« Les habitants de Kasserine sont scandalisés et outrés par ces agissements hors la loi », selon Aymen Aloui, député du Front populaire Tard dans la nuit de mardi, plusieurs individus brûlent des pneus et s'en prennent aux forces de l'ordre qui ripostent à coups de gaz lacrymogène. Très vite, comme certaines rues du quartier populaire de Hay Ennour, les réseaux sociaux s'enflamment et certains pyromanes ne tardent pas à y voir les prémices d'une nouvelle « révolution » des jeunes qui réclameraient plus de justice sociale. Mais à l'aube, les « révolutionnaires » disparaissent, la fumée se dissipe pour laisser entrevoir une toute autre réalité. Ces « manifestants » n'étaient autres qu'un groupe de casseurs liés vraisemblablement à une mafia locale opérant dans le domaine du trafic de stupéfiants. Exactement à l'image des grands bandits, ils avaient créé une diversion par un affrontement avec les forces de l'ordre pour pouvoir faire entrer une grosse quantité de stupéfiants dans la ville de Kasserine et aussi en profiter pour faire sortir de la fourrière la voiture d'un contrebandier. Entre mardi soir et mercredi matin, la police a réussi à remettre de l'ordre dans la ville en procédant à l'arrestation de huit individus soupçonnés d'avoir participé à ces troubles. Les forces de l'ordre ont également réussi à saisir 12 motos volées à la fourrière. Au total, ce sont 37 motos qui ont été dérobées et 9 voitures vandalisées. « Ce sont clairement des actes de vandalisme sans aucune relation avec les revendications légitimes des jeunes de la région », explique le député du Front populaire Aymen Aloui, qui rappelle que ceux qui revendiquent avancent sans masque et en pleine journée, comme l'ont fait les diplômés chômeurs ou les ouvriers de chantiers. « J'étais depuis hier en contact permanent avec nos citoyens à Kasserine et tous se disent scandalisés et outrés par ces agissements hors la loi », a déclaré Aymen Aloui. Dans un état « second » Même constat du côté du président de la délégation spéciale Riadh Abbassi. « Je sais bien reconnaître une manifestation », affirme-t-il ironiquement, lui qui considère que les sit-in et les manifestations constituent son pain quotidien à Kasserine. « Que pourrait-on bien revendiquer à 21h du soir ? », se demande Ridha Abbassi. Selon son témoignage, les troubles ont mobilisé une cinquantaine d'individus. Et même s'il est de la région, le président de la délégation spéciale n'a pu reconnaître personne. « Certains étaient cagoulés, d'autres m'étaient complètement inconnus », dit-il. Mais ce qui a surtout étonné Ridha Abbassi, c'est l'état « second » dans lequel se trouvaient certains de ces délinquants. « J'ignore quel type de substances ils ont pris mais je suis sûr qu'ils n'étaient pas dans un état normal, dit-il. Et je ne parle pas là de drogues douces ». L'image d'un énergumène cagoulé tenant une barre de fer et semblant prêt à tout a choqué notre interlocuteur qui était surplace pendant cette nuit agitée. Mais pour Aymen Aloui, si tout le monde s'accorde à dire que les évènements de mardi soir sont condamnables, il ne faudrait surtout pas éluder le fait que la région reste une bombe à retardement qu'il n'est possible de désamorcer qu'en mettant en place des politiques de développement réelles. « Chaque mois de janvier, les Tunisiens retiennent leur souffle en espérant que les choses ne dégénèrent pas à Kasserine, jusqu'à quand cette situation va perdurer ? Il faut que le gouvernement se remue », s'insurge Aymen Aloui. Pour le frontiste, historiquement, le crime organisé s'est toujours formé autour des quartiers défavorisés.