Jamais par le passé, la localisation d'un match international n'avait suscité autant de luttes sur fond de comptes à régler. La localisation du derby maghrébin Libye-Tunisie, le 11 novembre prochain, tourne au thriller. On sait que la fédération libyenne a pris tout le monde de court, son choix se portant sur la ville d'Oran, en Algérie, aux dépens de l'Egypte où on pensait que sa sélection allait comme d'habitude «se replier» en raison du climat sécuritaire tendu qui prévaut chez le voisin du Sud. Ce choix n'a pas été du goût de la fédération tunisienne qui retient que la pelouse du stade du Martyr Ahmed Zabana d'Oran n'est pas faite pour abriter un match aussi important, s'agissant des qualifications pour la Coupe du monde. Certains observateurs évoquent une bataille de coulisses impliquant le président de la fédération algérienne, Mohamed Raouraoua, sur fond de règlement de comptes. L'affaire a, en tout cas, pris une ampleur telle que la FTF a jugé utile de charger une délégation de se déplacer à Oran et superviser cette enceinte aujourd'hui au centre d'une véritable polémique. Composée de l'entraîneur national Henry Kasperczak, de l'assistant Hatem Missaoui, du directeur administratif Mohamed Gharbi, du diététicien relevant des équipes nationales Anis Yaâcoubi, d'un spécialiste du gazon et d'un chef de service au sein du ministère en charge des équipements, cette délégation à fière allure a profité de ce déplacement pour vérifier la qualité de la logistique (hôtellerie, transport...) prévalant dans la ville choisie au détriment de Sfax pour abriter les Jeux méditerranéens 2021. Elle a trouvé l'ensemble des éléments de la logistique satisfaisant. En revanche, elle déplore l'état de la pelouse qu'elle juge dans un très mauvais état au point qu'elle peut représenter un danger pour les joueurs. Cela a du reste conforté la fédération tunisienne dans sa requête visant à transférer le match du 11 novembre dans un tout autre stade. Elle a du reste invité la fédération internationale à charger une commission de superviser un stade appelé à abriter une rencontre éliminatoire de Coupe du monde mais qui ne répond pas, à ses yeux, aux critères définis par la Fifa. Mesure de rétorsion Les organisateurs, qui veillent au fonctionnement de l'enceinte oranaise, rappellent que ce stade a abrité la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations dans la catégorie U20 il y a à peine quatre ans. Huit matches, dont la finale, se sont déroulés sur cette pelouse tant décriée par la partie tunisienne. «Le tartan est de la dernière génération, soulignent les organisateurs. Ce stade aux dimensions de 110 m sur 55 peut accueillir jusqu'à 33 mille spectateurs et possède toutes les commodités inhérentes à une enceinte moderne», soutiennent-ils. Où se trouve la vérité dans cette polémique qui a eu une première conséquence fâcheuse. En effet, la fédération libyenne a décidé jeudi de délocaliser toutes les rencontres à domicile de ses sélections (et clubs, en accord avec ceux-ci) en Egypte. Or, on sait que depuis la révolution de 2011 en Libye, la Tunisie a régulièrement abrité les rencontres internationales des équipes libyennes. Cette décision en forme de rétorsion n'a pas été du goût de la FTF, laquelle se dit surprise par ce transfert et regrette de n'avoir été ni consultée ni informée alors qu'elle a régulièrement consenti de gros efforts pour assurer un terrain digne d'une sortie internationale en faveur des équipes libyennes. Pourvu que cette polémique ne soit pas prétexte à bien d'autres malentendus et donne lieu à un derby pourri entre les deux pays frères.