Concert du duo autrichien Aliada : Michal Knot (trompette) et Bogdan Laketic (accordéon) dans le cadre de l'Octobre musical à l'Acropolium de Carthage. Ce soir-là l'orage et la bourrasque ajoutaient leur grain de sel à la représentation du duo autrichien Aliada. Environ 200 à 250 spectateurs présents étaient surpris par la nature qui, soudainement, s'est déchaînée. Michal Knot et Bogdan Laketic, l'un à la trompette et l'autre à l'accordéon, formaient un duo accompli et imperturbable. Ils ont décidé pour l'Octobre musical de proposer un programme diversifié qui revisite la musique du passé en l'adaptant à des instruments dont le mariage n'est pas en principe requis. Mais le talent, l'imagination et la créativité de ce duo de musiciens, qui avait du feu dans les doigts, ont concouru à faire réussir une entreprise qui aurait pu être vouée à un certain échec. L'harmonie s'est installée depuis les premières notes. L'accordéon, souvent relégué aux bals musettes, prend ici des hauteurs et côtoie avec volupté la trompette et le saxo. Une incroyable fraîcheur Le duo Aliada a offert un répertoire varié, voire parfois surprenant. C'est le concert en sol mineur, RV 439 « La Notte » d'Antonio Vivaldi (1678-1741) qui a ouvert le bal. Il s'agit d'une relecture du répertoire baroque de Vivaldi. Ce qui paraît comme appartenant à un passé révolu, prend une fraîcheur incroyable avec néanmoins des instants de mélancolie à faire chavirer les cœurs. Dès le largo du Concerto en sol mineur, le ton est donné. Nuances et alanguissements confèrent une dimension assez dramatique à l'ensemble tout en contraste et subtilité. Edvard Grieg (1843-1907), compositeur moins connu, a été mis à l'honneur par le duo Aliada. La Suite Holberg, Op. 40, plus précisément Suite op.40 : du temps de Holberg est une suite musicale en cinq mouvements écrite par Edvard Grieg en 1884 afin de célébrer le bicentenaire de la naissance du dramaturge et auteur danois Ludvig Holberg, né en 1684 dans la même ville que Grieg, Bergen en Norvège. Originellement intitulée Suite dans le style ancien, l'œuvre respecte un découpage traditionnel dans la musique baroque du XVIIIe siècle, selon : Praeludium (Prélude), Sarabande, Gavotte, Air et Rigauddon. Quoique composée à l'origine comme une œuvre pour piano (instrument dont Grieg était virtuose), la version la plus célèbre de nos jours de la Suite Holberg est l'arrangement pour orchestre de cordes fait par Grieg en personne. On remarquera sans difficulté les analogies entre cette musique et certaines suites baroques de Bach (1685 - 1750), contemporain de Holberg (1684 - 1754), ainsi que les accents folkloriques particulièrement présents dans le rigaudon, essentiels dans l'œuvre de Grieg. La splendeur de Bartók Les 3 miniatures de Krzysztof Penderecki (1993) ont été honorées de la meilleure manière qu'elle soit. De même que les 6 chansons folkloriques espagnoles destinées à l'origine au piano et voix haute ont trouvé grandement leur place. Quant aux danses folkloriques roumaines, elles sont une suite de six courtes œuvres pour piano composées par Béla Bartók en 1915. En 1917, il l'a adaptée pour orchestre de chambre. Ces danses sont basées sur sept thèmes transylvaniens, qui étaient originellement joués au violon ou au kaval. Initialement, l'œuvre était intitulée Danses populaires roumaines de Hongrie, mais Bartók a changé le nom lorsque la Transylvanie a été rattachée à la Roumanie en 1918. Elle est aujourd'hui disponible dans sa version de 1917, écrite avec l'armure que Bartók rechignait souvent à indiquer. Michal Knot et Bogdan Laketic lui ont donné une sensibilité et un caractère contemporain sans tomber dans la nostalgie béate. Entretemps, l'orage est passé et la pluie a cédé la place au parfum de la terre mouillée et le souvenir d'une soirée d'automne pas comme les autres.