Dans cette conjoncture économique difficile, le rapport de Davos donne un diagnostic global des lacunes structurelles auxquelles fait face l'économie tunisienne. Des lacunes qui doivent être traitées en toute urgence Sur les 138 pays que le forum de Davos a classés dans son rapport sur la compétitivité mondiale 2016-2017, la Tunisie est au 95e rang, reculant de 55 places en 5 ans. En 2011, notre pays était classé à la 32e place pour reculer à la 40e en 2012, la 83e en 2014, la 87e en 2015. Un classement qui dénote une détérioration des indicateurs économiques et sociaux. «Ceci montre que nous n'avons pas bougé pour appliquer les réformes et pour pallier ce qui guettent notre économie, comme la contrebande», lance Ahmed Bouzguenda, président de l'Institut arabe des chefs d'entreprises (Iace), à la conférence de presse dédiée à la présentation du rapport de Davos. Inefficience «Nous nous trouvons actuellement au dernier tiers du classement, alors que nous étions au premier tiers. Nous avons traversé un tiers entier de la planète», s'indigne Walid Belhadj Omar, vice-président chargé des centres et des opérations à l'Iace. En fait, le classement tient compte de 12 piliers stratégiques dont découlent 114 variables, se basant sur les rapports des institutions officielles nationales et internationales, telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), mais aussi sur des données tirées d'une enquête d'opinion auprès des chefs d'entreprise. A ce niveau, on peut remarquer un recul dans le classement pour le pilier environnement économique (99e rang), l'infrastructure (83), l'efficience du marché du travail (133e rang), le développement du marché financier (119e rang), l'enseignement supérieur et la formation (93e rang). Pour le marché du travail, son inefficience est due essentiellement à une dégradation de la qualité des relations sociales et une baisse de la productivité. «Une enquête récente a montré que les salaires ont augmenté de 40% contre une baisse de 2,3% de la productivité», indique l'expert Faycal Derbal. Facteurs M. Derbal ajoute que plusieurs autres facteurs expliquent cette détérioration. Il cite le terrorisme, le crime et la violence, une baisse de la solidité du secteur bancaire et financier, traduite par une baisse du classement de l'épargne nationale (109e rang), la solidité des banques (12e rang), la disponibilité des services financiers (100e rang). Il s'agit également des défaillances au niveau de la transparence et de la bonne gouvernance : 101e rang pour l'efficacité des organes de gestion, 95e rang pour les paiements illégaux et pots-de-vin, 92e place pour la force des normes d'audit et de reporting et 117e place pour le poids des procédures douanières. Pour le volet innovation et capacité technologique, le classement de la Tunisie reste aussi bas : 99e rang pour la capacité d'innovation, 107e place dans le partenariat université et entreprises en recherche et développement, 111e place pour la qualité des institutions de recherche et un signe révélateur, selon M. Derbal, le 112e rang pour la connexion à Internet dans les écoles. D'un autre côté, M. Belhadj Omar affirme que le pilier institutions est resté, toutefois, stable, avec un classement au 78e rang. Un bon signe mais qui est insuffisant. «Il y a lieu de s'interroger : est-ce que cela amène réellement à une meilleure gouvernance? La réalité est que ce que nous gagnons sur cet aspect, nous le perdons sur d'autres aspects, comme la corruption, le climat des affaires et la gouvernance», affirme-t-il. Il a ajouté que l'un des meilleurs classements concerne la taille du marché (60e rang), indiquant que les discours blâmant cet aspect dans les difficultés auxquelles font face les entreprises n'ont aucun sens. «Ce n'est pas cet aspect-là qui pose problème à l'investissement. Chaque année, nous offrons moins de compétitivité à nos entreprises et moins de raisons pour investir», insiste-t-il.