Une nouvelle dynamique économique écologiquement responsable est engagée En termes d'économie verte, la Tunisie semble avoir son mot à dire. Le pays serait même un eldorado pour les entreprises étrangères puisque, pour les quatre prochaines années, il propose la réalisation de 47 projets, dans des activités diverses, pour un volume total d'investissement dépassant les 2 milliards de dinars. «La décision est prise. Le pays est déterminé à engager un réel verdissement de son économie et de son plan de développement», annonce Riadh Mouakher, ministre des Affaires locales et de l'Environnement, lors d'un panel sur le thème «L'économie verte : pour un modèle de développement intégré», organisé mercredi 30 novembre dans le cadre de la Conférence internationale sur l'investissement, «Tunisia 2020». Parmi les projets proposés par le gouvernement d'union nationale aux investisseurs étrangers, on note : la construction de plusieurs stations de dessalement de l'eau de mer (Sfax, Kerkennah, Zarat) et par osmose inversée à Gabès pour le compte du Groupe chimique tunisien ; la construction de deux stations d'épuration, l'une à Gabès et l'autre au Grand-Tunis ; la réhabilitation, l'extension et le renforcement des réseaux d'assainissement (Deplomed) ; la protection et l'aménagement de la Sabkha de Moknine ; la mise à niveau environnementale des unités de productions du CGT ; la création d'un village écologique au sein du parc national El Fajja ; et la construction d'un village résidentiel totalement écologique sur un terrain de 750 hectares en front de mer dans la zone d'El Houichette, dans le gouvernorat de Bizerte. « C'est une nouvelle dynamique à la fois économique et environnementale qui vient d'être déclenchée, affirmant la nouvelle orientation économique de la Tunisie telle que mentionnée dans son plan quinquennal 2016-2020 et dans la Constitution de janvier 2014 », affirme le ministre des Affaires locales et de l'Environnement. Une législation encourageante Selon Riadh Mouakher, cette nouvelle orientation économique émane d'une profonde conviction de la nécessité de mettre en place un modèle de développement pérenne, durable et écologiquement engagé. «Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants», dit le dicton. D'où, l'impératif de respecter le droits des générations futures à un cadre de vie agréable, sain et respectant l'environnement. «Cette nouvelle vision de l'économie tunisienne a été renforcée par un certain nombre de textes de loi». Il y a, certes, la Constitution, mais il y a, également, plusieurs autres textes de loi, à l'instar de la loi sur le partenariat public-privé (PPP) qui indique dans son article 13 que toutes les offres sont évaluées, entre autres, en fonction de leur respect des principes du développement durable. «Il y a tout un travail juridique à faire pour rapprocher la réalité de la théorie. Il y a des textes de loi spécifiques relatifs aux activités purement environnementales et il y a, aussi, des textes à intégrer dans les cadres juridiques des autres activités économiques. Il faut que tous les secteurs soient écologiquement responsables et engagés», souligne le ministre de l'Environnement, qui n'a pas manqué de mettre en évidence l'apport du nouveau Code d'investissement, récemment adopté, en la matière. «Le pays ne badine pas. Il y a une réelle volonté de créer toute une dynamique autour de l'économie verte. C'est pour cette raison et, bien sûr, pour des raisons écologiques, que le Code d'investissement prévoit des incitations fiscales intéressantes aux projets environementalement responsables et pour tous les investissements verts». Une mutation économique En fait, cette nouvelle orientation économique déclenchera des transformations remarquables au sein des différentes activités pour permettre une réelle mutation de l'économie tunisienne. A titre d'exemple, selon le ministre des Affaires locales, la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité devrait passer de 2% actuellement à 12% en 2020 pour atteindre les 20% en 2030. Pour ce qui est des stations d'épuration d'eaux, leur nombre passera de 113 actuellement à 143 à l'horizon 2020. Quant à la quantité d'eau traitée, elle sera doublée, puisque les nouvelles stations auront une capacité de traitement plus importante que celle existant actuellement. «La réutilisation des eaux usées atteindra un taux de 50% à la fin du Plan de développement actuel. Et nous espérons dépasser les 60% en 2030, alors qu'actuellement elle ne dépasse pas les 20%», précise-t-il. De même pour la gestion des déchets. Une nouvelle méthode de gestion des déchets reposant sur la valorisation sera adoptée à travers des contrats-concessions de moyenne et longue durée. «On ne peut plus se permettre de continuer à gérer les déchets ménagers de la sorte. Cette méthode est révolue. Aujourd'hui, les déchets sont une source de richesse. Il faut savoir gérer nos déchets et les valoriser pour créer de la richesse et de l'emploi aux jeunes Tunisiens. Nous devons savoir recycler nos richesses. Cela ne peut avoir que des retombées positives sur notre économie », tient à préciser Riadh Mouakher. Même constat pour les déchets industriels et sanitaires. Des mécanismes de gestion intelligents seront, prochainement, mis en place. Transformer les déchets en richesse, c'est tout un savoir-faire qui n'échappera pas aux Tunisiens.