Nos piétons sont devenus tellement téméraires qu'ils se sont habitués à braver les risques, un problème qui se traduit en termes d'accidents parfois mortels et qui ne semble pas près d'être résolu. Anarchie totale. Voilà comment l'on pourrait qualifier le comportement du piéton usager de la chaussée en Tunisie. Un problème qui se traduit en termes d'accidents parfois mortels et qui ne semble pas près d'être résolu. Aucune mesure sérieuse n'est en effet prise pour endiguer ce fléau qui, l'année dernière, a coûté la vie à 395 personnes et causé des blessures de différentes gravités à 2.847 autres. Soit près de 15% des tués sur nos routes et 13,3% des blessés. Des chiffres en hausse par rapport à 2015, année au cours de laquelle l'on a enregistré 364 morts et 2.484 blessés. Ce qui est déjà énorme lorsque l'on sait qu'il est possible de réduire au minimum ces statistiques macabres en limitant les risques d'une manière substantielle, en renforçant le contrôle et l'éducation. Car comment espérer arrêter cette hémorragie lorsqu'un simple constat révèle que nos piétons font preuve d'une inconscience flagrante quant à l'utilisation de la chaussée ? Ils y circulent le plus tranquillement du monde, souvent le dos tourné aux voitures, la traversent quand ils le veulent et où ils le veulent, parfois même sans prendre la peine de jeter un coup d'œil sur la circulation, placent leurs rejetons du côté du passage des voitures, traversent des places d'une façon diamétrale qui les place au milieu des voitures, portent des habits sombres la nuit, etc.? Nos piétons sont devenus tellement téméraires qu'ils se sont habitués à braver les risques, et, chose curieuse, à s'en prendre aux automobilistes chaque fois que ces derniers les invitent à faire attention par de brefs et petits coups de klaxon. Même lorsque leur feu est au rouge et que les voitures passent, nos piétons s'aventurent au milieu de la chaussée le plus tranquillement du monde. Il y a de quoi, puisque d'un autre côté nos trottoirs sont généralement délabrés ou occupés, le plus souvent d'une manière illégale, les passages piétons absents, les signaux lumineux, quand ils existent, parfois défectueux, nos automobilistes roulent à tombeau ouvert, etc. Puisqu'aussi le contrôle et les sanctions sont absents, ce qui rend l'effort de communication infructueux. Pire, une fausse et pernicieuse croyance renforce leur arrogance. Pour une bonne majorité d'entre eux, les piétons jouissent de la priorité absolue de traverser la chaussée dès qu'ils se décident à le faire. Ce qui est archifaux comme déjà dit. Autant de facteurs liés aux piétons eux-mêmes mais aussi à l'environnement dans lequel ces derniers évoluent qui favorisent la survenue des accidents et qui, combinés, créent, entretiennent et renforcent le comportement anarchique de nos piétons. Nous avons plusieurs fois, sur ces mêmes colonnes et ailleurs, attiré l'attention sur ce problème épineux. Plusieurs voix se sont élevées pour arrêter ce massacre, des actions d'organismes officiels et de la société civile sont entreprises régulièrement dans ce sens. Rien ne semble faire évoluer les choses. Une intervention réfléchie et planifiée est donc devenue nécessaire et se doit d'impliquer l'application des sanctions prévues, lorsqu'il le faut. Une place et bien des menaces La Place du 14 Janvier 2011 à Tunis est un exemple qui illustre à merveille et résume tous les problèmes évoqués plus haut. Depuis son réaménagement il y a de cela plus d'une quinzaine d'années, elle offre un spectacle désolant du point de vue circulation et sécurité des piétons. Ces derniers sont livrés à eux-mêmes face au danger que la conjonction circulation automobile-circulation piétonne génère et participent ainsi à renforcer l'anarchie dont nous avons parlé, et ce, malgré la présence des agents qui parfois les empêchent de traverser. Mais ces derniers sont concentrés sur la régulation du flux d'automobiles et n'ont pas la possibilité de gérer toute cette foule qui envahit les chaussées. Un travail de canalisation du flux de piétons est d'abord à effectuer en utilisant des garde-fous de façon à empêcher la traversée anarchique des artères et d'obliger les passants à emprunter les passages qui leur sont réservés, et de là à ne plus se retrouver au milieu des intersections. Equipements à placer également dans toutes les grandes places et artères de nos villes et auxquels doit s'ajouter le contrôle par les agents, avec pénalisation des contrevenants. Reste alors les routes, là il faudrait également concevoir et mettre en œuvre des programmes de prévention bien ciblés.