Dans une euphorie sans bornes, les responsables vantent l'opération de repêchage des élèves qui ont été « victimes » de décrochage scolaire. De ce fait, l'institution scolaire est jetée dans une aventure aux contours flous. Si l'intention dans son apparence est bonne, elle n'est pas sans mauvaises conséquences pour les générations futures. On parle, aujourd'hui, du retour de 20.000 élèves sur les bancs des écoles. On oublie, pourtant, les autres qui redoublent l'année et qui constituent un lourd fardeau pour leurs camarades non redoublants. Cette situation mérite qu'on s'y attarde un peu et qu'on examine son impact sur le système éducatif à plus ou moins long terme. Dans les collèges, notamment, ce sont les élèves et les parents (et les enseignants, sans doute,) qui subissent les retombées néfastes des mesures en vigueur dans ce contexte. Qu'en est-il, en réalité ? Avec un taux élevé de redoublement dans les collèges (plus particulièrement en 7e année avec plus de 20 %), l'instauration d'un climat propice à l'enseignement n'est plus à la portée. En effet, on constate que des conflits naissent très souvent entre ces catégories d'élèves. Les affectations arbitraires d'une école primaire au collège se font selon des critères peu transparents, du moins si l'on se place du côté des parents. Ces derniers sont étonnés de voir leurs enfants dirigés vers des établissements qui ne répondent pas au critère de la proximité territoriale. Classes hétéroclites Le critère du niveau, lui aussi, semble être ignoré. D'excellents élèves sont placés dans la même classe que d'autres très moyens ou plusieurs fois redoublants. Le décalage flagrant dans l'âge est de nature à perturber l'ambiance et à créer des rapports très tendus entre ces petits élèves et leurs aînés de trois ou quatre ans ! Comment peut-on tolérer que cet état persiste ? Cela va à l'encontre de la formation des enfants et de l'amélioration de leur niveau. Car c'est tout à fait le contraire qui est en train de se produire. Les bons éléments sont noyés dans la médiocrité, l'indiscipline et dans l'absence d'encadrement. La dégradation du niveau des apprentissages est due, entre autres, à cette négligence constatée dans la prise en charge de cette frange d'élèves qu'on cherche à repêcher. Les parents aimeraient des mesures décisives afin que les élèves soient bien orientés et bien encadrés. Les bons ne doivent pas payer pour les autres. Si on veut récupérer ceux qui ont décroché et si on veut assurer la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans, il est urgent de prendre en compte l'intérêt des autres élèves. Ceux-ci ne sont pas là pour payer les pots cassés. Dans cette optique, on ne fait que tirer le niveau vers le bas au lieu de s'inscrire dans une dynamique d'excellence. Menaces sur le niveau Les rares initiatives tentées par certains chefs d'établissement en vue de créer cette dynamique sont battues en brèche par des démagogues qui évoquent la «sélection» ! Comme si le fait de tendre vers la voie de l'élite était un crime ! C'est à se demander où va notre pays. Alors, pourquoi ne pas créer des institutions spéciales avec un encadrement adéquat destiné à cette catégorie de scolarisés à problèmes? Car continuer dans cette voie en «intégrant» des enfants en péril, on risque d'exclure une bonne partie de nos enfants du circuit ordinaire. Il n'est que de voir ce qui se passe, actuellement, pour se faire une idée précise de la situation. C'est une atmosphère de «sauve-qui- peut» qui règne dans un grand nombre d'institutions éducatives. Les parents sont nombreux à changer leurs enfants d'un établissement à un autre dès qu'ils relèvent ces anomalies ou, carrément, optent pour l'enseignement privé et payant. D'ailleurs, ces établissements affichent le plein et refusent de nouvelles inscriptions ! Une autre filière de l'enseignement privé est en train de naître : elle se veut plus performante que les collèges et les lycées libres connus. Et la preuve est là !