Pour pallier l'insuffisance du métier de « chef de produit », un nouveau BTS « chef de produit » sera bientôt lancé Lancé en 2014 en partenariat avec le gouvernement suisse qui a injecté 1,7 million de francs suisses dans sa phase une, le projet Com-Texha, qui prend sous son aile 38 entreprises du secteur textile et habillement, a, depuis, grandi et surtout réussi à réaliser une grande partie de ses promesses, dont la plus importante : améliorer la compétitivité de la chaîne de valeur (de la production à la vente). La première phase du projet (octobre 2014 - mars 2017) s'achève bientôt, et le bilan est plutôt satisfaisant. 38 entreprises, dont 10 se trouvant dans les régions, ont ainsi pu voir plus grand et amorcer des changements dans leur manière d'aborder le marché international. « Nous avons voulu aider ces entreprises à croire en elles et à comprendre qu'au prix du respect de certaines normes et de certaines transformations, elles pouvaient prétendre à la diversification d'abord de leurs sources d'approvisionnement, mais également à la diversification de leurs marché », nous explique Naceur Bouyahia, responsable national du projet Com-Texha, financé par le secrétariat d'Etat à l'Economie suisse et exécuté par le Centre du commerce international (ITC), Agence technique des Nations unies et de l'Organisation mondiale du commerce en partenariat avec le ministère de l'Industrie et du Commerce (point focal de l'ITC) ainsi qu'un ensemble d'institutions professionnelles à l'instar de la Fenatex, Mfcpole, Cepex, Cettex... Voir ailleurs La mission de « sourcing » effectuée en Egypte s'inscrit justement dans cette perspective. Proche de la Tunisie, l'Egypte offre un rapport qualité-prix intéressant pour les acheteurs tunisiens. Plusieurs entreprises participant au programme ont ainsi été séduites par l'offre et ont même passé plusieurs commandes. Autre expérience inédite initiée par les acteurs du secteur avec l'appui du projet Com-Texha : un consortium d'achat baptisé «Tunisian Textile Consortium » (TTC) a vu le jour il y a quelques mois. Pour la première fois dans le secteur textile, quatre entreprises tunisiennes concurrentes spécialisées dans la lingerie, corsetterie et maillot de bain ont ainsi décidé de faire équipe pour mettre en place une alliance stratégique visant à améliorer les performances en sourcing. Depuis, les entreprises membres ont pu se mettre d'accord sur les premiers besoins en produits consommables afin de lancer le premier achat groupé du consortium. Selon Makram Boughattas, consultant technique du consortium, un premier appel d'offres pour les fournisseurs locaux a été lancé. « Ce processus a été couronné par des négociations avec les fournisseurs qui nous ont permis d'atteindre un premier résultat très satisfaisant : un gain sur les prix d'achat allant jusqu'à 10%, dit-il fièrement. Je me suis déjà lancé dans l'étape suivante consistant à l'élargissement de la gamme des produits achetés et un ensemble de recommandations a été préparé pour être transmis aux membres du consortium ». Tout récemment, les entreprises spécialisées dans la lingerie ont participé au Salon international de la lingerie (SIL) à Paris. Un produit a particulièrement retenu l'attention des visiteurs : de très jolis maillots de bain féminins inspirés du fameux pull « Fadhila » ont été exposés Dans le secteur, et c'est justement ce qui ressort du diagnostic effectué auprès des opérateurs textiles, c'est que celles-ci se contentent trop souvent d'exécuter les commandes du donneur d'ordre sans aucune valeur ajoutée. Ce qui manquait aux entreprises tunisiennes, c'est la capacité d'innover. En somme, nous manquons de designers et de modélistes. Développement d'une licence universitaire et d'un BTS A ce titre et en collaboration avec l'Institut des métiers de la mode de Monastir (IS3M) sous la tutelle de l'Université de Monastir, une licence co-construite en modélisme de « lingerie corsetterie balnéaire » verra le jour, septembre (début des cours). Il s'agit en fait de tenter d'adapter l'offre de l'IS3M en matière de modélisme aux besoins des industriels. « Ce qui est intéressant, c'est que des entreprises se sont d'ores et déjà engagées à embaucher les premiers diplômés de cette licence, explique Naceur Bouyahia, responsable national du projet Com-Texha. Il faut dire que ces entreprises ont besoin de ces nouvelles compétences ». C'est la Chambre syndicale des fabricants de lingerie (sous tutelle de la Fenatex : Fédération nationale du textile) qui en a exprimé le souhait, suite à une demande des industriels qui souhaitent bénéficier de spécialistes en modélisme de lingerie. Les futurs modélistes dans le domaine poursuivront leur cursus à l'Institut supérieur des métiers de la mode de Monastir. Autre projet émanant des besoins des entreprises de textile et exprimés à l'occasion d'une étude faite par le projet Com-Texha, figure l'idée d'un programme de formation des formateurs pour pallier le manque de « chef de produit ». Un métier qui nécessite une maîtrise totale du produit, depuis sa conception, jusqu'à sa mise en vente. « En partenariat avec l'Agence tunisienne de formation professionnelle et le Centre national de formation des formateurs et d'ingénierie de formation, l'objectif est de former et perfectionner les formateurs des centres sectoriels de formation en habillement qui auront la charge de former les futurs apprenants « chefs de produit », précise encore Bouyahia. Pour couronner l'initiative, il a été décidé, en coopération avec le ministère de l'Industrie et du Commerce et le ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de lancer un nouveau BTS « chef de produit ». Selon ses initiateurs, ce BTS devrait non seulement permettre aux entreprises du secteur «textile et habillement» de monter en gamme mais également de créer des emplois.