Par M'hamed JAIBI L'élection des membres du Conseil supérieur de la magistrature représente la concrétisation solennelle d'un objectif majeur dans la mise en place démocratique des institutions républicaines de la IIe République. Elle matérialise le principe d'indépendance de la justice et couronne le majestueux édifice du troisième pouvoir souverain. Cette élection, qui rompt définitivement avec la mainmise du pouvoir exécutif sur la justice, vient remémorer la longue et pénible lutte des magistrats tunisiens au sein de leur glorieuse association, à travers les générations, avec ses victoires, ses compromis et ses défaites, et notamment les souffrances subies par les leaders de l'épopée sévèrement réprimée : Ahmed Rahmouni, Kalthoum Kennou et leurs camarades. Et cette élection transparente et démocratique sonne la réconciliation entre tous les acteurs de notre justice : entre l'ensemble des magistrats et entre les magistrats, les avocats et les différents corps des auxiliaires de justice, au service des nobles idéaux communs. Sans justice souveraine arbitrant équitablement les litiges au sein de la société, sur la base de législations justes, la citoyenneté et la démocratie perdraient toute leur signification. S'adressant à la nation, le président de la République a mis en évidence la place de l'élection du CSM dans le parachèvement des instances constitutionnelles en sa qualité de symbole de l'indépendance du pouvoir judiciaire, seul rempart préservant durablement les droits et libertés. Mais cette élection en elle-même et cette indépendance du troisième pouvoir ne sauraient être le garant d'une justice effectivement juste et performante, à l'abri des égoïsmes, influences et abus, que par une réforme de fond donnant au juge tous les moyens et la disponibilité qui s'imposent. De même qu'il est essentiel que se poursuive une lutte citoyenne de chaque instant à l'effet de rompre définitivement avec des réflexes et pratiques répréhensibles ancrés dans le fonctionnement quotidien du système judiciaire et les comportement du justiciable.