Un film de quelques minutes retraçant le voyage d'un groupe de jeunes touristes qui ont sillonné le pays, des plages du Cap Bon au désert de Tozeur en passant par les médinas et le colisée d'El Jem, montre les fortes sensations qu'offrent les diverses attractions du pays. Les réactions spontanées de ces jeunes pleins de vie en disent long sur la beauté d'un pays, trois fois millénaire, à quelques heures de l'Europe, comme l'a souligné la ministre du Tourisme, Selma Elloumi Rekik, à l'ouverture du panel intitulé « La Tunisie, une nouvelle offre ». La Tunisie dispose de plusieurs atouts dans son portefeuille lui permettant de redevenir une destination phare de la Méditerranée, fait-elle savoir. « Les difficultés survenues durant ces dernières années ont montré encore une fois la grande résilience du secteur et nous réconforte quant à la relance du secteur », poursuit-elle. «La Tunisie demeure attractive», renchérit-elle, comme le confirme le nombre d'enseignes qui se sont installées sous nos cieux depuis la révolution. Secteur clé du développement de l'économie mondiale, le tourisme l'est aussi pour la Tunisie. Après avoir dépassé le seuil de 1,2 milliard de touristes dans le monde en 2015, les prévisions tablent sur deux milliards en 2030. La Tunisie est bien positionnée pour capter une part de ce marché mondial, du moins celle du bassin méditerranéen, de par sa position géographique au cœur de la Méditerranée et proche des principaux marchés émetteurs du vieux continent, précise la ministre. S'attardant sur les réalisations du secteur, elle rappelle que le secteur pèse plus de 14% du PIB national, génère plus de 10% des recettes en devises et 400 mille emplois directs et indirects. Pour renforcer cet élan, le ministère de tutelle et les opérateurs du secteur ne ménagent aucun effort pour redorer l'image de la destination tunisienne. Dans ce cadre, la ministre a listé plusieurs actions et réformes, dont la loi sur l'investissement, les nouveaux programmes de formation professionnelle, la révision des normes de classification de manière à donner plus d'attention aux investissements immatériels, la prochaine entrée en vigueur de l'accord d'open sky et de visa électronique, l'amélioration des conditions de travail... Mais, parmi toutes les actions, les opérateurs du secteur sont plus regardants sur celles portant sur la sécurité, qui demeure la priorité. A cet égard, un programme d'opérations sécuritaires a été conçu avec le ministère de l'Intérieur et d'autres partenaires pour sécuriser les circuits de voyages, rappelle la ministre, citant le manuel de sécurité qui a été élaboré avec l'appui de l'expérience allemande. Le terrorisme et le tourisme ne font pas bon ménage Si les pays asiatiques avaient repris de plus belle après le tsunami, le Maroc affichait une croissance du secteur après l'attentat de Marrakech, l'Egypte est de plus en plus prisée à la suite de la série d'attentats sanglants au Sinaï, on ose dire que la situation est rattrapable. Mieux encore, au niveau stratégique, la destination tunisienne figure depuis toujours dans les manuels de plusieurs chaînes hôtelières de renommée et le retard d'installation de certaines enseignes est plutôt imputé à la recherche de partenaires locaux qui peut durer un peu trop longtemps, selon le vice-président de Mariott, Karim Cheltout. La chaîne qui vient de s'installer en Tunisie gère le dossier sécuritaire de manière proactive en dressant chaque jour les profils des destinations. Du Pakistan à la France, les destinations sont classées du vert au rouge, ce qui permet d'engager les mesures nécessaires pour se prémunir contre des risques éminents. «On n'attend pas qu'un attentat soit perpétré pour qu'on réagisse», souligne-t-il. Le terrorisme et le tourisme ne font pas bon ménage. Les derniers événements sanglants qui ont secoué le pays avaient fait la une des médias internationaux, et circulaient en boucle sur les news bar des chaînes étrangères, notamment dans les pays émetteurs de touristes, et ont montré, également, le déficit en communication. Pour cela, l'outil sécuritaire est indispensable mais insuffisant. La résolution comporte d'autres axes, notamment politiques, économiques et sociaux. C'est l'unité nationale autour des objectifs clairs qui formerait le dernier rempart contre ce fléau. De con côté, le vice-président de la chaîne Movempick a affirmé que la chaîne est en passe de renforcer son parc en Tunisie et que la question de quitter le pays n'a jamais été évoquée. Toutefois, la destination est en manque d'hôtels dédiés à la clientèle d'affaires, ajoute-t-il. A l'occasion de la conférence, plusieurs visiteurs n'ont pas trouvé une offre adaptée à leurs besoins spécifiques, constate-t-il. Pourtant, c'est la demande accrue de cette clientèle qui nous a permis de traverser la crise de ces dernières années, précise-t-il. Le responsable de la chaîne Mariott a précisé que pour attirer cette clientèle, il faudrait adapter l'offre tunisienne en commençant par une rénovation de certaines structures hôtelières. Toutefois, certains projets, bien que bancables, ne réussissent pas à lever des fonds à cause de la réticence des banques, parfois injustifiée.