« Nous sommes dans un pays qui a connu un système de prédation et de spéculation foncière à grande échelle, et ce n'est peut-être pas fini aujourd'hui », affirme Christian Saelens, délégué de Wallonie-Bruxelles Tunis reçoit depuis hier une rencontre internationale sur le thème « Villes en développement : politiques de valorisation du patrimoine ». Inaugurée par Seifallah Lasram, maire de Tunis, et le ministre de la Culture, Mohamed Zine Al Abidine, la séance d'ouverture a vu la participation des partenaires de la rencontre, à commencer par la Wallonie-Bruxelles, ainsi que l'Association internationale des maires francophones, l'Unesco Maghreb, Icomos, l'Institut du patrimoine wallon, la municipalité de Tunis, l'Institut national du patrimoine et l'Association de sauvegarde de la Médina. La conférence de Tunis qui se tient à l'Hôtel de Ville de La Kasbah, fait suite à la conférence de Dakar organisée en juillet 2014, dont les actes soulignent l'importance de la création d'un réseau francophone transversal de protection du patrimoine. Parmi les recommandations de cette déclaration, promouvoir des activités ciblées, à l'instar des « journées du patrimoine », s'appuyant sur la société civile et les écoles en vue de sensibiliser notamment les jeunes et les enfants à la question. Le ministre de la Culture, dans son allocution inaugurale, a insisté sur l'élaboration de politiques de valorisation du patrimoine associée à des actions concrètes. Il a également signalé la nécessité de faire de la culture un vecteur de promotion décliné « en stratégies concrètes qui dépassent la littérature » et donc le stade théorique. Visite guidée Une centaine de participants étaient présents dont nombre d'experts internationaux dans le domaine du patrimoine, de l'architecture et de l'urbanisme. Ils ont animé plusieurs ateliers sur les thèmes des initiatives associatives ou sur les démarches institutionnelles des Etats pour la protection du patrimoine et sa valorisation. Des visites emblématiques de certains sujets de la conférence, la Médina de Tunis ou les sites de Carthage, ont été organisées en l'honneur des hôtes. La conférence de Tunis sera, selon ses organisateurs, un espace facilitant l'échange des expériences et des expertises en Francophonie et à l'international. Autre objectif invoqué : soutenir et encourager les pouvoirs nationaux et locaux, les citoyens et les associations en matière de valorisation du patrimoine et des paysages historiques urbains. La question du civisme est posée M. Christian Saelens, délégué de Wallonie-Bruxelles, était le dernier de la séance d'ouverture à prendre la parole. Se félicitant d'abord de la richesse et de la diversité des statuts des participants qui prennent part aux travaux, à savoir des responsables administratifs, des scientifiques, des architectes et urbanistes, des historiens et géographes, des restaurateurs du patrimoine, des représentants de la société civile. Il n'a pas manqué de citer quelques caractéristiques spécifiques du pays hôte : « Nous sommes dans un cadre très particulier à travers le monde arabe et une expérience démocratique en cours qui pose la question essentielle de la gouvernance et de la méthode. Ce qui nous réunit aujourd'hui, c'est une question de bonne gouvernance ». Connaissant visiblement fort bien les crises par lesquelles est passée la Tunisie et qui perdurent encore, soit dit en passant, M. Saelens enchaîne : « Nous sommes dans un pays qui a connu un système de prédation et de spéculation foncière à grande échelle, et ce n'est peut-être pas fini aujourd'hui. Il y a de réelles menaces qui pèsent sur le patrimoine. Nous sommes aussi dans un pays qui a connu un contexte tendu dans lequel se sont produites des destructions de monuments et lieux saints ou historiques. Nous sommes dans un pays où la question du civisme et du respect de l'autorité publique est posée, face au non-respect des règles qui génèrent des incivilités nombreuses qui portent atteinte au patrimoine et à la vie quotidienne ». La conférence de Tunis, organisée dans la perspective d'un aménagement durable, équitable et créatif des espaces urbains, sera couronnée par la Déclaration de Tunis. A suivre.