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Radioscopie d'un phénomène à la carapace dure
Cours particuliers
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 12 - 2016

Tel l'hydre de la mythologie, les cours particuliers fleurissent proportionnellement aux efforts faits
pour en venir à bout. Un paradoxe dont il faudrait chercher l'origine sans passion ni parti pris.
Sans la volonté de blanchir les enseignants ni l'intention de caresser dans le sens du poil pour ce qui est des griefs de l'opinion publique. Tentons tout simplement de comprendre le secret de la résistance
stupéfiante d'un phénomène pourtant unanimement stigmatisé.
«L'étude» est l'un des sujets les plus sensibles et les plus récurrents dans la conversation des Tunisiens, puisqu'il touche à leurs enfants et à leurs bourses. La majorité écrasante des parents n'y vont pas de main morte, chaque fois que le sujet est évoqué : «Ce que font les instituteurs n'a pas d'autre noms que du chantage et de l'extorsion, récrimine Samah N. C'est vraiment honteux de parler de faiblesse de niveau pour un élève de première ou deuxième années primaires. Ça vire même au harcèlement. Le maître d'école de ma fille me tient des propos alarmants au sujet de la « faiblesse » du niveau de ma fille. J'ai fini par céder et je la lui ai confiée pour des cours particuliers».
Une autre parente, présente devant la même école, s'est mêlée sans en demander la permission à notre conversation : «Déjà qu'on n'arrive pas à joindre les deux bouts ! Heureusement, moi je suis épargnée par ma condition sociale modeste des remarques persévérantes des instituteurs de mes enfants. Par contre, pour les cours donnés à l'école, il n'y a pas moyen de s'y soustraire ! Les instituteurs font exprès de terminer les cours pendant les séances d'«étude»».
Il n'en fallait pas plus pour provoquer un attroupement de parents rouspéteurs désireux de vider leurs sacs, parlant tous à la fois. Une, apparemment plus touchée que les autres, exhale sa rancœur en ces termes : « Qu'est-ce que c'est que cette manière de commencer par un devoir trop difficile pour faire peur aux parents, puis une fois les groupes constitués, donner des devoirs accessibles ? Les enseignants utilisent différents stratégèmes et mettent la pression sur les parents pour les acculer à inscrire leurs enfants dans ce qu'on appelle les « études ».
Sinon comment expliquer le fait qu'ils survolent les chapitres en classe, pour en approfondir l'étude durant les séances des cours particuliers ? D'ailleurs, ils font la même chose avec les exercices. Le strict minimum en classe mais une batterie d'exercices variés en «études». C'est vraiment déplorable ! Un enseignement public à deux vitesses. Et puis est-il permis de tolérer que ces gens s'enrichissent sur le dos des citoyens ?
Ce à quoi répond un autre parent présent sur les lieux : «En réalité, la question ne doit pas être abordée sous l'angle de l'importance de l'argent gagné car cela ne vaut que pour une seule minorité, mais sous celui de l'énergie qui reste à un enseignant pour accomplir convenablement son devoir en classe suite aux efforts déployés pendant les cours particuliers».
Suite à ces interventions, il serait utile de faire une petite mise au point et relever, de prime abord, un dérapage linguistique qui reflète un esprit généralisateur, de nature injuste. La généralisation à travers l'utilisation du déterminant défini qui place tout le monde à la même enseigne en parlant de gains fabuleux réalisés par les enseignants prêche déjà par son caractère abusif et arbitraire. Prétendre en effet que les enseignants de plusieurs disciplines comme l'instruction civique, l'instruction religieuse, l'éducation technique, l'éducation physique, les sciences naturelles, l'histoire-géographie etc. dont les effectifs sont d'ailleurs majoritaires dans les établissements scolaires, c'est commettre une injustice flagrante à l'encontre de gens qui arrivent à peine à joindre les deux bouts. De même quand on accuse des enseignants qui exercent dans des zones rurales ou des régions déshéritées de s'enrichir sur le dos de leurs élèves.
Il n'empêche ! La généralisation vaut plus ou moins pour les instituteurs exerçant dans les grands centres urbains, lesquels, faut-il le préciser, font partie d'une frange d'enseignants «privilégiés», surtout quand ils sont affectés dans des cités huppées. C'est la raison pour laquelle les instituteurs chasseurs «d'études», affublés du sobriquet d'«entrepreneurs» (mouqawiloun), cherchent constamment à se faire muter dans des zones mieux nanties où les parents délient plus aisément les cordons de la bourse.
Accord tacite entre parents et enseignants
Cependant, il y a lieu de constater que le phénomène ne cesse de s'amplifier au fil du temps, en dépit des multiples décrets d'interdictions et des risques de sanctions sévères auxquelles les enseignants s'exposent. Explication plausible de l'ingénieur Souheil. S: «Comme les affaires de corruption conclues sans témoins, les cours particuliers exigent une complicité secrète entre les parents d'élèves et les enseignants liés par un accord tacite : «Soyez assuré(e) de notre discrétion, en contrepartie de bons résultats». Ainsi, pris au piège, l'enseignant, tenu à des obligations de résultat, s'enfonce inéluctablement dans la malhonnêteté, prenant progressivement goût à ce jeu malsain, source de gains supplémentaires, parfois fort alléchants bien que mal acquis. Le pire, c'est que les parents complices, sans aller jusqu'à le dénoncer aux instances officielles, ne le ménagent guère, éventant le « secret » à qui veut les entendre, dans leurs milieux familial et professionnel, n'hésitant pas à couvrir tout le corps d'opprobre. Et rebelote avec un autre enseignant. A ce propos, deux remarques s'imposent : les deux parties de l'accord sont à loger à la même enseigne, celle de l'abjection. Autant l'enseignant indigne ne mérite aucune compassion, vu qu'il a bafoué les règles morales qui se rattachent à son statut d'éducateur, autant les parents complices doivent s'abstenir de se poser en victimes, surtout que, par calcul, ils ne font appel qu'aux professeurs de leurs enfants et non pas à d'autres, pour que leurs progénitures obtiennent de bonnes notes, même imméritées.
Pour un autre analyste: «Quand bien même les enseignants seraient des monstres, ce serait une erreur de considérer leur comportement si immoral soit-il, en dehors du contexte social dans lequel ils vivent. A une époque où le matérialisme bat son plein et où la corruption devient un phénomène de société, est-il possible d'avoir un membre sain dans un corps miné par la maladie ?».
Abondant dans ce sens, Ridha F., professeur d'arabe, explique qu'il serait plus judicieux de chercher l'origine du paradoxe de la résistance des cours particuliers à toutes les mesures répressives, ailleurs que dans la simple rapacité d'enseignants sans scrupules passés maîtres dans l'art de l'extorsion, toujours prêts à user de leur immense ascendant pour imposer indûment des cours particuliers à leurs élèves. «Pour en avoir une idée claire, on devrait remonter à la fin des années soixante, une période qui coïncidait avec la fin de la collectivisation et la reconversion de notre économie socialiste vers une économie de marché, engendrant un boum économique sans précédent dont les fonctionnaires en général étaient malheureusement les seuls à rester à l'écart. Comble de frustration, pour ces laissés-pour-compte de la prospérité générale et accélérée, l'essor s'est accompagné d'une flambée, jamais connue auparavant, des prix de l'immobilier, des loyers, du mobilier, de la viande, des fruits et de la main-d'œuvre. C'est à partir de cette époque-là que la corruption, la concussion et la vénalité se sont définitivement installées dans les mœurs de la société tunisienne. C'est depuis cette époque aussi que les enseignants se sont rués vers les cours particuliers pour arrondir leurs fins de mois».
Un professeur, avec qui nous avons abordé la question des cours particuliers, a mal réagi : «A voir les médias revenir constamment à la charge, l'on serait tenté de croire qu'il s'agit là d'une question cruciale voire vitale pour le pays. C'est une honte quand même de s'acharner sur un corps, qui quoi qu'on dise est plus à plaindre qu'à condamner. Quel mal y a-t-il à ce qu'un enseignant essaie d'améliorer ses conditions de vie ? Ce n'est pas un crime, à ce que je sache, que de monnayer sa fatigue et ses prestations supplémentaires, fournies d'ailleurs aux dépens de sa famille et de sa santé ! Ce sujet est votre Loch Ness et votre dada, en Tunisie. Les enseignants sont votre cible impuissante et votre souffre-douleur. Allez voir ailleurs et vous aurez de quoi vous occuper et noircir vos pages plusieurs années encore : du fléau du terrorisme qui risque de plonger le pays dans le chaos de l'obscurantisme sanguinaire, de la corruption qui gangrène les mœurs, en passant par l'alarmant ancrage de l'anarchie et l'effrayant développement de l'influence des mafias de tous genres ! ».
T. Ben Abdessalem, professeur de français, a, quant à lui, tenu des propos plus modérés: «Au lieu de prendre les enseignants pour cibles à leurs dards empoisonnés, les parents devraient faire preuve de clairvoyance et de maturité intellectuelle. Car tant que les parents d'élèves ne sont pas conscients des véritables maux qui rongent notre système éducatif, tant qu'ils se concentrent sur des futilités au lieu de donner leurs avis sur les programmes, les choix pédagogiques, les orientations à donner à notre enseignement et le profil des générations futures, nous ne pourrons pas avancer ni influer sur les réformes à prendre».
Course effrénée aux précepteurs
Il faut dire aussi que la course aux cours particuliers a été favorisée par un autre phénomène social. En effet, on a assisté à la même époque à l'émergence de nouvelles classes aisées composées d'artisans, de transporteurs, de courtiers en immobilier, de commerçants, de mécaniciens, d'électriciens..., généralement des gens aspirant à un nouveau standing mais se trouvant handicapés aussi bien par leurs origines sociales que par leur absence d'instruction. Ces multitudes de gens assez aisés et parfois bien fortunés, ayant compris que la promotion sociale et l'acquisition de titres de noblesse qu'ils visaient, passaient uniquement par l'instruction de leurs enfants, engageaient des « précepteurs » pour placer leurs enfants dans l'orbite de l'excellence, les aider à obtenir de hauts diplômes en vue d'en tirer le prestige escompté et réussir leur ascension sociale.
De leur côté également, les familles appartenant à un rang social supérieur, convaincues déjà des vertus du savoir et du prestige qu'il confère, tenant à conserver les attributs propres à leur rang, se sont engagées elles aussi dans cette course effrénée aux « précepteurs», s'attachant les services d'instituteurs et de professeurs qui ne demandaient pas mieux.
Malgré la loi, les cours particuliers se poursuivent « sous couvert »
Même aujourd'hui, les cours particuliers à domicile continuent de connaître la même expansion, en dépit de la nouvelle réglementation apportée par la réforme initiée par le ministre de l'Education, Néji Jalloul, et sa détermination à sévir à l'encontre des contrevenants. Les nouveaux règlements autorisent les enseignants à donner des cours particuliers exclusivement au sein des établissements scolaires, leur accordant des majorations assez substantielles des montants réglés par chaque élève. Première explication : les enseignants gagnent toujours moins dans les établissements, surtout que le taux des prélèvements sur le montant bruts est trop élevé. Deuxième explication, les groupes d'élèves dans les établissements sont jugés, par nombre de parents, trop élevés pour conférer aux cours particuliers l'efficacité souhaitée
Pour sa part, M.M., fonctionnaire, trouve d'autres explications à l'essor toujours égal des cours particuliers : «Beaucoup d'enfants trouvent dans les cours particuliers un prétexte pour sortir. Les parents, et surtout les mères qui travaillent, consentent bon gré mal gré à payer ces cours, par crainte d'éventuels remords en cas d'échec scolaire de leurs enfants et c'est ainsi que ça se passe en général. Cette catégorie de parents, qui sont nombreux à être démissionnaires, faute de disponibilité, de volonté, d'énergie ou de compétences, se donnent bonne conscience en accédant aux demandes de leurs progénitures, soucieux de leur bien-être moral et surtout pour leur éviter tout sentiment d'abandon ou d'éventuels risques de traitement discriminatoire s'ils ne s'inscrivent pas aux cours particuliers».
Derrière l'expansion des cours particuliers: pression des enseignants et peur de l'échec
Outre l'apprenant et l'éducateur, deux piliers de tout système éducatif, qu'en est-il du rôle du volet pédagogique et réglementaire dans l'expansion des cours particuliers ?
A priori, la diminution artificielle du taux de redoublement, la suppression de la sixième et de la neuvième, l'interdiction de renvoyer les élèves avant l'âge de 16 ans révolus, la suppression de la moyenne arithmétique, le recours au vote pour décider du sort d'un élève ayant une moyenne située entre 09 et 09.99, ainsi que les nouvelles conditions par trop généreuses de rachat au bac devraient contribuer à l'extinction de cette pratique. La réalité est paradoxalement tout autre pour au moins trois raisons : les incessantes relances de nombre d'enseignants, qualifiées par certains parents de harcèlement, l'«accoutumance » des élèves qui ne comptent plus sur eux-mêmes et la frilosité des parents en proie à la hantise d'une régression éventuelle des résultats de leurs pupilles, leur quête obsédante de l'ivresse que procure une réussite éclatante de leurs enfants et la peur, justifiée ou non, d'un traitement discriminatif dont ces derniers seraient la cible, s'ils faisaient la sourde oreille aux «incitations implicites ou carrément sans équivoque » de leur instituteur ou de leur professeur.
Qu'en est-il encore des parents et de leur contribution voulue ou inconsciente à l'épanouissement des cours particuliers? Interrogé, l'un d'entre eux fait remarquer : «Ce sont les parents d'élèves ayant un bon niveau qui tiennent le plus aux cours particuliers, animés qu'ils sont d'un irrésistible esprit d'émulation et d'une quête effrénée de l'exaltation que procure la réussite de leurs enfants. De plus, comme souvent les instituteurs font discrètement allusion pendant les séances d' « études » aux thèmes sur lesquels vont porter les devoirs, il n'y a plus de place pour l'hésitation car on va pouvoir concentrer les révisions avec nos enfants, exclusivement sur ces thèmes. Cela nous fait gagner doublement : du temps et de bonnes notes. Il va sans dire bien entendu que les autres chapitres auront été déjà assimilés pendant les révisions au quotidien, à domicile ».
Malgré les cours particuliers, le niveau des élèves reste faible par rapport à d'autres pays
Le niveau scolaire a-t-il pour autant atteints les sommets qui devraient normalement résulter d'une telle ruée sur les cours particuliers ? La réponse est malheureusement des plus consternantes. La Tunisie fait piteusement partie des cancres de la planète ! Elle traîne en effet au 65ème rang au classement du «Programme international pour le suivi des acquis des élèves Pisa», mis en œuvre par l'Ocde en 2016 !
Un fiasco humiliant pour un pays dont la grande fierté était la valeur de ses diplômes sur le plan international avant les catastrophiques pour ne pas dire criminelles soi-disant réformes initiées sous l'ancien régime, lesquelles ont détruit l'image du pays, déprécié lamentablement nos diplômes et froissé l'amour-propre de tous les Tunisiens. Mais qu'on ne s'y trompe pas, l'inefficacité des cours particuliers n'est qu'un élément du système éducatif de notre pays, bancal, incohérent, difforme et handicapé, se caractérisant entre autres par ses contradictions et ses paradoxes.
En effet, outre celui de l'alarmante baisse du niveau de l'enseignement en Tunisie, en dépit de la course vers les cours particuliers, cette baisse est elle-même à l'origine d'un autre paradoxe, celui de l'inflation ahurissante des notes et des moyennes.
Pour expliquer le caractère inopérant de ces cours, tels que pratiqués sous nos cieux, le professeur Z. H : «Quand un élève passe en classe supérieure sans avoir acquis les compétences minimales correspondant à ce niveau, comme c'est souvent le cas dans nos établissements scolaires, le déficit ira s'accumulant au fur et à mesure qu'il avancera dans sa scolarité, entraînant une démotivation progressive, un manque de concentration et une grande difficulté à suivre les cours en classe et même durant les séances «d'études, pour aboutir à un inévitable dégoût des études».
Quant à la baisse continue du niveau des élèves, elle est la résultante de plusieurs facteurs, dont le plus à incriminer est celui de l'ancienne réforme du système éducatif, fondée sur un système d'évaluation par trop bienveillant qui a conduit à une ridicule explosion des moyennes, disproportionnée par rapport aux compétences acquises. Quand on connaît la tendance à surestimer des devoirs et à l'attribution de notes indues aux élèves qui prennent des cours particuliers, il ne faudrait pas s'étonner de la médiocrité rampante des niveaux des élèves, et des enseignants eux-mêmes, particulièrement en langues française et même arabe, en dépit de l'important volume horaire annuel attribué à ces deux matières affublées pourtant de principales!


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