Première du projet «Migrants» des musiciens Andrea Manzoni (piano), Javier Girotto (saxophone) et Mauro Sigura (oud) mercredi dernier à l'Acropolium de Carthage.. Programme copieux et propre à ravir les mélomanes que celui de l'Octobre musical en cette saison automnale. La cinquième soirée de l'incontournable festival de la musique classique, dont l'édition 2016 s'est voulu ouverte sur les musiques du monde, nous a permis de découvrir la première du projet «Migrants», porté par de talentueux musiciens : Andrea Manzoni (piano), Mauro Sigura (oud) et Javier Girotto (saxophone et flûte), produit par l'Institut italien de Tunisie et présenté à l'Octobre musical dans le cadre de la Semaine de la Langue Italienne dans le monde. Instruments en main, chaque musicien ne ménage ni effets ni efforts, prêt à donner le meilleur de lui-même. Résultat : une interprétation franche et sensible, pleine d'élan et de sève. Au début, une magnifique intro de saxophone soyeux... puis une attente anxieuse qui va grandissant, puis viennent le piano et le oud faisant vibrer le silence, le fragmentant en échos, soupirs, halètements et murmures tissant un climat onirique et chaleureux. La mise en scène est simple et signifiante, c'est le saxophone qui anime les autres instruments, il est celui qui tire les ficelles, qui fait briller les lumières. Il est également le maître du rythme qu'il impose et du jeu du temps. Les rythmes accrochent, tantôt berceurs, tantôt dynamiques et «mouvementés», pleins de fulgurances entre jazz européen, rythmes argentins et sonorités orientales. Tel est le principe de «Migrants», un projet de musique universelle qui sonne comme un appel à l'amitié entre les peuples. Les morceaux de musique se succèdent et ne se ressemblent pas. La maîtrise du son confère à chaque note émotion, profondeur et beauté. A chaque nouveau morceau, on sent encore et encore la profondeur, la transparence et l'originalité des couches sonores et des accords jazzy... Sur un fond sonore jazzy, les autres univers sonores se tissent et se dessinent en filigrane. En mélange avec les notes suaves du piano et la ferveur du sax, les notes orientales enivrantes du oud donnent naissance à une musique riche et lumineuse. La beauté du son, la poésie, le merveilleux, l'accord parfait du son et du geste nous plongent dans un espace sonore intrigant et plein de mystères où naissent rythmes et couleurs. Au final, en réponse à la grande approbation du public, le Trio a choisi de rendre hommage à la chanson tunisienne à travers une reprise originale de la célèbre composition d'Anouar Brahem, chantée par Lotfi Bouchnaq «Ritek ma naâref wine». Tant d'émotions palpitent dans cette œuvre dont les musiciens ont su extraire toute la beauté. Au grand plaisir du public présent ce soir-là.