Djerba-Zarzis, Nabeul-Hammamet, Tabarka-Aïn Draham affichent presque complet. Les réservations devraient atteindre 100% dans la majorité des unités hôtelières qui renouent, enfin, avec le dynamisme et la croissance. Comme au bon vieux temps Que l'on soit chrétien ou pas, occidental ou oriental, du Nord ou du Sud, fêter le réveillon de la Saint-Sylvestre fait partie des traditions mondaines et des rituels aussi répandus que le goût pour les réunions joyeuses en famille ou entre amis, et même les deux à la fois. La coutume veut, en effet, que l'on accueille la nouvelle année administrative dans la joie et l'abondance des mets et des cadeaux tel un gage d'espoir et d'optimisme. Certes, le cours des choses de la vie ne s'inverse pas du jour au lendemain pour peu que l'on fasse la fête le temps d'un soir, mais l'envie de croire à la bonne étoile d'un nouveau venu, fût-il un chiffre (2017), qu'il puisse porter bonheur, est permise à tous. Pour la destination Tunisie en tout cas, en cette fin d'année 2016, c'est bien le cas. Et ce sont les chiffres qui le disent. Montée en flèche des taux de réservations dans les unités hôtelières du nord au sud du pays, en passant par Sousse et régions. Plus de 80% de réservations à Djerba-Zarzis, soit 6.000 depuis quelques jours déjà. Le marché européen (français, allemand, belge et russe) détient la grande majorité (80%) des réservations. Idem pour Nabeul et Hammamet qui affichent 5.000 réservations pour la seule soirée du Nouvel An. Au nord, Tabarka et Aïn Draham affichent presque complet. Les voisins algériens sont de retour, en masse. Pas moins de 10 mille hôtes ont traversé jeudi dernier le poste frontalier de Melloula. «Une première depuis décembre 2010», affirme à la Tap, Hichem Mahouachi, commissaire régional au tourisme à Tabarka. En six jours, du 24 au 29 décembre, ce sont 40 mille Algériens qui sont entrés sur le territoire tunisien à travers ce poste frontalier du nord-ouest. Pour le plus grand bonheur des commerces et des agents immobiliers de la région. Mais pas seulement : hôteliers et agents de voyages sont sur le pied de guerre, pour ainsi dire, pour renouer avec les beaux jours du dynamisme touristique et de la croissance. Un bémol toutefois, le recul à 50% du tourisme intérieur par rapport à 2015, selon le commissariat régional au tourisme à Djerba-Zarzis qui l'attribue au changement de date relative aux vacances d'hiver. Du côté du Sahel, de Sousse en l'occurrence, les prévisions tablent sur pas moins de 500 mille visiteurs algériens qui feront le déplacement pour y passer la soirée du réveillon. Des habitués de la région du Sahel qui affluent généralement de la région centre-est algérienne. Mesures sécuritaires exceptionnelles Malgré la crise économique, les débats politiques et de société houleux, les grèves, les sit-in et les querelles partisanes, la destination Tunisie retrouve des couleurs et ses fidèles touristes et est en passe de faire, l'espace de quelques jours, presque le plein touristique. Et, donc, à situation exceptionnelle, mesures sécuritaires exceptionnelles. Ainsi, outre les efforts consentis sur le front de la lutte contre le terrorisme et sur celui de la protection des frontières maritimes contre la migration clandestine, un important dispositif sécuritaire a été déployé depuis plusieurs jours autour des zones touristiques et des unités hôtelières. Jeudi dernier, les unités de la garde nationale ont également mené une campagne exceptionnelle de contrôle sur l'ensemble du réseau autoroutier qui s'est soldée par 2.442 procès-verbaux, 25 arrestations d'individus faisant l'objet de mandat de recherche, la saisie de 13 véhicules recherchés et de 16 autres en situation irrégulière. Autre chapitre, autre mobilisation, celui des brigades de contrôle économique et d'hygiène au niveau des commerces et surtout des ateliers de fabrication et des points de vente des pâtisseries très prisées pendant les fêtes de fin d'année. Des centaines, voire des milliers, de saisies et de P.-V. rédigés afin de préserver la santé des consommateurs et le pouvoir d'achat des Tunisiens et de permettre aux hôtes de la Tunisie de passer des vacances sans désagréments. Force est de rappeler que les événements de 2010-2011 et la situation sécuritaire ont débouché sur une chute brutale de l'économie tunisienne frappée de plein fouet en ses parties vitales : le tourisme, le phosphate et l'investissement. Des études précisent que les attaques terroristes successives (2015) contre le secteur du tourisme(Le Bardo et Sousse) et les grèves dans le secteur du phosphate, qui représentent ensemble près de 15% du PIB, ont ralenti la croissance du PIB jusqu'à atteindre moins de 1%. Malgré des craintes sécuritaires latentes, des incertitudes économiques et, encore, des risques de tension sociale, la Tunisie a renoué avec l'espoir au cours du dernier trimestre de l'année 2016, notamment en organisant et en réussissant le forum international sur l'investissement. « Tunisia 2020 » a, en effet, allumé la première étincelle de l'espoir après près de six ans d'instabilité économique, sociale et politique en dépit des réalisations de la transition démocratique, encore fragile. Et aujourd'hui malgré les incertitudes de la situation sécuritaire secouée par le brûlant dossier du retour des terroristes des foyers de tensions et les successifs démantèlements de cellules dormantes dans diverses régions, les touristes reviennent, le secteur touristique se réanime et les Tunisiens, qui ont afflué vers les grandes surfaces pour faire leurs emplettes du Nouvel An, semblent vouloir retrouver leur joie de vivre et leur goût pour la fête.