Par M'hamed JAIBI Avec le gel de ses activités annoncé par la section régionale de La Manouba, la crise que connaît Nida Tounès prend les proportions d'une véritable implosion. Cette «coordination régionale», en particulier, faisait en effet figure de section tout à fait acquise à la direction officielle du parti, issue dudit «congrès» de Sousse, et plus spécialement au directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi. Le futur «front républicain» Le parti fondé par le président de la République, qui est ainsi tiraillé dans toutes les directions, en arrive, avec cette nouvelle crise, à reconnaître l'imminente implosion que plusieurs indiscrétions annonçaient. Au moment où diverses personnalités affirment agir en faveur d'un futur front tantôt «républicain», tantôt «démocratique», des bruits laissent penser que le chef de l'Etat serait favorable à un tel projet. Et l'appel du député d'El Horra Mondher Belhaj-Ali en faveur d'une nouvelle «initiative présidentielle» vient rejoindre les mystérieuses déclarations de l'ancien ministre Lazhar Akremi, et accréditer une telle éventualité. Jalled, Ben Ahmed et Belhaj-Ali Ce alors que Walid Jalled est exclu du groupe parlementaire Al Horra quelques jours après avoir été reçu par le président de la République, en compagnie de Mustapha Ben Ahmed. Ce dernier a dû rapidement prendre parti, solidairement avec Mondher Belhaj-Ali, contre le renvoi de Jalled. Sachant que le bruit court que d'autres députés d'Al Horra sont discrètement du même avis, dont Bochra Belhaj. Les tiraillements au sein de la nébuleuse nidaïste ne cessent de se compliquer mais sont devenus classiques. Ce qui est nouveau, c'est qu'ils touchent désormais le fils naturel du parti : le MPT de Mohsen Marzouk où l'on en est arrivé à une plainte en justice contre le secrétaire général. Néjib Chebbi-Mohsen Marzouk, même combat ? Cette idée de front républicain ou démocratique est défendue aussi bien par Néjib Chebbi, qui a un nouveau parti, que par Mohsen Marzouk qui n'en finit pas de mettre sur pied le sien. Et l'idée est à associer, semble-t-il, à l'allégeance à l'égard du chef de l'Etat dont se réclament peu ou prou ces personnalités que l'on a vues toutes deux avaliser l'initiative présidentielle du gouvernement d'union nationale. Mais le mystère reste entier dans la mesure où l'on ne sait si ces deux leaders mènent le même combat où s'ils entrent en concurrence. Leurs déclarations restent évasives mais l'idée d'un front ouvert aux partis, groupes et personnalités modernistes prédomine. Alors que «l'intention» prêtée au président par plusieurs «indiscrétions», mais jamais confirmée, serait plutôt un parti qu'un front. Ridha Belhaj, Faouzi Elloumi et le fameux «congrès» A un autre niveau, un groupe de dirigeants ayant «rompu» avec Hafedh Caïd Essebsi s'active à «rassembler la base» de Nida Tounès d'une région à l'autre, en direction d'un «congrès démocratique», tout en appelant à la suppression du poste de «directeur exécutif». Ce groupe, dont font partie Boujemaa Rmili et Faouzi Maaouia, a intégré en son sein aussi bien Sofiène Toubel que les anciens «bras droits» de Hafedh Caïd Essebsi : Khemaïs Ksila et Abdelaziz Kotti. Et tous déclarent désormais appuyer le gouvernement Chahed et soutenir le groupe parlementaire de Nida. Après s'être frontalement opposés, dans un premier temps, à l'initiative présidentielle du gouvernement d'union nationale. A moins qu'ils ne projettent d'hériter de Nida et laisser se faire le «nouveau parti».