Le Stade Gabésien s'applique depuis quelque temps à ne pas semer ses petits cailloux au hasard. On pourrait raconter sans cesse l'histoire du petit poucet, mais les grands noms du championnat vont devoir s'employer pour de bon pour tenir leur rang. Le football raffole de ces contes qui bouleversent la hiérarchie. Avant-hier, ce devait être une fête dans les gradins clubistes. Elle a bien eu lieu, mais auprès des quelques supporters gabésiens qui avaient accompagné leur équipe à Tunis. La fable sied généralement à la Coupe. On la savoure d'autant plus qu'elle propose cette fois sa morale au championnat. On en profite quand elle s'impose avec des individualités au top, un collectif de plus en plus huilé, et un entraîneur ‘'détonateur'', en l'occurrence Lassaâd Dridi. Le « petit » club se propose de bouleverser la hiérarchie et, sait-on jamais, de se revendiquer dans la peau d'une équipe qui peut aussi jouer les premiers rôles. Depuis quelque temps, le Stade Gabésien ne passe pas inaperçu. Il vient de goûter à l'expérience africaine. Il a même réussi à battre le grand TPMazembe. Il s'est qualifié à la finale de la Coupe de Tunisie. Il ne se perd pas dans les tréfonds de la zone des relégables. C'est un ballon qui roule et amasse de nouvelles valeurs. La volonté, la détermination et le dévouement pour les couleurs du club qui s'opposent aux ‘'certitudes'' des chèques. Voilà qui va apporter un peu de douceur à un flux d'habituels constats moroses, lourds et inquiétants pour notre football. Oui, le Stade Gabésien fait rêver ! La démonstration lors de la dernière sortie face au Club Africain vaut ce qu'elle vaut. Intéressante, surtout parce que l'équipe s'applique depuis quelque temps à ne pas semer ses petits cailloux au hasard. Ce qu'elle est en train d'accomplir n'est pas une surprise à regarder de haut, avec le sentiment de céder quelques bribes et quelque fragments à celui qui en éprouve le besoin. Et qui finira de rentrer dans le rang. La leçon est sévère pour le CA. On n'est pas forcément meilleur que ceux qu'on avait l'habitude de battre. Sur le terrain, chacun donne le meilleur de lui-même. Et la passivité a la même racine que la fatalité. Surtout lorsque l'initiative se retranche. Privé de discernement, d'imagination et de créativité, il est tombé encore une fois dans ses travers. C'est une grande misère que de n'avoir pas assez de réflexion dans le jeu, ni assez d'initiative pour faire la différence sur le terrain. Voilà le principe de toute cette impertinence clubiste... Le jeu, un repère idéal (ou presque) pour une équipe comme le SG? C'est ce qui ressort de la plupart de ses prestations. Sur un nombre calculé de phases abouties, l'inspiration, la créativité sont à l'origine de la révolte gabésienne. Quoi qu'il en soit, l'équipe fait rêver. Dans sa manière de jouer, dans ses différentes interpellations. Par amour aussi bien pour les performances que pour l'attrait des formules d'attaque et de jeu. Et c'est toujours mieux que de subir. Cela ne peut être qu'une réponse aux avis évoquant les déboires du jeu offensif, sa mauvaise interprétation, son attrait relatif, ses perspectives. Même si tous les commentaires et toutes les analyses ne feront jamais le tour ni des multiples réalités ni des charmes toujours renouvelés de l'option de faire le jeu. Le foot... et le reste! Le SG apprend, encaisse, fait des erreurs, assume, tombe. Puis, il se relève. Ses joueurs ont des profils différents. Ils amènent de la vitesse et de la profondeur. De la solidité et de la technicité au cœur du jeu. Il faut dire que de nouvelles méthodes et formules entrent dans le jeu de l'équipe gabésienne, notamment par une série d'approches qui ne véhiculent pas des significations déjà acquises, mais qui sont une ouverture sur un jeu en devenir. Cette philosophie introduit en contexte footballistique des approches jusque-là interdites chez les petites équipes. Dridi et ses joueurs font une recomposition des priorités et des approches qui ne sont ni de l'offensive pure ni de la défense pure. C'est cela le plus, essentiellement dans certains matches. On a ainsi la chance d'avoir des solutions et de garder l'équipe sur un rythme compétitif. Le SG veut aujourd'hui imposer sa voie et sa voix. Son football est avant tout un football d'espaces et d'inspiration. Mais le plus important dans tout cela, ce n'est pas ce qu'il lui arrive, mais ce qu'il peut vraiment faire avec ce qu'il lui arrive. Beaucoup plus difficile à faire qu'à dire, mais qu'importe. Oser, jouer, aller de l'avant, tenter... Le club doit avoir raison de faire confiance en Dridi. D'ailleurs, il n'est pas en train de dénaturer le football de l'équipe comme cela a été avancé par ses détracteurs. Il remplit bien sa mission. Mission qui consiste à combattre la nullité, les standards et règles communément respectés fussent-ils déguisés en contrainte de résultat qui ne cesse d'influencer la manière de jouer de la plupart de nos équipes. Des équipes comme le SG, seule leur propre destruction pourrait les arrêter!...