La visite en Tunisie de Mme Federica Mogherini, Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la sécurité, en cette période particulièrement agitée de l'année, sur le double plan politique et social, porte en elle des signes positifs pour l'avenir des relations, pour le moins qu'on puisse dire traditionnelles, entre la Tunisie et l'Union européenne Dans moins d'un mois, la Tunisie tiendra, en effet, l'événement de l'année, voire des cinq dernières années post-révolution : la conférence internationale sur l'investissement «Tunisia 2020». Du côté tunisien, de grands espoirs sont liés à cette importante rencontre, économique par excellence mais dont les retombées seront également politiques et sociales. Il s'agit de lever des fonds et de convaincre des investisseurs étrangers pour financer et relancer de grands projets structurants dont la Tunisie a besoin aujourd'hui pour combattre le chômage des jeunes et sortir de l'impasse de la crise socioéconomique qui s'enlise chaque jour un peu plus depuis les événements de décembre 2010-janvier 2011. D'ores et déjà, selon le commissaire général de la conférence international sur l'investissement, Mourad Fradi, 1.800 préinscriptions sont déjà enregistrées à cet important rendez-vous et 50 projets d'investissement public, privé et en PPP sont prêts à être présentés à la conférence. Les chiffres sont importants. Reste la concrétisation. Du côté de l'Union européenne, l'engagement européen de soutenir la Tunisie est renouvelé par la voix de sa Haute représentante, Mme Mogherini, en visite de deux jours dans notre pays, qui a déclaré hier que « l'investissement dans le présent et le futur de la Tunisie et plus particulièrement dans la jeunesse tunisienne est une priorité stratégique pour l'Union européenne». A l'issue de son entretien, hier, avec le président de la République, la chef de la diplomatie européenne a également réaffirmé la détermination de l'Union européenne à appuyer la Tunisie pour faire réussir ses programmes de développement. « Notre partenariat avec la Tunisie va au-delà du simple soutien financier. Il touche tous les domaines de coopération : l'environnement, l'emploi, le développement économique, la sécurité et la politique étrangère». a-t-elle souligné ajoutant que «tous les pays membres de l'Union Européenne appuient unanimement l'attribution du statut de partenaire privilégié et spécial de l'UE à la Tunisie». A noter qu'au cours de sa visite, Mme Mogherini aura des entretiens avec des responsables tunisiens pour examiner les mesures susceptibles de contribuer à la réussite de la Conférence internationale sur l'investissement (29 et 30 novembre). L'engagement européen est aussi financier. A ce titre, il faut rappeler que le Parlement européen et la Commission européenne avaient, récemment, décidé de porter à 300 millions d'euros le soutien financier à la Tunisie en 2017 et de le reconduire jusqu'en 2020. Sommet Tunisie-Union européenne La visite de Mme Federica Mogherini vient également à un mois d'un autre important événement politico-socio-économique qui se tiendra à Bruxelles, le 1er décembre prochain : le sommet Tunisie-Union européenne. Le président Béji Caïd Essebsi assistera à ce sommet d'importance majeure aux côtés des présidents du Parlement européen, Martin Schultz, du Conseil de l'Europe, Donald Tusk, et de la Commission européenne, Jean-Pierre Juncker. La visite de Mme Mogherini s'inscrit donc dans les préparatifs de ce sommet auquel la participation de la Tunisie sera déterminante pour les deux parties. Et ce pour maintes raisons : l'Union européenne, d'une part, premier partenaire économique de la Tunisie, voudrait accélérer et élargir ses accords de libre-échange avec la Tunisie pour ce qui concerne notamment les services et les produits agricoles (Aleca) ; et la Tunisie, d'autre part, cherche à négocier des accords pour instaurer un nouveau et véritable partenariat mutuellement bénéfique et profitable aux deux parties. Il s'agit là, faut-il le rappeler, d'une revendication émanant de différents milieux d'affaires, associatifs, syndicaux ainsi que politiques qui estiment que les accords avec l'UE ne sont pas équilibrés et que l'économie tunisienne ne peut pas faire face à la concurrence européenne. A ce propos, le ministre des Affaires étrangères, Khemaïes Jhinaoui, a affirmé avoir discuté avec Mogherini des préparatifs du premier sommet Tunisie-UE formulant l'espoir de voir les travaux de ce sommet aboutir à des résultats concrets qui illustrent la place de choix qu'occupe la Tunisie auprès de l'UE. Pour le volet environnemental, Federica Mogherini a assisté hier au lancement officiel du projet de dépollution intégrée du lac de Bizerte, financé par la Banque européenne d'investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et l'Union européenne.