Après une vingtaine d'années d'enseignement des maths en arabe pendant tout le cycle de base, il est temps de marquer une pause et de faire le bilan Le classement de la Tunisie parmi la soixantaine de pays ayant participé à l'enquête Pisa (enquête sur les acquis des élèves) illustre bien nos contre-performances. En effet, nous occupons les dernières places parmi les 64 pays en compétition. On se demande, alors, ce qui peut entraver les apprentissages chez nos jeunes élèves. D'aucuns imputent ces difficultés à l'introduction de la langue arabe dans l'enseignement des maths. Il faut, justement, savoir que nos élèves reçoivent des cours de calcul et de maths en arabe jusqu'à la neuvième. En première année secondaire c'est l'utilisation de la langue française. Ce rythme n'est pas sans laisser des séquelles sur les capacités d'apprentissage. Dans les écoles primaires, l'enseignement est effectué totalement en arabe (écriture et symboles). À partir de la septième et jusqu'à la neuvième l'écriture est en arabe mais les symboles mathématiques sont en français. Cela nécessite, au début de l'année, des séances de mise en place de certains mécanismes. En réalité, cette préparation préliminaire constitue du temps perdu. En outre, elle est susceptible de perturber et de déconcentrer l'apprenant qui doit renoncer à des habitudes déjà ancrées dans son inconscient. Aussi, constate-t-on des taux très élevés de redoublement et de décrochage au cours de cette année. N'oublions pas que ce mode d'enseignement s'ajoute au dépaysement que l'écolier ressent en passant au collège. Les enseignants eux-mêmes ont dû suivre des séances de formation et de recyclage pour dispenser ces enseignements. Et, sur ce point, il reste toujours important de savoir que les formateurs, eux aussi, ont besoin d'être formés. L'option pour la langue arabe peut s'expliquer par des considérations, surtout, politiques et idéologiques. Les langues étrangères sont utilisées, chez nous, comme moyens pour véhiculer les connaissances. D'autant que les connaissances modernes sont, particulièrement, disponibles dans les langues française ou anglaise. Les enseignants, ou du moins un bon nombre d'entre eux, sont dans l'incapacité de mettre en œuvre leurs connaissances en technologies modernes. En effet, les professeurs de maths de l'enseignement de base, à titre d'exemple, ne peuvent pas utiliser les tableurs ou les logiciels d'algèbre et de géométrie ainsi que les didacticiels et autres logiciels d'exercices dans l'élaboration des cours parce qu'ils ne sont pas disponibles en langue arabe.