulier, les rangs du champion d'Afrique de la même année étant traversés par de profondes luttes intestines et des conflits financiers. Les deux autres défaites (2-0 contre l'Ecosse et 3-0 face au Brésil) ne pouvaient ni plus ni moins que rendre moins amer ce contact au plus haut niveau mondial. Mais il se trouve que ce foot congolais possède une solide tradition entretenue par ses deux joyaux, le Tout-Puissant Mazembe, champion d'Afrique déjà en 1967 et 1968 lorsque les clubs tunisiens ne participaient pas encore aux compétitions continentales, en plus de ses trophées plus récents de 2009, 2010 et 2015, et l'AS Vita Club, champion d'Afrique 1973 et finaliste en 1981 et 2014. Pas plus loin que dimanche dernier, le foot congolais a pris un ascendant psychologique non négligeable lorsque son club le plus représentatif, Mazembe, a bouté «out» le champion de Tunisie en titre, l'Etoile Sportive du Sahel, pour se qualifier en finale de la Coupe de la confédération. Mais on sait que la sélection, ce n'est pas forcément le club. «Les meilleurs seront là» La Libye et la Guinée ne vont pas faire de la figuration dans ce groupe «A» qui paraît sur le papier destiné à être remporté par les hommes d'Henri Kasperczak. Il ne faut pas sous-estimer deux nations qui ne manquent pas non plus d'arguments. Gare aux préjugés qui sacrifient au conformisme d'une équipe de Tunisie mieux classée que ses trois rivales au classement mondial Fifa et qui est toujours présente sur la scène continentale des clubs. S'il ne manque aucune occasion pour rappeler que les meilleurs sont là et qu'il ne néglige aucun international potentiel, le patron du onze national n'en invite pas pour autant à la plus grande prudence. A fortiori dans un foot africain où les surprises ne manquent pas avec, par exemple, une équipe du Nigeria incapable de se qualifier à la prochaine Coupe d'Afrique des nations, ou encore l'Egypte qui manque deux phases finales de la CAN. Des ressources offensives, les Aigles en auront bel et bien besoin. Le meilleur buteur de la L1, Taha Yassine Khenissi, qui pète le feu cet été, manquera à l'appel. Blessé, il en aura pour deux ou trois semaines de repos. Heureusement que Hamdi Harbaoui reprendra du service après une longue parenthèse de bannissement. Le mariage joueurs locaux-expatriés sera comme toujours crucial, même si les structures sont là, la sélection ayant démontré de réels progrès dans le match de vérité devant le Liberia.