En 2015, l'Apia avait remis une demande d'accréditation auprès du Fonds vert pour le climat afin de bénéficier de financements à même de permettre à plusieurs projets et programmes de voir le jour L'Agence de promotion de l'investissement agricole (Apia) a organisé, hier, un séminaire scientifique ayant pour thème : «L'innovation dans le secteur agricole face aux défis des changements climatiques». Cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la 12e édition du Salon international de l'agriculture et des technologies (Siat 2016), qui se tiendra du 19 au 22 octobre 2016. Le séminaire a permis de mettre en exergue les enjeux futurs d'un secteur à la fois stratégique et vital, qu'est le secteur de l'agriculture et de la pêche maritime dans un contexte écologique placé sous le signe des mutations climatiques. L'objectif étant, pour les différents acteurs, de réfléchir ensemble sur les nouvelles orientations à adopter afin d'acclimater l'agriculture aux changements du climat. Ouvrant le séminaire, M. Samir Taïeb, ministre de l'Agriculture, des Ressources hydriques et de la Pêche, a signifié son appréciation quant au thème de la rencontre. Un thème d'actualité qui anticipe, d'ailleurs, sur les travaux du 22e congrès international sur les changements climatiques, lequel aura lieu en novembre prochain à Marrakech et qui permettra de déterminer les plans d'actions à même de concrétiser les directives adoptées dans les conventions internationales en la matière. Il a souligné le rôle crucial du secteur agricole dans la garantie de la sécurité alimentaire, ainsi que dans la promotion du développement aussi bien à l'échelle régionale que locale. Le ministre a rappelé que la région sud-méditerranéenne se définie comme étant des plus vulnérables au monde et des plus menacées par les changements climatiques. Les résultats de l'étude approfondie, réalisée en 2007 sur l'impact des changements climatiques sur le secteur agricole, sur les ressources hydriques mais aussi sur la pêche maritime sont insoupçonnables. Aussi, le plan quinquennal de développement exige-t-il la mise en place d'un plan national d'adaptation aux changements climatiques. Pour ce qui est du ministère, maints projets ont été entamés dans ce sens, dont le programme de gestion des ressources naturelles dans les régions rurales les plus vulnérables. Il envisage, en outre, la réalisation d'autres programmes axés sur la production agricole et de la pêche. Le ministre a souligné l'importance de l'investissement dans l'innovation du secteur agricole et de la pêche, rappelant que des opportunités de financement international sont possibles. Requête au fonds vert pour le climat Le fonds vert pour le climat (Green climat found) représente l'un des mécanismes internationaux spécialisés dans le financement et l'appui des programmes d'adaptation aux changements climatiques. Créé en 2011, il est le fonds financier de l'Organisation des Nations unies, rattaché à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Usant d'un budget annuel de 100 milliards de dollars, il promet une mutation qualitative des modèles de développement internationaux grâce au financement des projets et des programmes établis en vue de diminuer l'émission des gaz à effet de serre, prendre les mesures d'adaptation au réchauffement climatique. Notons que le fonds soutient les projets et programmes des pays en voie de développement qui sont les plus touchés par les changements climatiques, dont la Tunisie. Dans son allocution, M. Béchir Ounissi, représentant l'Apia, a situé la Tunisie dans son contexte climatique. Certes, notre pays ne s'aligne pas parmi les pays pollueurs. Cependant, il figure parmi ceux les plus concernés par les changements climatiques. En effet, on enregistrera une augmentation de la température de 2,1°C à l'horizon 2050 et la moyenne pluviométrique pourrait chuter de 30%. Plus encore : le niveau de la mer promet, selon les études, une hausse de 30 à 50 cm à l'horizon 2050. Pour faire face aux conséquences redoutables des changements climatiques, la Tunisie est dans l'obligation de lutter contre ces mutations et de s'en acclimater, ce qui nécessite des enveloppes colossales. Ainsi, l'Apia a remis, en 2015, une demande au Fonds vert pour le climat, afin de bénéficier des financements nécessaires à la réalisation des projets et des programmes envisagés. Une requête qui nécessite moult critères et procédures avant d'être accréditée par le Fonds, dont l'instauration d'une instance nationale spécialisée et la détermination pointue des projets et des objectifs escomptés. Préserver la biodiversité marine Pour sa part, M. Houssem Hamza, chargé de mission au cabinet du ministre de l'Agriculture, des Ressources hydriques et de la Pêche a expliqué, lors de son intervention, l'impact des changements climatiques sur le domaine de la pêche maritime. Les changements climatiques dont le réchauffement planétaire influe sensiblement sur les espèces marines. En Tunisie, par exemple, la plupart des produits de la pêche consommés sont poïkilothermes. Leur température corporelle varie en fonction de la température ambiante. Le réchauffement climatique impacte, donc, sur leur comportement, sur leur reproduction, sur leur chemin migratoire, etc. L'orateur a appelé à la mise en place d'une série de mesures stratégiques afin de préserver la biodiversité marine et protéger les espèces vulnérables. Il faudrait, en effet, établir et mettre en œuvre un plan de gestion des zones côtières dans les communautés de pêche, mettre en place un système de surveillance et de suivi participatifs, établir les jalons d'une approche éco-systémique qui servira d'outil de gestion et de gouvernance. M. Hamza a insisté, en outre, sur la nécessité de consolider l'utilisation des technologies dans les segments de capture et de post-capture.