Il y a un temps pour la revendication syndicale légitime et aussi un temps pour l'action sur le terrain. A la veille de la Conférence internationale sur l'investissement, les Tunisiens se posent la question : qui veut avancer, qui veut reculer ? Ceux qui professent à longueur de journée que la Tunisie avance à pas sûrs sur la voie de la catastrophe, qui prédisent qu'on est en train de faire le lit d'un nouveau 26 janvier analogue à celui de 1978, qui répandent les informations selon lesquelles les salaires de janvier 2017 sont menacés et qui mobilisent les écoliers dans l'objectif de faire dégager Néji Jalloul, le ministre de l'Education — qui se trouve malheureusement lâché par ses collègues du gouvernement et aussi par ses amis au sein de Nida Tounès — peuvent-ils réajuster leurs lunettes pour découvrir qu'il y a d'autres événements qui se passent en Tunisie et qui méritent un brin de leur attention parce qu'ils montrent, qu'importe l'angle sous lequel on les observe, que le pays est en train d'avancer, de motiver encore les énergies et les compétences qui veulent travailler et surtout d'accueillir des personnalités étrangères de tous bords qui viennent régulièrement chez nous pour découvrir de visu comment les Tunisiens mènent leur transition démocratique et pour voir comment ils peuvent accompagner cette même transition et tirer aussi les dividendes inhérents. Qu'il s'agisse des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) qui ont fait, durant une dizaine de jours, de la Tunisie entière (les JCC étant descendues dans les régions) la capitale du cinéma africain, arabe et aussi des pays de l'Amérique latine et qui nous ont rappelé que nos jeunes aiment toujours la vie et vont toujours au cinéma au point de passer des heures entières à faire la queue pour accéder aux salles de cinéma, il nous a été donné de constater que nos cités répondent encore aux belles initiatives, y adhèrent, s'y intègrent et que nos jeunes rouspètent contre les insuffisances mais participent à la fête parce qu'ils savent qu'il est de leur devoir d'assumer leur part de responsabilité dans la lutte contre ceux qui veulent tuer la ville et semer parmi ses habitants l'insécurité et la peur. Idem pour les Journées théâtrales de Carthage (JTC) qui ont pris le relais deux jours après la clôture des JCC pour répandre la joie et le bonheur dans les rues des villes tunisiennes (les JTC se sont elles aussi décentralisées et les habitants de Kasserine, Siliana, Zaghouan, entre autres, ont goûté aux spectacles que proposait la 18e édition du festival) et aussi au sein des centres pénitentiaires et des casernes où nos soldats campent en veillant à nous protéger contre le cancer terroriste. Et quand d'illustres acteurs, metteurs en scène, universitaires et critiques africains, arabes, américains et européens viennent en Tunisie participer à la fête du théâtre, raviver la flamme de l'amour des planches auprès de nos jeunes et leur montrer que seul l‘art est la richesse qu'ils doivent acquérir pour mériter de la liberté, il est permis de continuer à se sentir fiers que notre pays dispose de la confiance de nos amis africains et jouit aussi de cette crédibilité et de cette image d'un pays où la création est honorée et les artistes sont appréciés. D'ailleurs, l'adoption, à l'occasion des JTC, du Pacte de Carthage pour la protection des créateurs et des artistes prouve que la Tunisie est toujours le pays des initiatives qui rassemblent et qui redonnent de l'espoir à ceux qui ont le sentiment que tout est perdu. Les investisseurs dans nos murs Et la dynamique ne s'arrêtera pas avec la clôture, hier, des Journées théâtrales de Carthage. Mardi 29 et mercredi 30 novembre, le Palais des congrès à l'avenue Mohamed-V ouvrira ses portes pour accueillir quelque 2.000 investisseurs étrangers qui viendront découvrir les projets qu'ils peuvent financer dans l'objectif d'apporter à la Tunisie post-révolution le soutien dont elle a besoin pour réussir sa transition démocratique et faire redémarrer sa machine économique. Ils ne viendront pas en terrain qu'ils ne connaissent pas ou pour tenter l'aventure. Déjà, leurs homologues tunisiens leur ont balisé la voie à suivre. Pas plus tard que vendredi 25 novembre, une vingtaine d'investisseurs tunisiens ont répondu favorablement à l'initiative lancée par le président Béji Caïd Essebsi et ont décidé de mettre le paquet : une enveloppe de 1.500 millions de dinars est consacrée à 14 gouvernorats dits prioritaires avec l'ambition de créer 50.000 emplois. Vendredi, Wided Bouchamaoui, présidente de l'Utica, a conduit une délégation comprenant les plus grosses pointures en matière d'investissement pour rencontrer le chef de l'Etat et lui assurer qu'ils sont prêts à investir dans les régions où plusieurs prétendus révolutionnaires continuent à dicter leur loi, encouragés ou gonflés à bloc par cette caste de politiciens et syndicalistes qui n'ont pas encore compris qu'il existe un temps pour la revendication partisane et les caprices syndicalo-populistes et qu'il y a aussi un temps pour l'action sur le terrain auprès des Tunisiens qui ont besoin et veulent travailler. Aujourd'hui, on donne le coup d'envoi du mégaprojet «Port financier de Tunis», dont le coût est estimé à environ 6,5 milliards de dinars. Il couvrira 523 hectares dans la région d'El Hissiane (à proximité de Raoued, du côté de l'Ariana). D'autre part, l'autoroute Tunis-Oued Zarga-Béja-Boussalem est désormais opérationnelle. Enfin, les projets qu'on croyait abandonnés sont de retour.