Déjà, on s'attend à ce que tout soit fin prêt, d'ici à la fin du mois de mai, pour le parachèvement des nouveaux programmes de l'école préparatoire jusqu'aux classes terminales du secondaire. Des experts ont travaillé sur le projet pour aboutir à un ensemble de propositions qui seront expérimentées. Un appel d'offres pour l'élaboration des manuels scolaires sera lancé prochainement. La phase expérimentale permettra de dresser un premier diagnostic et d'introduire, s'il le faut, les correctifs et les ajustements nécessaires. Semaine de cinq jours et séance unique Le ministère de l'Education procèdera de façon progressive avant de commencer à appliquer les nouveaux pro grammes. D'ores et déjà, on a programmé des allègements notoires au niveau des programmes des écoles primaires et des collèges. C'est ce qui entraînerait l'introduction de la semaine de 5 jours, selon le ministre de l'Education avec moins d'heures de cours. Toutefois, il ne faut pas compter sur la généralisation de cette semaine dans toutes les régions ou dans tous les établissements. Le handicap de l'infrastructure demeure essentiel. Il est impossible, par exemple, d'appliquer la séance unique partout. Le manque d'espace et l'encombrement des effectifs sont autant d'obstacles. Il y aurait, selon Néji Jalloul, ministre de l'Education, «70 % des écoles primaires doivent être de nouveau reconstruites» , vu le délabrement avancé dans lequel elles se trouvent et l'infrastructure qui ne répond plus aux exigences. Cela n'empêchera pas certains établissements de mettre en œuvre la séance unique si les conditions sont réunies. De telles mesures ne seront possibles et généralisables qu'avec le réaménagement attendu du temps scolaire. Actuellement, on considère que la Tunisie a le taux le plus faible de journées scolarisables et le nombre d'heures le plus élevé. Aussi, depuis le démarrage, pour la première fois depuis cette année, du système semestriel, on a constaté des changements. Il est vrai qu'au bout de 5 semaines, la fatigue et l'absentéisme augmentent chez les enseignants, et les élèves deviennent plus agressifs . On pense, officiellement, que ce système serait le plus adapté au rythme et au climat de notre pays. D'ailleurs, il paraît qu'avec ce nouveau rythme scolaire, on a enregistré une baisse de moitié du phénomène de l'absentéisme et de la violence. Des options pour un rythme de 5, 6 ou 7 semaines de cours sont à l'étude. La voie reste ouverte devant l'une ou l'autre. Pour le moment, il a été décidé de retenir l'option de 5 semaines. Mais on pourrait aller jusqu'à 6 ou 7 semaines de cours avant chaque pause. En tout cas, ce qui est sûr pour la prochaine année scolaire, c'est le retour aux grandes vacances d'hiver. Déjà, la période est claire : ce serait au cours de la deuxième quinzaine du mois de décembre 2017. C'est ce qui permettrait de la faire coïncider avec les vacances de l'enseignement supérieur. Réajustement des coefficients L'autre grande orientation concerne les programmes au niveau du bac. Dans ce contexte, on peut noter que l'évaluation se fait par le moyen d'un examen qui s'étale sur le temps (presque un mois). Il faut rappeler ces épreuves pratiques ou d'éducation physique qui commencent avant les épreuves écrites finales. C'est dans cette optique que l'on travaille sur l'allègement des programmes à ce niveau. De telles décisions ne pour ront être adoptées que si la réforme est acceptée officiellement. Toujours est-il qu'au niveau des collèges, il y aura des aménagements des coefficients. Ceux-ci seront rapprochés de façon à ce qu'il n'y ait plus d'écarts flagrants entre les matières dites «nobles» et les matières jugées « moins importantes ». Un débat technique devrait être engagé pour étudier la portée d'une telle mesure avant de la mettre en application. Car c'est une question très délicate qui pénalise les élèves. Il en sera de même pour le cycle secondaire, mais dans une étape ultérieure. Enseignement de l'anglais à partir de la quatrième année primaire Un autre débat pourrait être d'actualité au sujet du statut des langues étrangères dans l'enseignement. Selon la Constitution, c'est la langue arabe qui est considérée comme la langue «mère». Or, le recours à d'autres langues est primordial pour l'appren tissage des sciences et des techniques. Pour certains, il y a une opposition à ce que d'autres langues «détrônent» l'arabe. Que faire alors ? Des générations entières ont besoin d'une réponse qui tranche et qui définit clairement la place des langues étrangères dans notre système éducatif. Malgré tout, on note que le ministère a suivi, jusqu'ici, une politique d'ouverture sur son environnement international. C'est ce qui gêne de nombreuses parties. La langue française est enseignée depuis l'école primaire. L'anglais a été introduit, uniquement, au niveau de la «sixième». Le ministère mise, toutefois, sur l'importance de cette langue. On le voit, aujourd'hui, chez les diplômés du supérieur qui échouent à trouver un emploi en raison de leur faible maîtrise des langues, comme le français ou l'anglais. Aussi, le ministère a-t-il décidé de programmer, à partir de la saison scolaire prochaine, l'enseignement de l'anglais en quatrième année primaire. Le classement de notre pays dans les enquêtes Pisa a montré les limites de notre système. Nos experts ne vont plus compter sur l'évaluation d'une seule intelligence (actuellement les maths), mais sur 8 intelligences en tout. C'est proposé dans le cadre de la réforme. Il faudra, par ailleurs, noter que pour cette année, il y aura une épreuve unifiée pour la «sixième» qui permettra d'évaluer l'école tunisienne. Pour le Diplôme de fin d'études de l'enseignement de base (DFEEB), ce sera un avant-goût pour la neuvième obligatoire au cours de 20172018. On ne peut en faire un brevet classique d'orientation avant que la loi ne passe. Dans la réforme, on prévoit 50% d'élèves qui iront vers l'enseignement professionnel, et 50% vers l'enseignement classique. Cette année sera une année transitoire, pour évaluer les résultats et prévoir le nombre de places à pourvoir dans l'enseignement professionnel.