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«Donner plus de visibilité à la population des femmes chômeuses» Questions à Madame Fatima Malki Bensoltane, fondatrice et présidente de l'association Méditerravenir
Elle s'intéresse aux femmes, notamment les jeunes femmes rurales au chômage. Elle est fondatrice et présidente de l'association «Méditerravenir» qui œuvre depuis sa création à promouvoir l'échange et le dialogue dans le grand Maghreb et en Europe. Fatima Malki Bensoltane a parlé de l'association, de ses objectifs, de ses activités et du projet «Femmes du Sud, Femmes du Nord, osons la réussite». Vous êtes la fondatrice et la présidente de l'association Méditerravenir. Pourriez-vous présenter votre parcours et vos motivations qui vous ont mené à créer l'association ? J'en suis venue à fonder l'association Méditerravenir du fait d'un long parcours et d'une réflexion et expérience tant dans les relations internationales que dans le développement humain, et ce, à travers mes formations universitaires en relations internationales à la Sorbonne et en ingénierie des formations à Villeneuve ainsi que de mon parcours professionnel dans la formation et l'emploi en qualité de directrice d'abord pour l'assistance aux entreprises puis comme directrice des centres de jeunes filles rurales au ministère de l'Emploi et de la Formation ce qui m'a fait connaître la Tunisie du Nord au Sud et les problèmes afférents à la gestion des ressources humaines, en particulier celle relative aux femmes et aux jeunes. Toutefois, c'est mon expérience de correspondante du mouvement européen international (commission Méditerranée) qui m'a convaincue de la nécessité de faire entendre la voix du Sud au Nord. L'image de marque de la Tunisie, en particulier, et du Sud plus globalement, figure parmi nos préoccupations à côté de celle du développement des régions frontalières à développement prioritaire. Les événements actuels confirment ma démarche. Le manque d'ouverture et de diversité risque de limiter les perspectives professionnelles et les possibilités de formation des femmes au chômage qui ne peuvent pas évoluer. Nous en arrivons à des dépendances destructrices. Pourriez-vous présenter l'association Méditterravenir : ses objectifs principaux, ses activités... ? Méditerravenir a été créée en 2012 en Tunisie (Droit tunisien) et auparavant en France en 2006 (loi 1901). Son objectif est le dialogue Sud-Nord à la fois sous forme d'événements souvent à vocation pédagogique et de projets concrets de formation et de mise en réseau. L'information, la formation, et le plaidoyer sont les principaux centres d'activité de notre association. Les populations cibles sont les jeunes, les femmes et les seniors, Méditerravenir se voulant intergénérationnelle, interculturelle et apolitique. A ce jour, nous avons réalisé la création d'une commission jeunes à Méditerravenir interculturelle (Tunisie, Espagne, Algérie). Les jeunes de notre commission de Tunis ont élaboré avec des étudiants de l'université de Chambéry Haute -Savoie, dans le cadre du forum social mondial, des projets communs sur l'emploi en Méditerranée. Une soirée de solidarité des jeunes du Nord avec ceux du Sud a été également organisée. D'autres événements méditerranéens ont été également organisés, à l'instar du congrès de Tunis sur le thème «Société civile-pouvoirs publics, quel partenariat?», de la journée à l'Assemblée nationale française sur le thème «Société civile, agir autrement pour un dialogue Sud-Nord» et d'un séminaire international organisé, en 2014, en partenariat avec le collectif féminin de Louvain-la-Neuve sur le thème «La réussite au féminin, les champs du possible». Récemment, en novembre 2016, il y a eu le colloque méditerranéen sur le thème «Femmes du Sud, femmes du Nord, osons la réussite» qui a été organisé en partenariat avec le programme dialogue sud-nord de la fondation K- Adenauer et sous le patronage de la présidence de la République. Parlez-nous du projet «Femmes du Sud, femmes du Nord, osons la réussite» «Femmes du Sud, Femmes du Nord» est la poursuite de nos travaux sur la réussite au féminin. Ces travaux ont débuté à partir d'un programme quinquennal initié par moi-même en qualité d'expert Genre et GRH dans le cadre d'un projet tuniso-allemand avec le Centre de recherche, d'études, de documentation et d'information sur la Femme (Credif). L'objectif était de former des femmes cadres à la prise en charge de leur devenir professionnel et personnel dans un but de diminuer les écarts entre les femmes et les hommes en matière de réussite dans leur carrière. Nous avons donc organisé le colloque de «Osons la réussite», axé essentiellement sur les filles diplômées en chômage dans les zones frontalières qui avait pour objectif de donner plus de visibilité à cette population, de mieux connaître ses besoins, d'identifier les actions à faire pour soutenir cette population et faire valoir le potentiel qu'elle représente et son amour pour ses régions. Où en est ce projet actuellement ? Nous avons identifié les projets de 35 jeunes filles . Nous avons donc élaboré un plan triennal de formation, adapté à leurs besoins. Notre démarche consiste à mieux informer les décideurs et en particulier ceux en charge du développement des régions de cette population et de ses demandes. Nous sommes en discussion pour situer l'action à la fois dans un cadre local et dans un cadre transfrontalier avec l'Algérie et si possible la Libye pour accorder plus de chances de réussite de ce projet. Quelles sont les difficultés rencontrées lors de ce projet? Le financement est un grand problème, notamment le financement public. Peu de sociétés et d'institutions publiques et privées ont montré de l'intérêt pour notre action à l'exception de la «Biat» et de l'école «Esprit», de la fondation K. Adenauer programme dialogue Sud-Nord, et de la TV Nationale et de la Présidence qui ont permis une plus grande visibilité des filles diplômées des zones frontalières. Quels sont les projets futurs de l'association Méditerravenir? Notre plan d'action 2017 est essentiellement axé sur la formation des filles diplômées des régions frontalières dont 70% diplômées en nouvelles technologies de l'information et de la communication «Ntic» sont au chômage. Les former d'une manière innovante qui leur permet une meilleure prise en charge de leurs devenirs personnel et professionnel, leur trouver des parrainages, les soutenir et les accompagner dans leur recherche de financement pour leur projet, promouvoir les projets transfrontaliers avec l'Algérie et si possible la Libye et organiser des soirées de solidarité pour les filles sont les principales activités futures de l'association. En conclusion, je dirais qu'après avoir connu les 35 jeunes filles des régions, «Méditerravenir» poursuivra son chemin d'association qui encourage le dialogue Sud -Nord dans un contexte où le dialogue est plus qu'une urgence.