• Le chômage compromet fortement la croissance mondiale • Les politiques budgétaires devraient continuer à soutenir la reprise et la création d'emplois, estime le FMI La crise a engendré une forte poussée du chômage dans le monde, porté de 30 millions de personnes en 2007 à plus de 210 millions aujourd'hui. Les pays avancés ont été les plus touchés en raison des conséquences sociales à long terme, notamment sur la santé et sur les enfants des chômeurs. C'est ce qui ressort du bulletin mensuel du FMI. Le FMI et l'Organisation internationale du travail ont, d'ailleurs, publié une évaluation objective de l'évolution du chômage depuis la crise mondiale, constatant que le monde sera confronté à des difficultés majeures pour créer un nombre suffisant d'emplois de qualité afin de soutenir la croissance et le développement. Cette étude démontre que dans plusieurs pays avancés, le chômage reste très élevé et présente peu de signes de fléchissement à brève échéance, alors que dans les pays émergents et en développement, le choc économique a durement frappé les emplois dans les secteurs exportateurs qui connaissent une reprise découlant en partie de la diversification des marchés d'exportation qu'ils ont entreprise pour être moins dépendants des pays avancés. Le ralentissement de l'activité observé en 2007-2009 a, par ailleurs, affecté le secteur informel des économies en développement. L'emploi informel s'est accru, de même que le nombre de travailleuses et de travailleurs dont les revenus ne suffisent plus ni à assurer leur subsistance ni à éviter la pauvreté. De lourdes conséquences Mettant l'accent sur les conséquences de cette crise, l'institution souligne que la grande récession pèse lourdement sur le chômage qui remet en cause les conditions de vie, la sécurité et la dignité de millions de personnes à travers le monde. La communauté internationale doit se mobiliser pour relever ce défi qui exige une action concertée, indique le FMI qui relève aussi que le taux de chômage s'est accru de 3 % dans les pays avancés depuis 2007 et de 0.25 % dans les pays émergents. Dans les pays avancés, les plus fortes poussées ont été notamment observées en Espagne (où l'augmentation a avoisiné 10 %), aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande. Par contre, en Allemagne et en Norvège, le taux de chômage est resté quasiment stable. Créer plus d'emplois On apprend aussi que les jeunes (de 15 à 24 ans) représentent actuellement le quart de la population active dans le monde avec 619 millions de personnes. Malgré plusieurs années de croissance économique accélérée, le chômage des jeunes est resté systématiquement élevé, atteignant 13 %, soit 81 millions de personnes en 2009. S'il faut se fier aux effets des récessions antérieures, souligne le FMI, le coût pour les chômeurs pourrait se traduire par une perte durable de revenu, une réduction de l'espérance de vie, la détérioration des résultats scolaires et des perspectives de revenus de leurs enfants. Le chômage risque aussi d'influencer les comportements et de nuire à la cohésion sociale. Le FMI a indiqué que la plupart des pays ont mis en place des ripostes politiques fermes à trois volets pour tenter d'atténuer ce coût : des mesures monétaires et budgétaires de soutien à la demande globale, des programmes d'emploi et d'indemnités de chômage à court terme pour atténuer les tensions sur le marché du travail et différents types de subventions pour accélérer la reprise du marché de l'emploi. Tentant d'étouffer la crise en 2009, plusieurs pays avancés ont eu largement recours à des mécanismes de stimulation de l'offre d'emplois. Il s'agissait notamment de subventions ciblant les segments de la population les plus affectés par le chômage, à savoir les chômeurs de longue durée et les jeunes. Pour le reste de 2010 et 2011, le FMI estime que la politique budgétaire devrait continuer à soutenir la reprise. Mais à l'évidence, la marge de manœuvre des dépenses publiques varie d'un pays à l'autre et la stratégie à trois volets devrait être adaptée à la situation budgétaire et aux réalités de chaque pays. Le FMI rappelle, entre autres, les chiffres actuels : En 2010, on dénombre près de 210 millions de chômeurs, soit une augmentation de plus de 30 millions de personnes par rapport à 2007. Avec une croissance annuelle de la population active de 1,6 %, ce qui ajoute plus de 45 millions de nouveaux demandeurs d'emploi par an à la population active dans le monde, les difficultés exacerbées par la crise risquent de s'accroître. Au cours des 10 années à venir, souligne le FMI, plus de 440 millions de nouveaux emplois devront être créés pour absorber les nouveaux entrants dans la population active et davantage encore pour inverser le chômage provoqué par la crise. En outre, les pays en développement doivent réaliser une croissance accélérée pour absorber leur population active en expansion et satisfaire la demande d'emploi liée à l'exode rural.