Les pays de la zone euro ont décidé mercredi de suspendre des mesures d'aménagement de la dette grecque décidées il y a dix jours. Ils estiment que le gouvernement grec aurait dû les consulter avant d'annoncer une prime aux retraités. La situation s'envenime à nouveau entre la Grèce et ses créanciers européens. Mercredi, les pays de la zone euro ont décidé de suspendre la mise en œuvre d'une première série de mesures destinées à soulager le fardeau de la dette publique grecque qui pèse près de 180% du PIB. Promises au premier ministre Alexis Tsipras, elles venaient pourtant d'être validées par les ministres des Finances, le 5 décembre. Et devaient ainsi être appliquées par le fonds de sauvetage de la zone euro (Mécanisme européen de stabilité, MES). Athènes doit se concerter avec ses créanciers Mais voilà, le premier ministre vient d'annoncer la distribution de primes aux retraités les plus défavorisés ainsi qu'un report de la hausse de la TVA sur les îles de la mer Egée qui accueillent le plus de réfugiés. Des dépenses publiques supplémentaires envisageables, car l'excédent budgétaire primaire (sans prendre en compte la charge de la dette) pour 2016 est supérieur à l'objectif fixé par les créanciers, estime Athènes. Sauf que depuis qu'il a signé le plan d'aide de 86 milliards d'euros en 2015, qui court jusqu'en 2018, le gouvernement grec est sous l'étroite tutelle de ses créanciers. Ainsi, il ne peut engager la moindre dépense budgétaire sans concertation préalable avec ses bailleurs sourcilleux. «Il n'y a pas d'unanimité maintenant pour mettre en œuvre les mesures d'allégement de la dette à court terme». «Les institutions (Commission européenne, BCE, Mécanisme européen de stabilité, FMI) ont conclu que les actions du gouvernement grec semblent ne pas être en ligne avec nos engagements. Certains Etats membres voient également les choses de cette façon et il n'y a donc pas d'unanimité maintenant pour mettre en œuvre les mesures d'allégement de la dette à court terme», a fait savoir le porte-parole de Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe et ministre des Finances néerlandais. D'ailleurs, le porte-parole de Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand qui est un fervent défenseur de l'orthodoxie budgétaire, a récemment averti : «Il est impératif que les mesures ne soient pas décidées de façon unilatérale ou annulées sans préavis». Concrètement, les créanciers ont donc décidé d'analyser ces nouvelles dépenses budgétaires avant de poursuivre (ou non) la mise en œuvre des mesures d'allégement. Certes, ces dispositions n'auront qu'un effet limité sur la dette, contrairement aux dispositions de moyen terme, telle que l'extension des maturités qui restent ultracontroversées. Mais, politique ment, elles pourraient bien aider le premier ministre grec à faire avaler plus facilement la pilule de l'austérité à un électorat de plus en plus remonté. En outre, elles devraient donner un signal positif aux marchés et investisseurs sur la situation économique du pays. D'ailleurs, ces derniers n'ont pas attendu pour réagir. Dès l'annonce de la suspension mercredi après-midi, les taux d'emprunt grecs ont grimpé pour frôler 7%, leur plus haut en un mois, tandis que la Bourse d'Athènes perdait 3%.