Sept partis politiques signent une charte dans laquelle ils s'engagent à faire respecter la parité hommes-femmes au sein de leurs structures dirigeantes Citoyenne, militante, compétente et membre actif de la société, la femme tunisienne ne trouve pas encore sa place dans l'arène politique. Bien qu'elle ait, maintes fois, haussé le ton, criant égalité des chances avec l'homme, sa voix semble être tombée dans l'oreille d'un sourd. Après la révolution, les initiatives de protestation n'ont pas fini de recentrer le débat sur la politique au féminin. Pas plus tard que le 16 octobre dernier, le collectif associatif « Ennos Bennos » (moitié-moitié) est revenu à la charge. Regroupant des organisations civiles nationales et internationales, il a mené une vaste campagne tous azimuts, sous le signe : « Pour une participation active des femmes à la vie politique ». L'objectif est d'instaurer la parité au sein des partis politiques et sur les listes électorales relatives aux échéances municipales dont le rendez-vous tarde à venir. C'est dans ce cadre qu'une conférence de presse s'est tenue, hier matin à Tunis, au terme de laquelle sept partis politiques de gauche et de droite ont signé la charte de la campagne, en guise d'engagement moral à mettre en avant le rôle de la femme dans la nouvelle architecture partisane. Faute de quoi, le débat est ainsi relancé, partant du programme régional « Femmes en premières lignes » porté par l'organisation Oxfam en Tunisie. D'emblée, Mme Sarra Ben Saïd, directrice exécutive de l'association « Aswat Nissa » (voix des femmes), a plaidé pour l'accès des femmes tunisiennes aux postes de décision. En un mot, le message s'adresse à nos politiques qui font, toujours, semblant d'être contre toute discrimination à l'égard de la femme. Légitimité révolutionnaire et constitutionnelle La cofondatrice de l'Association de la promotion du droit à la différence, Mme Saloua Ghrissa, a tenu à présenter à l'auditoire les tenants et les aboutissants de la campagne « Ennos Bennos », afin d'imposer le principe de la parité, déjà consacré par la constitution de la IIe République, mais aussi bien mérité au nom d'une certaine légitimité révolutionnaire. La force de pression de la société civile nationale lui a, justement, donné une autre légitimité citoyenne qui fait que la femme soit une partenaire politique à part entière. Cela avait, depuis 2011, créé un bond positif, mais l'intégration de la gent féminine a été, en fait, réduite à quelques postes limités. De son côté, le juriste, membre du collectif, Khaled Mejri, s'est attardé sur la présentation d'une feuille de route politique, dans laquelle les motivations du plaidoyer revêtent des aspects objectifs, historiques et juridiques. On y lit que le militantisme de la femme tunisienne ne date pas d'hier, son parcours étant bien jalonné de phases-lumières, du mouvement de libération nationale au début du siècle dernier jusqu'à la révolution, en passant par son histoire post-Indépendance. L'égalité des chances, qui s'oppose à toutes sortes de discriminations, était, au fil du temps, son cheval de bataille. Les articles 21, 34 et 46 dont dispose la constitution du 26 janvier 2014 y sont, aussi, cités en pièces à conviction. Cet argumentaire constitutionnel en faveur de la femme lui donne droit à une participation politique active, mais aussi une représentativité parlementaire de taille faite sur des bases électives. Et pourtant, sa présence dans les postes de leadership partisan reste, quant même, faible et insignifiante. Cela étant, il est temps, de son avis, de se rattraper pour lui favoriser une place de choix dans la composition des partis politiques, et puis sur les listes électorales, dans le respect du principe de la parité à la fois horizontale et verticale. Une logique qui sous-tend la charte de la campagne que sept partis viennent de signer, dans la perspective de tenir leurs engagements partisans. Signée par le Parti des travailleurs, El Massar, Al Joumhouri, Nida Tounès, Ennahdha, Afek Tounès, Machrou Tounès, cette charte requiert l'accord d'autres partis. En vertu de laquelle, les signataires s'engagent, volontairement, à faire de leur mieux pour propulser les femmes, garantir leur participation effective au sein des partis, préserver leur représentativité dans les conseils régionaux et locaux élus et faire en sorte qu'elles soient parties prenantes dans la vie politique. «Moitié-moitié », pour ainsi dire. La campagne se poursuit dans d'autres régions avant de prendre fin la semaine prochaine à Bizerte, a-t-on appris.