CSS, CAB, CSHL et OSB ouvrent les hostilités. Ils profitent de la trêve pour mettre —à leur façon— de l'ordre dans la maison Rebelote. La fièvre des limogeages a repris le dessus trois journées seulement après le début de saison. Une fièvre aiguë, une véritable épidémie s'emparant des clubs de Ligue 1. En deux ou trois jours, pas moins de quatre clubs ont changé d'entraîneur. Profitant de la trêve d'une vingtaine de jours, ils soldent visiblement leurs comptes avec des techniciens dont ils auraient aimé se débarrasser bien plus tôt. Pour ce qui est des trois mensualités d'indemnisation des techniciens remerciés, on trouvera bien de l'argent frais! Mais quand il s'agit de payer les joueurs, on avance facilement l'argument du tarissement des sources de financement. Les grèves des joueurs ne se comptent plus. Après l'ESMétlaoui la semaine précédente, c'était le tour de l'ESZarzis, mercredi dernier. Le message était clair Parmi les quatre cas de remaniement technique, c'est sans doute celui du Club Athlétique Bizertin qui intrigue le plus, surtout que le début de saison est tout ce qu'il y a de plus encourageant (sept points en trois rencontres, dont deux en déplacement). Certes, Sofiène Hidoussi ne faisait pas l'unanimité à Bizerte, mais de là à le pousser à «un divorce à l'amiable» (la formule diplomatique consacrée), il y a un pas qu'on ne voyait pas les Cabistes franchir. En lui adjoignant un directeur sportif (Mahmoud Ouertani) et un directeur technique (Pascal Janin), soit deux successeurs en puissance, le bureau nordiste lançait un message clair à Hidoussi : nous disposons de suffisamment de solutions pour assurer votre relève. Il n'y a pas longtemps, d'ailleurs l'un et l'autre se trouvaient à la tête de la barre technique d'un club. Pourquoi le bureau directeur nordiste a-t-il ressorti maintenant ces désignations et toutes celles concernant la présidence de la section football, le responsable de l'équipe seniors, le préparateur physique et l'entraîneur des gardiens ? Attendu au tournant Au Club Sportif Sfaxien, l'ère Chiheb Ellili a pris fin sur un constat d'échec. Après une entame d'exercice-canon la saison passée (une superbe série de sept victoires consécutives, et la promesse d'un titre que les «Noir et Blanc» attendent depuis le départ de Krol), le CSS est rentré dans les rangs. Sa calamiteuse fin de saison lui a coûté cher : non seulement le titre, mais également une présence en Ligue des champions. Le départ des trois piliers Moncer, Ajayi et Maâloul au mercato d'été a fini par déstabiliser complètement le groupe, auteur de prestations très moyennes malgré les sept points engrangés. A Ben Guerdane, dimanche dernier, le jeu n'a jamais décollé, les copains de Rami Jéridi se montrant incapables de se créer une seule occasion nette de but. Attendu au tournant depuis la fin de la saison dernière, bénéficiant chaque semaine d'un sursis, l'ancien sélectionneur national juniors part sur un constat d'échec. Gageons qu'il saura vite rebondir car le bonhomme a de l'ambition à revendre. Quant à son successeur, ce n'est pas un cadeau qui l'attend. Le désarroi des mal nantis Le cas du Club Sportif d'Hammam-Lif et de l'Etoile Olympique de Sidi Bouzid relève du désarroi habituel qui s'empare de clubs conscients qu'ils doivent lutter jusqu'au bout pour assurer leur maintien. Les grosses difficultés financières ajoutent à cet embarras. A Sidi Bouzid, on n'est d'ailleurs pas très loin de la débandade : retard de la préparation, campagne de recrutements fort modeste et ne répondant guère aux besoins, un président convalescent qui délègue ses pouvoirs, un vice-président, un bureau directeur habité par une seule envie : partir. Et pour corser le tout, un début de saison catastrophique,un peu dans le prolongement du retrait, au mois d'août dernier, des quarts de finale de la coupe de Tunisie au motif que l'équipe n'était pas prête et n'avait pas suffisamment d'arguments pour honorer ses couleurs. Le coach Lassaâd Maâmer, qui avait quitté la saison dernière l'OSB après quelques journées pour rejoindre le club saoudien Al-Fayha, jette encore une fois l'éponge. Au pied du Boukornine, c'est plutôt d'une erreur de casting qu'il s'agit. Dès sa nomination à la tête de la barre technique du Club Sportif d'Hammam-Lif, le Français Bernard Rodriguez n'a jamais fait l'unanimité. Quelques malins étaient allés jusqu'à dire qu'on l'a choisi parce qu'il était le seul technicien à accepter un salaire modique. A preuve son CV qu'ils ressortent et épluchent pour en conclure que le Français n'a ni la carrure ni le métier pour un tel poste. Comme les résultats ne suivaient pas (un seul point en trois matches, dont deux à domicile), il n'en fallait pas plus pour évincer un entraîneur qui paraît patauger dans l'univers du foot tunisien qu'il découvrit à l'EST, dans le staff de son compatriote José Anigo. Chaque saison, on a coutume de dire que celle en cours risque de battre tous les records de limogeage. Une façon en fait pour reconnaître que cette «bougeotte» traduit le mal-être des clubs qui en sont réduits à se rabattre sur la solution la plus facile qui exonère d'une certaine façon leurs dirigeants de toute responsabilité.